Le Chef de l’Etat camerounais a prononcé son discours devant l’Assemblée générale des Nations unies en l’absence du président français Emmanuel Macron et du président américain Donald Trump qui ont quitté le siège de l’ONU.
C’est un exercice qui entre dans le cadre du traditionnel débat général, qui commencé depuis le mardi 19 septembre dernier. Une cinquantaine d’orateurs, Chefs d’Etat ou de gouvernement, s’etaient déjà succédés à la Tribune des Nations unies pour déclarer la lecture que font leur pay respectif de la marche du monde.
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Le discours intégral de Paul Biya ce 22 septembre
- Monsieur le President,
- Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement,
- Monsieur Ie Secretaire General de i’ONU,
- Mesdames et Messieurs ies Chefs de delegations,
Je voudrais, Monsieur Ie President, vous fellclter pour votre accession a la presldence de la presente session de I’Assemblee Generale de TONU. Votre grande experience vous permettra, j’en suls sur, de conduire avec plein succes nos deliberations. Soyez assure.de Tentlere cooperation de ma delegation.
A I’Ambassadeur Peter THOMPSON, votre predecesseur et maitre d’ceuvre de I’agenda 2030 du developpement durable, je tiens a presenter mes felicitations pour son bllan digne d’eloges.
Enfin, je voudrals renouveler mes chaleureuses felicitations a .M. Antonio GUTERRES, pour son election unanlme au poste de Secretaire General de notre Organisation.
Vous pouvez. Monsieur, le Secretaire General, compter sur Tappul constant du Cameroun dans I’exerclce de vos hautes et dellcates functions.
- Mesdames, Messieurs,
La presente session se tient dans un contexte International ou de nombreux foyers de tenslo,n persistent dans le monde, ou le terrorlsme continue de faire des mllllers de victlmes, ou I’actlvlte humalne provoque des perturbations cllrtiatlques, ou la pauvrete est loin de reculer. Mais c’est aussi une perlode ou des efforts louables sont consacres a la mise en oeuvre du Programme de Developpement Durable qui vise a I’epanoulssement de I’Etre Humain afin que nul ne solt lalsse pour compte. C’est dire toute la pertinence du theme soumis a notre reflexion, a savoir (je cite) « priorite a I’etrehumain : pafx et vie decente pour teas sur une planete preservee ». ^ Nos debats et surtout nos conclusions constltueront un test de notre fidellte a I’Ideal des peuples des Nations Unies. Ceux-cl, nous dit le preambule de la Charte, se sont declares resolus a preserver Ies generations futures du fleau de la guerre, a favorlser le progres social et a Instaurer de mellleures conditions de vie pour tous Ies peuples.
- Monsieur le President
Pour le Cameroun, comme pour la plupart de nos Etats, la palx est la condition sine qua nan de la survie de Lhumanlte et de tout developpement durable. Cette palx demeure dangereusement menacee, notamment par le terrorlsme, Ies confllts, la pauvrete et Ies dereglements cllmatlques. Aujourd’hul nous sommes tous, je dirals, « mendlants de la palx ». Et ces menaces perslstantes nous Interpellent tous au plus haut niveau.
- Monsieur le President,
Aucun continent, aucun pays n’est epargne aujourd’hui par le fleau du terrorisme dont ie nnartyrologe rythme helas le quotldien de nos vies. Quelques exemples :
– aout 2017, attentats de Barcelone et de Ouagadougou ;
– julllet 2016, attentat de Bagdad : 292 morts ;
– octobre 2015, crash d’un Airbus russe dans le SInai : 224 morts ;
– mars 2015, attaque des mosquees de Sana : 142 morts ;
– novembre 2015 attentats de Paris et Saint Denis : 130 morts… Maidugurl, Koiofata, Fotokol…
Que de morts sans nom, sans visage… Le nombre des victlmes de la secte terrorlste Boko-Haram dans le bassin du Lac Tchad est estlme a 2000. Le Cameroun et les pays volslns font face a cette secte qui, chaque jour, renouvele ses methodes et tactlques. Nous appreclons le soutlen de nos partenalres dans le combat contre cette barbarle. La lutte contre Boko-Haram, cette secte djihadlste, appelle a une mobilisation generale accrue si nous voulons reellement en finir avec ce danger. II est mortel pour nos peuples, pour nos populations, pour notre Independance et notre democratle. II est mortel pour la palx. Nous attendons beaucoup, a cet egard, de la venue, dans la region du Lac Tchad, de la mission de haut niveau prescrlte par le Consell de Securlte au Secretaire General de rONU par sa resolution 2349. o Monsieur le President, Nous deplorons que les confllts perdurent en Afrlque, en Asle, en Amerlque latlne et au Moyen-Orlent. Ils engendrent douleurs et souffrances… Que de morts… Que de refugles et personnes deplacees… Que d’enfants errant sans tolt et a Tavenlr Incertain, voire brise… Le Cameroun, quI a accuellll et accuellle sur son sol des mllllers de refugles centrafrlcalns et nigerlans, volt comblen Ils se sentent blesses, martyrises et menaces dans leur existence. Alors moblllsons-nous, redonnons, dans nos polltlques, dans notre comportement et dans nos actions, priorlte a I’Etre Humaln.
- Mesdames, Messieurs,
Menacee par le terrorisme et autres confllts, la palx Lest aussi par la perslstance de la pauvfete. Le Consell de Securlte La fort opportunement rappele, la pauvrete est une menace grave. Comment des lors, comprendre que nous ayons pelne a lul llvrer un combat consequent. Les nombreuses declarations et resolutions, les differentes decennles des Nations Unles pour le developpement ainsi que les plans d’actlon et autres agendas adoptes par TONU, ne sortent pas tous leurs effets. Le resultat est la : la pauvrete persiste ; Tecart entre pays riches et pauvres ne cesse de se creuser. Cette situation est aggravee par la baisse des prix des matieres premieres. Mobilisons-nous, Monsieur le Pr^ident, dans un formidable elan de solidarite pour faire reculer la pauvrete. Accordons nos actes a nos paroles. Ce faisant, nous offrirons a nos populations des conditions d’une vie decente… Priorite a TEtre Humain I
- Monsieur le President,
Nous devons, pour les generations actuelles et futures, preserver notre planete. Nous saluons, a cet egard, TAccord de Paris sur le Climat que le Cameroun, je le rappelle, aura ete parmi les premiers pays a signer et a ratifier. Nous pouvons nous feliciter des mesures actuellement prises pour sa mise en oeuvre effective. C’est Toccasion pour nous de reiterer, avec force, le souhait legitime et unanime des pays en developpement. Ces pays qui polluent peu, comme nous le savons tous, meritent de beneficier de la part des pays riches, qui poliuent beaucoup, de moyens multiformes pour promouvoir efficacement, a leur niveau, les objectifs de TAccord de Paris. Pour TAfrique, deux urgences nous interpellent. D’abord la degradation continue des forets en Afrique Centrale. Sauvons le Bassin du Congo, le deuxieme poumon de la planete. II y a ensuite la desertification qui affecte le Lac Tchad en vole de disparition. Cet immense plan d’eau, indispensable a la vie des populations et a la biodiversite, a deja perdu 90 % de sa surface initiale. Sauvons le Lac Tchad. En agissant de la sorte, nous contribuons a la preservation de la planete pour le grand bien de I’Etre Humain.
- Monsieur le President,
La quete de la paix nous concerne tous. Tous les pays doivent oeuvrer pour son avenement. Alors n’est-il pas temps que la voix des pays pauvres, singulierement de I’Afrique, porte plus loin ? N’est-il pas temps, et grand temps, que le message de I’Afrique au Monde soit mieux pris en compte ? N’est-ll pas grand temps qu’une nouvelle architecture de notre Organisation permette, justement, a I’Afrique de mieux se faire entendre au sein d’une Assemblee Generale revitalisee, d’un Conseil de Securlte qui nous ouvre davantage et plus equitablement ses portes ? Un monde plus solidaire est la condition sine qua non de la paix sur terra.
- Monsieur ie President,
II me faut conclure.
Notre bien Ie plus precieux c’est la paix. Sans elle, nous ne pouvons rien entreprendre de durable, d’efficace au benefice de nos jeunes, de nos peuples. Le theme en debat vient opportunement nous rappeler Tengagement des peres fondateurs de TONU, a savoir : – preserver les generations futures des affres de la guerre ; – assurer a tous, grace a la cooperation, une existence decente, a Tabri du besoin. Le present debat nous invite a renouveler notre foi agissante aux ideaux et objectifs de rONU. Puissions-nous, ensemble, prendre, a bras le corps, la grande question de la paix et du developpement dans le monde. Le Cameroon, comme 11 I’a fait ici le 10 Septembre 2000, appelle a nouveau le Monde a s’unir dans une grande coalition en faveur de TEtre Humain replace au centre de nos politiques. Garantissons-lui la paix et une vie decente dans une planete preservee. Je vous remercie.
Monsieur ie President.-