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Fonction publique camerounaise : Tout savoir sur le suivi d’un dossier au Minfopra à l’ère de la digitalisation

Le ministère de la Fonction publique et de la Réforme administrative (MINFOPRA) du Cameroun est au cœur d’un vaste chantier de modernisation des services publics. Joseph Le, ministre en charge, a dévoilé lors de la 27e Journée africaine de la Fonction publique en juin 2022, les grandes lignes d’une plateforme numérique centrale qui regroupera les services de l’administration publique. Ce projet ambitieux vise à remédier à la lenteur administrative souvent pointée du doigt, tout en rapprochant les usagers de l’administration grâce aux technologies modernes. Cette initiative ambitionne de mettre un terme aux lenteurs de traitement des dossiers longtemps décriées.

Minfopra Camer

Les innovations engagées par Joseph Le reposent sur la création d’un portail numérique qui centralisera tous les services offerts par les administrations publiques. Ce projet, discuté avec près de soixante administrations publiques, devrait voir le jour à court terme. Le ministre l’a décrit comme une réponse à l’impératif de modernisation de la prestation de services, notamment après les perturbations causées par la pandémie de Covid-19.

« Nous avons entrepris de dématérialiser plusieurs services pour éviter les déplacements des usagers vers Yaoundé, avec tous les risques et les dépenses que cela implique », a déclaré Joseph Le. Ainsi, la procédure d’inscription aux concours administratifs se fait désormais en ligne, de même que la certification des actes administratifs et la consultation des dossiers des agents publics via un portail dédié.

Réaction aux critiques : la gestion des dossiers en ligne

Les lenteurs administratives, souvent décriées par les usagers, ont particulièrement retenu l’attention de l’opinion publique en octobre 2023. Baa-Yan-Mbe Haïwe, un agent contractuel d’administration, a publié une lettre ouverte dénonçant la longue durée de traitement de son dossier disciplinaire. En réponse, le MINFOPRA a précisé que l’intéressé s’était rendu coupable d’absence irrégulière, justifiant ainsi le retard dans la gestion de son dossier.

Ce cas a remis au goût du jour une problématique générale : la lenteur dans le traitement des dossiers, un fléau que le ministre Joseph Le a fermement décidé de combattre. « Dès qu’il sera avéré qu’un dossier est resté 30 jours chez un responsable chargé de le traiter, ledit responsable écopera d’une sanction très sévère, allant jusqu’à la suspension de trois mois, avec effets financiers », a affirmé le ministre lors d’une allocution en 2023. Ce ton ferme vise à garantir une accélération du traitement des dossiers au sein du ministère, notamment à la direction de la gestion des carrières, souvent pointée du doigt par les usagers.

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La 4e révolution industrielle : une transformation structurelle

Lors de la conférence de 2022, Joseph Le a évoqué l’impact de la 4e révolution industrielle sur les services publics camerounais. Selon lui, les nouvelles technologies, comme la biométrie et l’intelligence artificielle, permettront d’automatiser et d’accélérer le traitement des dossiers des fonctionnaires. Parmi les innovations envisagées, on retrouve l’utilisation de bornes biométriques pour contrôler la présence des agents publics, ce qui, à terme, influencera directement le calcul des salaires en fonction de l’assiduité.

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Ces réformes ne se limitent pas à la modernisation technologique. Le ministre a souligné l’importance de la formation continue des fonctionnaires, afin qu’ils puissent accompagner cette transformation digitale. Le Pr Nadine Ngameni Machikou, intervenant lors de la même conférence, a insisté sur le besoin de déconcentrer les infrastructures numériques dans les régions. « Il est impératif que les ressources humaines du gouvernement soient mieux formées pour accompagner cette transition numérique », a-t-elle souligné.

Un avenir numérique et des défis persistants

Le projet de transformation numérique du MINFOPRA ne se limite pas aux services de gestion des carrières. Il inclut également une plateforme d’authentification des diplômes et des épreuves administratives, un centre d’appel gratuit (1522) pour les préoccupations des usagers, ainsi que l’extension du Système Intégré de Gestion Informatisée du Personnel de l’État et de la Solde (SIGIPES) aux dix régions du pays. Cette interconnexion permet désormais d’accéder au fichier central des archives numérisées. Toute chose qui permet de faciliter la gestion des actes administratifs.

Cependant, malgré ces avancées, des défis restent à relever. Le ministre Joseph Le a reconnu que les services centraux, basés à Yaoundé, sont souvent débordés, ce qui entraîne des retards dans le traitement des dossiers. L’une des solutions envisagées pour pallier cette congestion est la mise en œuvre d’un système de télétravail pour certains fonctionnaires, qui devrait contribuer à réduire la surcharge des services centraux.

En parallèle, le ministère met en place des systèmes d’archivage numérique pour garantir la sécurité et la pérennité des documents administratifs, avec une authentification des actes de carrière en ligne. « À travers ces réformes, nous espérons que les délais de traitement seront raccourcis de manière significative », a déclaré Joseph Le.

Le cas des enseignants 

Les enseignants camerounais peuvent désormais souffler un peu. Face aux lenteurs administratives qui freinaient bien souvent leur évolution professionnelle, un nouveau guichet unique a vu le jour au sein de la Fonction Publique en 2023 selon Cameroon Tribune. Ce dispositif, dédié spécifiquement au traitement des dossiers des enseignants du primaire et du secondaire, marque un tournant dans la gestion des carrières de ces acteurs clés de l’éducation.

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Né d’un dialogue constructif entre les services du Premier ministre, les syndicats d’enseignants et les enseignants eux-mêmes, ce guichet répond à une demande forte exprimée depuis de nombreuses années. En centralisant toutes les démarches administratives liées à la carrière des enseignants, il vise à simplifier les procédures, à réduire les délais de traitement et à offrir un service plus personnalisé.

Les enseignants peuvent ainsi voir leurs demandes de mutation, d’avancement de grade ou de retraite traitées plus rapidement et de manière plus efficace. Fini les allers-retours entre différents services, les enseignants ont désormais un interlocuteur unique pour suivre l’évolution de leur dossier. Cette nouvelle organisation a non seulement amélioré  la qualité de vie professionnelle des enseignants, mais également renforcer leur motivation et leur engagement.

Des dossiers traités plus rapidement ?

Le ministère de la Fonction publique et de la Réforme administrative avait annoncé un résultat remarquable issu de la 12e série des Initiatives à résultats rapides (IRR). Lancée en juin 2020, cette opération avait pour objectif ambitieux de traiter 10 000 dossiers d’intégration des instituteurs contractuels en seulement 100 jours. Les chiffres sont éloquents : ce sont finalement plus de 26 000 dossiers qui ont été traités avec succès. Cette performance inédite témoigne de la mobilisation exceptionnelle des services du ministère et de la détermination à améliorer les conditions de travail des enseignants.

En s’attaquant à l’épineux problème des dossiers en attente, le gouvernement veut  démontrer son engagement à améliorer la situation des enseignants contractuels. Cependant, des problèmes persistent. Nombreux sont les fonctionnaires et agents de l’Etat qui attendent depuis belle lurette, l’avancement de leurs dossiers.


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