Le Conseil exécutif de l’Organisation internationale du cacao (ICCO) se tient cette semaine, dès ce lundi 23 jusqu’à jeudi le 26 septembre 2024 à Abidjan en Côte d’Ivoire dans le cadre de sa 110e session. Un rendez-vous très attendu par le Cameroun qui doit être entériné à la présidence de cette organisation intergouvernementale composée de 51 pays membres, dont des exportateurs et des importateurs de cacao, pour la campagne 2024-2025. Une décision prise à l’unanimité le 20 septembre dernier par les pays producteurs de cacao, selon un communiqué du ministère camerounais, en charge du commerce. Une désignation qui dégage les bonnes saveurs de la fève camerounaise.
L’orfèvre de la bonne fève
En effet, pour le Gouvernement, « à travers cette distinction prestigieuse, les efforts inlassables fournis par le Cameroun pour valoriser le travail des producteurs, et leur juste rémunération se trouvent reconnus par les acteurs de cette filière à l’échelle internationale », souligne le communiqué du Mincommerce. Un avis largement partagé par des experts.
« Sur le septennat 2016-2023, le Cameroun a institué une campagne de généralisation de la production du cacao de qualité. On vous dit que pour ce qui est de la campagne 2023 – 2024, le Cameroun a exporté plus de 266 000 tonnes de cacao avec entre 80 à 90% de ce cacao qui était de grade 1, c’est-à-dire un cacao de très grande qualité, très recherché sur le marché international. Contrairement à ce qui se passe dans d’autres pays producteurs, la généralisation de la production du cacao de grade 1 est déjà intégrée au Cameroun. C’est devenu une pratique courante chez les producteurs », explique le Dr Jean Marie Biada. Pour l’expert en questions économiques, les efforts du Cameroun ne limitent pas seulement au niveau de la production du cacao de qualité.
« Le pays fait en même temps les efforts pour que les fèves proposées sur le marché soient de bonne qualité. Par exemple, le Cameroun s’est arrangé à sensibiliser et à encourager ses producteurs à adopter les méthodes de séchage assez modernes qui ne laissent pas entrer beaucoup d’impuretés dans le produit fini, c’est-à-dire la fève qui est proposée sur le marché. Par le passé, les gens avaient tendance à sécher le cacao en bordure des routes nationales. Or il s’avère que quand on sèche à ce niveau c’est pour chercher la chaleur qui est dégagée par le goudron, malheureusement ce goudron contient des substances carbonées comme le pétrole. Séchée dans ces conditions, la fève va dégager un arrière-gout de carburant ou de pétrole brute. Et ça dégradait la qualité du produit Camerounais », ajoute-t-il.
Une dernière raison qui aurait justifié le choix du Cameroun à la présidence de l’ICCO pour la campagne 2024-2025 selon notre expert, serait la particularité de la fève camerounaise. « Il est établi, affirme-t-il, que les fèves qui viennent du Cameroun sont assez grosses. Or une grosse fève c’est beaucoup de matières grasses, notamment le beurre et le poudre ». Porté à la tête de l’ICCO, le Cameroun se voit encouragé à continuer à déverser sur le marché, les fèves de qualité.
Les enjeux
En tant que président de l’ICCO pour la campagne 2024-2025, le Cameroun va diriger les discussions et les décisions concernant le cacao dans le monde entier pendant cette période. Seulement devra bien capitaliser les prérogatives de cette prestigieuse place dans le monde du Cacao, prévient Louis Christian Lemanga, Economiste. Selo lui, il est question de voir comment présenter davantage une meilleure image au Cacao camerounais, trouver de nouveaux débouchés au niveau des consommateurs.
Par ailleurs, « l’enjeu fondamental souligne notre expert, ce serait la transformation du cacao dans les pays producteurs. Il n’est pas normal qu’au 21e siècle les pays producteurs continuent d’exporter les fèves de cacao. Il serait bien, nous pensons, pour augmenter la chaine de valeur et la valeur ajoutée que ces pays puissent commencer une première transformation locale, pour pouvoir davantage bénéficier de cette stratégie. Nous pensons qu’avec l’arrivée du Cameroun à la tête de l’OICC, l’institution va œuvrer dans ce sens et présenter davantage le cacao camerounais qui pourra donc ainsi voir sa demande augmenter sur le marché international et générer davantage de ressources ».