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Modzom n’était pas là, « les lois actuelles sur la liberté de la presse c’est Njawe, Tchounkeu et moi Zebaze » !

Interrogé par un internaute, Benjamin Zebaze, directeur du journal Ouest-Littoral, a apporté une réponse aux propos de François Marc Modzom qui avait remis en question le statut de journaliste de Séverin Tchounkeu. Prenant à contre-pied le directeur de l’Esstic, Zebaze a cité Tchounkeu parmi les précurseurs des textes qui régulent actuellement le métier du journalisme au Cameroun.

Un passage de Benjamin Zebaze à ABK Radio - DR
Illustration : Un passage de Benjamin Zebaze à ABK Radio - DR

Lire ici sa sortie :

JE RÉPONDS A UN INTERNAUTE QUI M’INTERPELLE SUITE A L’AFFAIRE MODZOM

Il écrit :

« Et pan ! C’est Njawé, Tchounkeu et Zebabe qui ont inventé la liberté de la presse au Kamerun…la fameuse « sainte Trinité » des années 90. Mongo Beti, Moukoko Priso (La Voix du Kamerun, Kamerun Nouveau…) sont imperturbables dans leurs tombes n’est-ce pas monsieur l’imposteur Zebabe ? »

Je réponds

Voici résumé ce que j’ai écrit: les lois actuelles sur la liberté de la presse, c’est un peu Njawe,  Tchounkeu, moi et quelques confrères. Je persiste et signe en vous donnant quelques éléments :

1- Lorsque nous rejoignons les Njawe, Abodel, Benyimbe… dans la presse, la loi oblige les patrons à soumettre les textes à la censure préalable au ministère de l’Administration Territoriale.

Je suis le premier à me révolter en refusant de passer devant ses fonctionnaires.  Tous les autres patrons de presse vont suivre.

2- Seule la Sopecam (Cameroon Tribune) avait les machines pouvant imprimer les journaux:

Pius Njawe convoque tous les patrons de presse afin de mutualiser nos efforts dans l’objectif de créer une imprimerie concurrente à elle, puisque sans censure préalable, cette imprimerie refuse désormais d’imprimer nos journaux.

Je trouve le processus lent: je pousse pratiquement ma famille à la faillite afin de mettre cette imprimerie en place, en achetant tout seul le matériel nécessaire.

3- En attendant l’arrivée et la mise en service de ce matériel lourd, Pius  Njawe, Tchounkeu et moi nous réunissons: comment faire pour ne pas accepter la défaite devant un tel pouvoir liberticide ?

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Nous décidons d’aller clandestinement imprimer nos journaux au Nigeria.  C’est mon fidèle ami Pierre-Marie Pone  (Ponus) qui conduira une petite équipe au Nigeria pour les imprimer et les ramener dans plusieurs petites pirogues.

Le gouvernement est stupéfait de constater que nous continuons à paraître régulièrement malgré tout, en violation des lois.

4- Je lance la construction de l’imprimerie: Pius, Séverin passent tous les jours pour contrôler l’avancée des travaux.

Enfin, nous devenons indépendants de l’État en matière d’impression des journaux. Toute la presse libre du Cameroun, du Tchad, du Gabon, de la Centrafrique et même du Zaïre y trouvera refuge. Quelques mois plus tard, la Sopecam/Cameroon Tribune, qui a perdu un immense marché, arrête pendant quelques temps, la parution de son journal.

C’est autour des activités de cette imprimerie que l’ex Premier ministre zairois Étienne Tshisekedi, le père de l’actuel Président du Congo Démocratique, a tenu à nous rencontrer de passage à Douala.

5- Le pouvoir réagit violemment en envoyant l’armée, puis la gendarmerie et enfin la police « spéciale » fermer l’imprimerie.

Suite aux menaces de l’Ambassadrice des USA, les forces de l’ordre n’entrent pas dans l’imprimerie mais l’encercle pendant des années.

Mais les journaux continuent de paraître car, nous avons créé un passage secret derrière l’usine entre les maisons voisines.

6- Mais la situation n’est pas simple. Pius organise une réunion entre lui, Séverin et moi. Il propose d’aller rencontrer les autorités pour trouver un accord.

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Il propose son idée à tous les patrons de presse de l’époque, notamment l’intrépide Michaut Moussala. Nous nous rendons à Yaoundé où pendant plusieurs jours, nous rencontrons tous les principaux Ambassadeurs sauf le français qui refuse de nous recevoir; le président de la Cour Suprême Dipanda Mouelle, tous les principaux ministres.

Je me souviens de notre rencontre avec le ministre chargé des relations avec le parlement,  l’ami personnel de Paul Biya: celui qui deviendra le Sultan Njoya  nous a reçu chaleureusement et nous a dit qu’il rencontrera dès le week-end, le président de la République pour mettre fin à cette censure: qu’il était temps de passer à autre chose.

7- Partout, notre message était simple:

– Nous ne voulons plus de censure administrative;

– Dans le pire des cas, nous préférons la saisine de la justice en cas de problème

– Nous souhaitons la liberté de créer des médias dont les radios et télévisions.

C’est ce que nous avons obtenu. Mon contradicteur cite Mongo Beti; mais il était des nôtres; quand à Moukoko Priso, laissons son corps reposer en paix.

NB : Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement la position éditoriale de Lebledparle.com.

 


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