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Coupures d’énergie électrique : Les vraies raisons, selon le Pr Albert Mbida

Alors que les délestages sévissent depuis quelques temps autant dans les villes que dans les campagnes, l’universitaire et Sénateur honoraire, Albert Mbida dévoile les résultats de son enquête menée à EDC , Sonatrel, Eneo et GLOBELEQ.

Pr Albert Mbida
Illustration : le Pr Albert Mbida sur un plateau de Vision 4 - DR

Les vraies raisons de l’Energie électrique au Cameroun

PAR PROFESSEUR ALBERT MBIDA, UNIVERSITAIRE / SENATEUR HONORAIRE

Ce n’est un secret pour personne, les délestages sévissent. Les villes autant que les campagnes ne sont pas épargnées. A Yaoundé et à Douala, par exemple, des quartiers sont touchés pour des périodes allant parfois au-delà d’une journée. Les Camerounais se posent des questions, d’autant plus qu’avec le barrage de Nachtigal (420 mw), même s’il ne tourne pas encore à plein régime, l’on a promis une réduction des délestages. Comment se fait-il donc, alors que le cinquième groupe dudit barrage est censé être entré en scène, que les coupures se multiplient ainsi ? Est-ce parce que le réseau de transport de l’électricité n’est pas optimal que l’on fait face à ces délestages ? Ou alors, le problème se trouve-t-il ailleurs ?

A la réalité, le manque d’énergie électrique est lié à une combinaison de facteurs multiformes, selon l’enquête que nous avons menée à EDC , à la Sonatrel, à Eneo et à GLOBELEQ.

Succession de déficits de production

D’abord, le Cameroun est victime de changements climatiques du fait d’une saison sèche qui a débuté plus tôt que prévue. Du coup, le barrage réservoir de Lompangar a reçu peu d’eau tout comme tous les autres barrages réservoir. Cette situation a entraîné une baisse de débit à Nachtigal, Songloulou et Edéa. La baisse de production avoisine 20%. Dans le même ordre d’idées, ailleurs l’étiage est extrêmement sévère à  Memve’ele où la production est passée de 211 à 35 MW en journée et environ 100 MW en soirée. Comme si cela ne suffit pas, Globeleq, entreprise britannique contrôlant tout de même plus de 300 MW de capacités installées au Cameroun, a arrêté la centrale à gaz de Kribi et celle à fuel de la Dibamba à cause du non-paiement de ses factures par Eneo. D’après des informations glanées, arriérés de paiement se situent au-dessus de 130 milliards.

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« Le déficit de production serait réduit si Globeleq n’avait pas maintenu hors service ses machines de Kribi, faisant que l’entrée en scène de Nachtigal ne règle pas le problème de l’équilibre entre l’offre et la demande », apprend-on. En effet, en raison du non-paiement de ses factures par le distributeur Eneo (environ 8 milliards de FCFA chaque mois), qui lui-même fait face à une accumulation des impayés de ses clients, dont l’État du Cameroun, Globeleq, producteur indépendant, a décidé d’arrêter ses centrales à gaz de Kribi (216 MW) et thermique de Dibamba (88 MW). Ce qui prive le secteur de l’électricité d’une bonne partie des capacités installées.

En réalité , sans les raisons liées au changement climatique, l’absence de Globeleq n’allait pas se ressentir en raison de la mise en service de plusieurs groupes du barrage hydroélectrique de Natchigal.

Le problème Eneo

C’est un secret de polichinelle, Eneo fait face à un certain nombre de difficultés. La dette à elle due par L’Etat se chiffre à environ 100 milliards de Fcfa. Or, l’Etat, qui dit faire face à des tensions de trésorerie, a proposé un mécanisme de compensation à ENEO qui ne veut pas en entendre parler. La compensation proposée repose sur le fait qu’ENEO doit plus de 180 milliards à Sonatrel,40 milliards à la SONARA et plus de 50 milliards de Fcfa à EDC. Indiquons qu’il s’agit là des chiffres de décembre 2024. Autrement dit, tout compte fait, la somme due à l’Etat par ENEO est largement supérieure à celle qu’elle réclame au gouvernement.

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La description ainsi faite des défis à relever sur les réseaux de transport et de distribution de l’électricité au Cameroun laisse entrevoir les difficultés du secteur de l’électricité à profiter, le moment venu, de la totalité des 420 MW attendus du barrage de Nachtigal au premier trimestre 2025. Pour preuve, en dépit de la disponibilité des 300 premiers MW de cette infrastructure appelée à augmenter de 30% d’un seul coup les capacités du pays, le Cameroun continue de faire face à des contraintes de production, en affichant notamment un déficit autour de 100 MW.


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