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Aboya Manassé Endong : « Le Dialogue national doit (re)fonder le Cameroun sur des bases solides »

Aboya Manasse Endong

Le dialogue national commencé le lundi 30 septembre 2019 se poursuit et va s’achever ce vendredi 4 octobre 2019. Manasse Aboya Endong, professeur titulaire de sciences politique, directeur exécutif du Groupe de recherches sur le parlementarisme et la démocratie en Afrique (GREPDA) a accordé une interview à nos confrères de Cameroun Tribune. Il s’est exprimé sur le déroulement de ces pourparlers et les écueils qui alimentent cette grande concertation. Lebledparle.com, vous propose l’intégralité de l’entretien.


Aboya Manasse Endong
Aboya Manassé Endong – DR

Professeur, quelle analyse faites-vous de la constitution des différentes commissions dans le cadre du Grand dialogue national ?

Le Grand dialogue national convoqué est techniquement encadré par huit commissions qui mettent en perspective, chacune dans un secteur ou un domaine précis, la question du « vivre ensemble » au Cameroun. Ces commissions sont ainsi constituées autour des thématiques essentielles qui structurent les débats ou les préoccupations sur le problème national camerounais.

A l’observation, la mise en place de ces commissions obéit à un souci de division du travail en matière de Dialogue national. Il s’agit précisément de passer en revue l’essentiel des grands axes thématiques qui structurent le Dialogue national en fonction des secteurs identifiés, comme étant susceptibles d’explorer rapidement l’éventualité d’un retour rapide à une paix durable au Cameroun.

Il est donc question de faire efficacement le tour des problèmes d’intégration nationale et du « vivre ensemble » qui se posent, en ciblant des personnalités susceptibles de les poser de façon claire pour que, in fine, se dégage un consensus sur la manière avec laquelle on peut arriver à leur apporter de bonnes solutions. De ce point de vue, l’animation de ces commissions pendant le Grand dialogue national a été confiée à des personnalités diverses pour en garantir la représentativité.

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Aussi, les commissions ainsi constituées sont-elles considérées comme des éléments de cadrage, voire des modules opérationnels du Dialogue. Une telle précaution permet d’éviter les dérapages qui pourraient biaiser l’issue du dialogue et adresser directement les problèmes quotidiens auxquels font face les camerounais d’ici et d’ailleurs, avec un point d’orgue sur la situation dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

Le profil varié des membres est-il un gage de crédibilité des résolutions qui y seront prises ?

Un Grand dialogue national, de l’envergure de celui qui se déroule actuellement au Cameroun, n’est possible que si les personnalités conviées sont, non seulement crédibles, mais aussi représentatives de toutes les sensibilités, au regard de la diversité et du caractère foncièrement pluriel et plural de la société camerounaise. La prise en compte de la diversité en matière d’identification des commissaires du Grand dialogue national est un gage de crédibilité et de légitimité de ce dialogue.

Il y transparaît une préoccupation naturelle d’asseoir la crédibilité des résolutions qui y seront prises, en misant sur la représentativité des commissaires pour garantir la légitimité du cadre du dialogue. C’est ce qui explique pourquoi on retrouve parmi les commissaires des membres du gouvernement, des, anciens-membres du gouvernement, des parlementaires, des élus locaux, des autorités traditionnelles, des membres de la société civile, des universitaires, des leaders d’opinion, des ministres du culte, des leaders de partis politiques, des jeunes, des syndicalistes, à travers un dosage des « ainés sociaux » et des « cadets sociaux », etc.

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Au regard des attentes par rapport à ce Grand dialogue national, quels conseils donneriez-vous aux responsables des différentes commissions ?

Le Grand dialogue national intervient à une période cruciale de la vie politique du Cameroun. Il intervient au cours d’un mandat que le président de la République a annoncé comme un tournant décisif pour l’histoire politique du Cameroun. Pour cela et pour de nombreuses autres raisons, il doit être mené avec beaucoup de sérieux, de sobriété et de responsabilité. Au-delà des divergences de points de vue, ce qui doit guider les uns et les autres, c’est l’intérêt supérieur de la nation.

Ce qui se joue dans ce Grand dialogue National est au-delà des particularismes ethno-régionaux, linguistiques, culturels, politiques, etc. Il s’agit incontestablement de l’avenir du Cameroun, et plus précisément de le (re)fonder sur des bases solides. Les responsables des différentes commissions en ont la responsabilité devant l’Histoire ; c’est un privilège certes, mais davantage une lourde responsabilité.

Qu’ils en prennent conscience et qu’ils soient à la hauteur des nombreuses attentes que les camerounaises et les camerounais d’ici et d’ailleurs fondent sur l’issue de ce moment décisif de l’histoire politique du Cameroun. En clair, qu’ils mettent donc toute leur énergie, toutes leurs compétences présumées et leur expertise supposée pour le rendre possible.

Source : Cameroon Tribune N° 11940/8139


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