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Achille Mbembe : « un satrape de 86 ans, au pouvoir depuis 37 ans, cherche à imposer une monarchie matrimoniale à un peuple lobotomisé »

Paul Biya message jeunesse 2019

Dans une publication sur sa page Facebook, le politologue et historien Achille Mbembé condamne ces gérontocrates et sicaires, qui ont perdu tout sens de sagesse et souillent leurs peuples. L’intellectuel ne s’arrête pas à la condamnation, il propose aussi des pistes de sortie des gérontocraties, des satrapies africaines et bien entendu des satrapes. LeBledparle.com, vous de lire cette chronique.


Paul Biya message jeunesse 2019
Paul Biya, discours à la jeunesse – capture photo

LE GOUVERNEMENT DES MOMIES: COMMENT SE SOIGNER DE SES VIEILLARDS ?

Il faut féliciter le peuple algérien. Ce réveil. Ce sursaut. Ce refus d’avaler sa fierté et sa dignité. De continuer à se prosterner devant une effigie, celle d’un esprit-chien, d’un esprit-porc mort il y a longtemps, mais transformé en poupée maléfique, en un hideux masque ossuaire dont se servent des sicaires pour violer tout un pays.

Le même masque hante tout le Continent à la manière d’un sort. Et c’est à se soigner de ses vieillards qu’est conviée l’Afrique à l’orée de ce siècle.

Il y a en effet très longtemps que la vieillesse a cessé d’etre un signe de sagesse dans ce continent.

Prenez le Cameroun où un satrape de 86 ans, au pouvoir depuis 37 ans, cherche à présent à imposer une monarchie matrimoniale à un peuple avachi et lobotomise, ou l’on ne compte plus le nombre de prisonniers politiques, de captifs et autres otages d’un régime désormais qualifié de ‘diabolique’, preuve heureusement qu’il y en a de plus en plus qui refusent de se laisser sodomiser.

C’est aussi le cas au Nigeria voisin ou deux vieillards s’étripent, dont un, Buhari, aura passé l’essentiel de son premier mandat sur un lit d’hôpital à Londres, la où l’autocrate camerounais, jouisseur, et sa jeune épouse encombrée de quincaillerie et de colifichets, préfèrent dilapider les maigres ressources de leur peuple dans un hôtel suisse. A Genève.

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Mais c’est aussi le cas au Tchad voisin ou un vieillard sanguinaire et brutal joue au tirailleur pour le compte de la France au Mali et ailleurs, laquelle en retour envoie ses avions de combat le protéger chaque fois qu’il est menacé par une rébellion, lorsqu’elle ne l’aide pas à décimer des communautés d’orpailleurs dans le but de récupérer des mines d’or qu’il se hâte de vendre à l’encan.

La plupart des vieillards qui violent nos pays n’aspirent plus qu’a devenir des brigands.

Même chose au Congo Brazzaville voisin ou un autre vieillard pervers a mis à genoux une petite principauté pétrolière qui aurait pu devenir le Qatar de l’Équateur. Que dire du Gabon ou un autre grabataire prétend gouverner à partir de son lit d’hôpital au Maroc où il est littéralement sous perfusion? Et de la Guinée Équatoriale? Et de l’Ouganda? Hier du Zimbabwe.

L’Afrique est infestée de vieillards-requins, de vieillards-pythons, de vieillards-empoisonneurs, pestilentiels, qui fauchent leurs peuples, de vieillards vampires et cannibales qui se nourrissent du sang de la jeunesse, répandent partout du venin, sèment la desolation et la ruine, et refusent de mourir seuls.

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La vieillesse est devenue l’un de nos problèmes politiques, philosophiques et culturels majeurs, notre grand drame a l’orée de ce siècle. Il s’agit évidemment de vieillards en tant qu’individus avec un nom, un corps et un visage.

Mais il s’agit également de la vieillesse en tant que structure de domination et habitus, la conjugaison de la gérontocratie et du patriarcat, la vieillesse en tant que grand problème de santé mentale et politique de nos sociétés à l’heure où la violence du monde ne cesse de s’intensifier.

Ce paradigme de la domination, mélange de brutalité, de phallocratie et de prédation perverse, fonctionne au virilisme. Il n’est pas seulement une affaire d’âge biologique. C’est un dispositif ou un assemblage qui fabrique à la pelle des cadets sociaux de tous genres, des femmes phallocrates tout comme des hommes émasculés et dévirilisés.

Si l’on veut s’en sortir, il faudra donc s’attaquer frontalement à ce complexe géronto-phallocratique. Il est devenu, en effet, l’une des grandes sources de nos misères.


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