Le président ivoirien Alassane Ouattara était l’invité de la Radio France internationale (RFI) au terme du 32e sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba, en Éthiopie.
Dans cet entretien accordé à RFI, le président Ouattara est revenu brièvement sur l’acquittement de son prédécesseur Laurent Gbagbo. Pour lui, il faut bien trouver de coupables des victimes de la crise de 2010 qui a causé 3000 morts, et que la justice soit rendue. « Quelqu’un doit bien être responsable de ces 3 000 morts. J’espère que la justice fera la lumière sur cela. C’est ce que les victimes demandent », a déclaré aux antennes de Rfi, le président ivoirien tout en appuyant ne pas avoir d’avis en ce qui concerne le caractère juste ou non du procès Gbagbo : « Je n’ai pas d’avis. Ils ont donné une décision, en première instance, je vous signale. Et maintenant, il y aura sans doute appel au niveau du procureur. Mais attendons de voir comment les choses vont se terminer ».
Par ailleurs, plusieurs personnes, notamment les partisans de Gbagbo, estiment que la Côte d’Ivoire a une main mise sur cette affaire, qui instrumentaliserait la Cour pénale internationale. À ce sujet, le président Ouattara, de façon ironique a trouvé ridicule cette manière de penser en estimant que ce n’est pas de son genre d’interférer dans les affaires judiciaires et de surcroît une justice internationale. « Eh bien, dites donc, nous sommes vraiment puissants (rires). Mais au moins, ils reconnaissent que la Côte d’Ivoire est maintenant un pays puissant, moderne qui a des relations, mais interférer avec la justice internationale ou nationale, ce n’est pas comme ça que je gère mon pays », a-t-il rétorqué.
Laurent Gbagbo, né le 31 mai 1945 à Gagnoa, est un historien, écrivain et homme d’État ivoirien. Longtemps opposant à Félix Houphouët-Boigny, il est élu à la présidence de la République de Côte d’Ivoire en 2000, face à Robert Guéï. Il occupe cette fonction du 26 octobre 2000 au 4 décembre 2010 (jusqu’au 11 avril 2011 selon ses partisans). Sa présidence est notamment marquée pendant plusieurs années par une crise politico-militaire qui divise le pays.
À l’issue de l’élection présidentielle de 2010, qui devait se tenir en 2005, mais qu’il a repoussée à plusieurs reprises, il est donné battu par Alassane Ouattara par la Commission électorale indépendante et la quasi-totalité de la communauté internationale, mais est déclaré vainqueur par le Conseil constitutionnel. Il refuse de quitter le pouvoir, ce qui entraîne une crise de plusieurs mois. Il est finalement arrêté par les forces d’Alassane Ouattara. Incarcéré auprès de la Cour pénale internationale à La Haye, il est acquitté par les juges de la première instance le 15 janvier 2019.