Les signataires dénoncent son incarcération « illégale », « l’instrumentalisation » de la Justice camerounaise… En même temps qu’ils promettent d’extirper leur « président » des geôles du secrétariat d’Etat à la défense (Sed).
Le brûlot manifestement servi au chef de l’Etat est relayé sur la toile par nombre de sites Internet. Il s’agit d’une motion de soutien à Marafa, rendue publique le 15 juin 2012 à la faveur d’une réunion tenue deux jours plutôt dans les locaux de l’Université de Ngaoundéré (Sic)
. Leurs signataires Dewa Hamadama, Djonkreo Maskota et Nassourou Iyawa, se réclament de la « jeunesse engagée » du Grand Nord. « Nous, jeunes de trois régions septentrionales du Cameroun de l’intérieur et l’extérieur, sans distinction d’ethnie, de religion, de toute appartenance politique ». Ils dénoncent ouvertement la détention préventive de Marafa Hamidou Yaya « pour des règlements de compte politiques en instrumentalisant notre justice ». La correspondance parsemée de coquilles par endroit (fautes d’orthographe et de grammaire entre les lignes) donne l’impression d’avoir été rédigée sous pression. Empressement, indélicatesse ou amateurisme estudiantin? Toutes choses qui n’édulcorent cependant en rien la hargne des initiateurs du pamphlet adressé au régime de Yaoundé. Paul Biya y est suffisamment accusé d’être l’instigateur de toutes les « calamités » du Cameroun. Les auteurs de la motion en question citent allègrement, entre autres, la corruption, la pauvreté, l’endettement…
Au demeurant, la « jeunesse engagée » dit soutenir l’ensemble des lettres de Marafa, relativement perçue par elle comme une profession de foi visant à « éclairer l’opinion publique nationale en particulier et internationale sur la gestion mafieuse de notre bien public depuis bientôt 30 ans ». Aussi s’engagent-ils du reste à prouver son « innocence devant les juridictions compétentes dans cette scabreuse (sic) affaire des détournements des derniers publics (Albatros) pour l’achat de l’avion présidentiel initier et instruit par le Président Paul Biya ». Et que dire de ces passages qui parlent d’eux-mêmes ? : « Nous (…) promettons de vous libérer dans ce caserne militaire ou, vous vous retrouvé (sic), illégalement, injustement et vous soutenons dans tous vos actions » ; « Prions notre seigneur Dieu, de vous accorder santé et longévité afin de bâtir ensemble, une société de paix et de confiance pour un Cameroun meilleur »
Approchés par votre journal sur cette motion à problème pour les responsables de l’Université de Ngaoundéré (Un), un étudiant proche du délégué général des étudiants confie sous cape, « j’en ai entendu parler puisque tout le monde en parle ici (Dang, Ndlr). Nous pensons que ça peut être l’œuvre de quelques activistes malintentionnés. Nous allons mettre tout nos moyens de renseignement en œuvre pour les démasquer. Cela est inacceptable ».
Pour sa part, le Secrétaire général (Sg) de l’Un se félicite de ce qu’un climat de paix règne sur l’ensemble du campus universitaire de Dang. « Le campus universitaire de Ngaoundéré est calme, serein. Les étudiants vaquent normalement à leurs occupations », assure Pr André Tientcheu Njiako. Pour mémoire, une marche organisée l’an dernier en faveur de Paul Biya sur le campus universitaire de Ngaoundéré n’avait pas drainé grand monde. Seulement une trentaine d’étudiants avaient répondu présents. Un an plutôt (2009/2010), le même appel à manifester avait carrément fait chou blanc. Ce qui n’avait pas découragé le délégué général des étudiants à l’époque, Mazi Sanda, aidé en cela par le recteur Paul Henri Amvam Zollo et le Sg André Tientcheu Njiako, à mouiller le maillot. C’est ainsi que lors de la présidentielle de 2011, le candidat du Rdpc s’est arrogé le plus grand nombre de suffrages valablement exprimés.
Salomon KANKILI