Me Henri Kouokam, membre du collectif des avocats du leader du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), a répondu à la correspondance de Christelle Nadia Fosto parue dans le quotidien Mutations en kiosque le 28 mars 2019, adressée à Maurice Kamto.
En effet, dans cette lettre adressée au président du MRC, la fille de l’industriel camerounais, Victor Fotso critiquait la démarche juridique de Maurice Kamto. Selon elle, choisir de s’attacher les services d’un avocat « blanc » (Me Moretti ndlr), est un rendez-vous manqué. Après la réaction épistolaire de l’écrivaine Carole Tchatchouang c’est le tour de Me Henri Kouokam d’apporter des éclairage sur le choix de Maurice Kamto.
Ci-après, la réponse de Me Henri Kouokam à Me Fotso Nadia Christelle
À Me Fotso Nadia Christelle
Chère consœur.
En lisant votre sortie amère sur la présence de Me Dupont MORETTI aux cotés des confrères camerounais dans une procédure où se trouvent impliquées environ 160 compatriotes, j’ai découvert avec émerveillement que votre méconnaissance de l’environnement du dossier ne vous avait pas enlevé le désir de dire à tout prix ce que vous pensiez de la présence des étrangers dans une procédure purement africaine selon vous, camerounaise particulièrement, ou pour faire simple, une affaire de noires…
Mon passage sur les bancs d’une école de Droit (Law school), m’a enseigné que l’une des attitudes que l’avocat doit à jamais garder tout au long de sa carrière est de s’abstenir de donner des avis d’une part lorsqu’il n’est pas formellement constitué (sollicité) mais davantage s’abstenir d’opiner lorsqu’il ne dispose pas de toutes les informations nécessaires lui permettant d’« advise » sans risque de se tromper.
Si dans la première hypothèse on peut s’interroger sur les motivations de votre sortie (vous en demeurez maitresse), il devient cependant péremptoire de vous marteler que les informations en votre possession ne vous permettent pas de vous prononcer de manière aussi sentencieuse sur un sujet qui vous échappe totalement.
Votre sortie est d’autant plus superfétatoire que la Justice camerounaise au moment où je vous parle se cherche.
Elle est soumise à :
– l’implacable liberté d’expression des libertés publiques face aux considérations constitutionnelles théoriques.
– L’application pratique des dispositions du code de procédure pénale sur l’habeas corpus, la garde à vue administrative, la forme des mandats de justice… Cette justice en sortira grandie ou amoindrie.
– L’appréciation du respect des engagements internationaux du Cameroun en matière de défense et de protection des Droits de l’homme. Oui vous êtes sans ignorer que le Cameroun a des engagements en matière de respect des libertés individuelles, pris par-devant ses paires à l’échelle internationale.
Je le disais dans une communication le 25 février, l’avocat est un citoyen du monde ; votre admission et incorporation dans un Barreau étranger finit de me convaincre que cette réalité est universelle.
Votre racisme teinté d’un nationalisme mélancolique éprouve la sensibilité de l’homme de loi que je suis.
Pour votre gouverne, je reprends ici les grandes lignes de cette sortie qui anticipait déjà sans doute sur les attitudes acariâtres et d’une autre époque que vous débiter dans votre papier.
« Bienvenu confrère et merci de te joindre à nous »
C’est ainsi que l’Avocat accueille un confrère qui se joint à sa procédure.
Au sujet de la constitution de Me Dupont MORETTI, j’aurai tout entendu ces derniers jours ! :
– Les Avocats de Kamto sont incompétents
– Kamto a l’esprit du colonisé, car il croit que c’est le blanc qui va le sauver
– c’est un procès politique, Me Moretti ne peut rien
– Kamto est ingrat vis-à-vis des Avocats camerounais…
TRÊVE D’IGNORANCE
Comment peut-on être aussi ignorant d’une situation et y développer des théories aussi savantes à ce sujet ?
L’Avocat est un citoyen du monde qui peut plaider partout où le devoir l’appelle. Pourquoi les confrères exerçant dans les autres Barreaux seraient-ils disqualifiés à venir plaider le dossier Maurice KAMTO ?
Le Pr Kamto n’est-il pas libre de constituer autant de conseils qu’il désire ?
Bien plus, Professeur de Droit, Spécialiste de plusieurs disciplines juridiques, Avocat de renom ! Le Professeur a su créer au cours de sa riche carrière de professionnel du droit, un vaste réseau d’amitié, d’admiration et même de disciples juridiques.
Quoi de plus beau que de se voir défendre par son ami ? Son ancien étudiant ? Son confrère ? Son collègue !!
Tout le monde ne s’accommode pas aussi facilement à l’injustice que nous semblons banaliser avec humour.
Le Pr est un citoyen à la renommée universelle.
Lorsqu’il a défendu la Guinée équatoriale et bien d’autres États devant la Cij, ceux-ci n’avaient-ils pas d’avocats ?
Je suis aujourd’hui heureux que des confrères à l’expérience riche s’associent à cette procédure qui depuis sa naissance n’est plus seulement camerounaise. Elle a traversé le seuil de nos frontières dès les premiers actes posés.
Que mes confrères s’associent à la procédure, je dis on n’est jamais trop nombreux pour sauver un innocent de la barbarie et de l’injuste.
Je ne crains pas que ces confrères étrangers nous fassent ombrage par leur entrée dans le dossier, car la lumière n’éclaire pas la lumière, elle a vocation à éclairer les ténèbres. Et le Barreau du Cameroun n’a que de la lumière à donner dans cette affaire…
Bienvenus chers confrères »… Voilà !
En fin de compte,il me souvient que vous exercez dans un pays qui n’est pas votre pays d’origine qu’est le Cameroun.
Si jamais les citoyens de ce pays qui vous a adopté et donné un toit avaient eu un raisonnement aussi nombriliste que le vôtre au sujet de l’affaire Kamto vous n’auriez jamais un seul client (dans ce pays) puisqu’il vous aurait été gentiment demandé de rentrer exercer « chez vous » c’est-à-dire de ne défendre que vos semblables.
Vos propos discriminatoires pour ne pas dire racistes à l’endroit de Moretti qui invoquent de temps à autre des lignes d’un passé colonial douloureux finissent de me convaincre que votre sortie n’avait aucunement pour but de protéger l’avocat camerounais que je suis.
Votre sortie présente au monde entier l’avocat camerounais comme un être non confraternel dans un milieu où le devoir de confraternité est universel.
Chère consœur, merci de vous soucier de la dignité de l’avocat camerounais ou l’avocat noir, mais plus que de la pitié, nous avons aujourd’hui besoin d’une justice soutenue par des Avocats cohérents dont les prises de position sont parfaitement en accord avec les doctrines qu’ils promeuvent ; dont le vécu social leur donne de la hauteur pour rester cohérent sur les sujets qu’ils abordent, des Avocats qui ne s’effraient pas à l’idée de voir un avocat étranger.
L’Avocat camerounais que vous semblez ne connaitre qu’à travers votre opinion personnelle est très bien formé pour s’assumer.
Vous n’avez pas à vous inquiéter pour nous, car comme ci-dessus mentionné, la lumière n’éclaire pas la lumière, et nous sommes tous des lumières dans cette team pro bono, laquelle reste ouverte à tous les défenseurs des droits et libertés… Même aux confrères étrangers.
Me Henri Kouokam
Membre du collectif pro bono