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Agriculture : Interview Flavien KOUATCHA « Nous allons changer la vie de nombreuses personnes »

Flavien Kouatcha

Flavien KOUATCHA est de ces jeunes camerounais qui ont compris toute l’importance et les enjeux du secteur agricole, longtemps négligé par les jeunes des milieux urbains.

Flavien Kouatcha
Flavien KOUATCHA – Fondateur « Save Our agriculture » – DR

Ingénieur avec une spécialisation en électronique embarquée et passionné d’agriculture, Flavien KOUATCHA est le fondateur de « Save Our Agriculture » une start-up qui milite pour la promotion de l’agriculture. Après une formation à l’Institut UCAC-ICAM c’est d’abord dans les couloirs du marketing qu’il se fait remarquer. Il va travailler dans plusieurs entreprises comme Africa Internet Group où il va exercer en tant que responsable en chef des relations publiques. La passion pour l’agriculture va l’amener à démissionner pour participer à l’amélioration des conditions des paysans ruraux.  L’aquaponie, est le premier projet de sa start Up. C’est une technique innovante d’agriculture, forme d’aquaculture intégrée qui associe une culture de végétaux en symbiose avec l’élevage de poissons. Lebledparle.com est allé à la rencontre de ce passionné d’agriculture. Il revient ici sur son projet et ses ambitions.

Lebledparle.com : On vous a connu comme responsable des relations publiques à Africa Internet Group, le groupe qui possède Carmudi, Lamudi Jovago etc… Pour un ingénieur généraliste, comment avez-vous vous fait pour vous retrouver dans la communication?

Flavien KOUATCHA : En effet, j’ai toujours nourri l’ambition de monter ma propre entreprise. Même si je me suis senti très à l’aise en travaillant pour des entreprises établies et présentes au Cameroun ou ailleurs, quelque chose me disait que je peux mieux faire. Donc, j’avais entrepris d’obtenir après mon diplôme d’ingénieur un Master Spécialisé en Marketing Digital et Relations Publiques, ce que j’ai fait avant d’effectuer la transition pour ce nouveau métier passionnant dans lequel je me sens encore plus à ma place.

Aujourd’hui vous êtes à la tête de la star up « Save Our Agriculture ». Je vous demanderais une fois de plus, comment avez-vous fait pour vous retrouver cette fois dans le secteur agricole ?

Alors, j’ai vécu une enfance pleine d’émotion en zone rurale. Mes parents tenaient un élevage de poules pondeuses auquel je participais au quotidien. C’est de là qu’est née ma passion pour l’agriculture. Aujourd’hui, je peux me classer dans la catégorie des personnes qu’on appelle les slashers, c’est-à-dire qui possèdent plusieurs compétences apparemment disparates. Je suis effectivement le promoteur de la start-up « Save Our Agriculture », mais j’ai également fondé une agence de relations publiques que je dirige en ce moment.

Et si on parlait de « Save our agriculture ». Votre équipe et vous, venez de lancer un projet de création d’un Kit Aquaponique. On en parle largement sur les réseaux sociaux. De quoi est-il question ?

Si mes premières expériences agricoles ont créé le déclic qui m’a donné envie de participer activement à l’amélioration des conditions des paysans ruraux, c’est parce que j’ai constaté que près de la moitié des productions agricoles périt en zone rurale par manque de moyens de transport suffisants pour leur acheminement vers les points urbains de commerce. Pendant que nous poursuivons l’autosuffisance alimentaire, cette problématique constitue un vrai frein à la stabilisation de nos filières. C’est ainsi que nous avons entrepris avec mon équipe de travailler à la conception de solutions innovantes permettant de produire les aliments directement en ville. Nos kits aquaponiques aujourd’hui proposés en 2 modèles individuels, permettent à des particuliers et professionnels de cultiver des aliments bio en économisant 90% de l’eau utilisée en agriculture traditionnelle, et en réduisant un taux proportionnel de l’énergie fossile qui aurait servi au traitement. Nous permettons donc une réduction considérable de l’empreinte carbone sur l’environnement.

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D’où vous est venue cette idée?

Nous avons simplement voulu exploiter la complémentarité des processus de la chaîne alimentaire, et en nous basant sur le fait que les poissons sont la denrée la plus importée du pays, nous avons compris que le besoin est présent et que ça vaut la peine d’investir temps et argent dans le développement de ce projet qui a de beaux jours devant lui.

Mettre sur pied un tel projet nécessite forcément un énorme budget, on imagine que vous êtes à la recherche de financement !

Effectivement, nous sommes ouverts à toute approche externe. Un simple mail à flavien@saveouragriculture de la part de toute personne ou entité qui souhaiterait qu’on en parle ou via le numéro de téléphone +237696162357. Pour le moment, toutes les actions que nous avons menées ont été soutenues sous fond propre, et avec l’aide de quelques personnes qui croient en notre projet. Mais, je peux vous dire que nous allons changer la vie de nombreuses personnes. Une nouvelle expérience de l’agriculture africaine se prépare dans nos ateliers, et je suis persuadé que nous allons bousculer les règles établies.

Au mois de mars vous avez participé à un concours lancé par « The Global Forum on Agricultural Research », où il était question pour le public de désigner le meilleur projet, afin de bénéficier d’un financement. Où en est ce concours ?

Nous avons été huitièmes sur les 545 projets proposés par des jeunes agriculteurs du monde. Seuls les 6 premiers ont reçu du financement, mais nous continuons de travail, le meilleur reste à venir.

A quel niveau de réalisation se trouve votre projet ?

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A ce jour, nous avons commercialisé plusieurs dizaines de kits individuels. Et nous envisageons d’installer la première unité conteneurisée dans la ville de Douala en Décembre 2016. Ce sera le départ d’une nouvelle ère pour l’agriculture camerounaise et africaine.

Kit Aquaponk
Un Kit aquaponique conçupar « save our agriculture » 

Comme on l’a relevé, vous êtes un ingénieur généraliste avec une spécialisation en électronique embarquée, vous avez été communicateur et aujourd’hui vous êtes dans le milieu agricole. C’est une grande curiosité. Pour les jeunes qui nous lisent, pensez-vous qu’il est important pour eux d’être multidisciplinaire ?

Je dirais qu’être multidisciplinaire reste un avantage un avantage lorsque vous êtes vraiment organisé et que vous savez faire la part des choses. L’important en fin de compte n’est pas de toucher à tout, mais de se faire accompagner des bonnes personnes pour bien faire et surtout achever ce dans quoi on s’engage.

L’agriculture est la principale source de croissance et de devises au Cameroun, mais connait de sérieux soucis depuis de nombreuses années déjà. Qu’est ce qui fait problème ?

Premièrement, je dirai que le transfert de compétences entre les générations du milieu agricole ne s’est pas fait de façon convenable. On assiste à un vieillissement constatable de la population active, ce qui se matérialise par une perte de la technologie et de l’expérience, la baisse ou la fluctuation inexpliquée des rendements par filières. J’ai comme l’impression que nous passons le temps à réinventer la roue. En deuxième lieu, je parlerai du processus de financement qui se veut créateur de réelles entités bénéfiques pour notre économie. Au Cameroun, nous venons de relancer la création des sociétés coopératives selon les prescriptions liées à l’acte signé en marge de l’OHADA. Mais, il est important que nos coopératives soient de vraies structures contrôlables, basées sur la volonté de développer une filière ou un produit, et non des associations de personnes ayant des accointances particulières. Si ces deux éléments sont réunis, je pense que les choses iront déjà bien mieux.

Une dernière chose que je n’omettrai en aucun cas, c’est l’implication de la jeunesse intellectuelle. Ceux qui font de l’agriculture aujourd’hui au Cameroun travaillent encore selon les prescriptions d’il y a une décennie. Nous devons trouver le moyen de créer des vocations agricoles parmi les plus jeunes, car nous sommes ce que nous consommons. Donc, c’est l’avenir du pays qui en dépend.

© Entretien avec Yves Martial TIENTCHEU, Lebledparle.com


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