Couverture Santé Universelle : On y est presque ? Non pas du tout !
Non on n’y est pas du tout.
Le Cameroun n’est pas prêt à implémenter la COUVERTURE SANTÉ UNIVERSELLE (CSU) pour une offre de soins de qualité accessible à tous.
Les 5 raisons suivantes justifient ma défiance face à ce énième projet mort-né :
1- Des structures hospitalières mal outillés (en équipements et en personnel bien formé) pour des soins secondaires (au delà du syndrome fébrile qui inclut le paludisme et les infections simples) de qualité.
Si on sait à peu près soigner le paludisme au Cameroun, l’insuffisance cardiaque, les complications du diabète, la pneumonie hypoxemiante et autres affections sont un vrai défi pour la santé publique au Cameroun.
2- Des-lors, le taux de consultations d’un cas index pour rechute (une maladie mal soignée revient vite) fera exploser la part de réserve d’argent par cotisant. Des cotisants aux cotisations qui seront difficiles à prélever dans un environnement économique où 80% des revenus des populations va se chercher dans l’informel.
3- Dans un système très fragile de cagnotte nationale du budget de santé dédié à cette CSU, la moindre exagération de dépense par individu va faire exploser le déficit inéluctable (l’assurance maladie française souffre de ce cancer). En français facile, le moins cher est cher. La mauvaise prescription agrave la maladie. L’errance diagnostic multiplie les dépenses de soins.
4- Le trou de la sécurité sociale en France est du à une mauvaise maîtrise des indications de prescription des examens et médicaments (aux urgences les médecins prescrivent tout et n’importe quoi pour n’importe quelle raison d’admission du malade, les médecins traitants font des bilans sanguins complets sans intérêt). Il est également en rapport avec une fraude des acteurs de la santé (médecins, paramédicaux dont les infirmier (e)s et Kiné, laboratoires d’analyses médicales ou imagerie. Ce sera le cas au Cameroun, en plus des populations qui vont jongler.
5- Un pays qui alloue à peine 4% de son budget (PIB) à la santé publique au lieu des 15% décidés à Abuja (Déclaration d’ABUJA, 2001) ne peut que couvrir 25% des dépenses en santé, laissant sa population avec les 75% restants, soit le contraire des objectifs fixés par l’OMS.
Tout ce qui s’active derrière ce projet mort-né n’est qu’escroquerie.
Doc BONNY Aimé