Au pouvoir depuis 20 ans, le président Abdelaziz Bouteflika a finalement décidé de rendre le tablier hier mardi 2 avril 2019 conformément à l’article 102 de la Constitution algérienne.
D’après cet article, « lorsque le président de la République, pour cause de maladie grave et durable, se trouve dans l’impossibilité totale d’exercer ses fonctions, le Conseil constitutionnel se réunit de plein droit et après avoir vérifié la réalité de cet empêchement par tous moyens appropriés, propose, à l’unanimité, au Parlement de déclarer l’état d’empêchement ».
Poussé à la démission par le Mouvement populaire algérien (MPA) alors qu’il aspirait à briguer un autre mandat à la magistrature supreme, Abdelaziz Bouteflika a adressé, ce mercredi 3 avril, une dernière lettre aux Algériens. Dans ce message diffusé au lendemain de sa démission, le désormais ancien chef de l’État présente au peuple algérien ses excuses et leur demande pardon pour tout manquement. « Dieu sait que j’étais sincère et fidèle », a indiqué Abdelaziz Bouteflika dans sa lettre, avant de poursuivre : « Je ne suis pas triste et je n’ai pas peur pour le futur de mon pays », a-t-il estimé. Il souhaite tout de même bon vent au futur président qui dirigera le pays : « Prochainement, l’Algérie aura un nouveau président et j’espère que Dieu l’aidera à poursuivre la concrétisation des espoirs et des ambitions de ses filles et de ses fils », a-t-il ajouté.
De mémoire, candidat indépendant à l’élection présidentielle de 1999, Abdelaziz Bouteflika l’emporte de façon controversée au premier tour, avec 73,8 % des suffrages. Le début de sa présidence est marqué par la fin de la guerre civile. Il est réélu au premier tour des élections présidentielles de 2004 avec 85 % des voix. En 2009 avec 90,2 % et de 2014 sur un score de 81,5 %. Bouteflika est ainsi le chef de l’État algérien étant resté le plus longtemps en fonction. Il est également ministre de la Défense à partir de 2003 et président d’honneur du Front de libération nationale (FLN) à partir de 2005.
Après avoir été victime en 2013 d’un grave accident vasculaire cérébral, il voit son état de santé se dégrader : sa mobilité est réduite et il n’effectue que de rares apparitions publiques. Son aptitude à gouverner le pays était alors régulièrement remise en question. D’importantes manifestations le conduisent en 2019 à renoncer à briguer un cinquième mandat et à quitter la tête du pays, vingt ans après avoir accédé à la présidence