Depuis la proclamation des résultats des élections présidentielles au Gabon le 27 Aout et qui a fait d’Ali Bongo le vainqueur selon les résultats de la Commission électorale nationale permanente (Cénap), deux camps s’opposent à travers l’Afrique et notamment à travers les réseaux sociaux. Les « Oui » = Oui à Ali Bongo et dans l’autre camp les « Non » = Non à Ali Bongo.
Si dans le premier camp certains accordent leur légitimité à la CENAP, la trouvant libre et autonome, il reste que, beaucoup d’africains qui se sont rangés du coté d’Ali Bongo, voient en Jean PING un pion occidental et même plus loin, sont revanchards du fait que, du temps où ce diplomate Gabonais était à la tête de la commission de l’Union Africaine, il n’a pas accepté un recomptage de voix lors de la crise post électorale de 2010 en Cote d’ivoire, participant ainsi à l’éviction de Laurent Gbagbo que beaucoup d’africains considèrent comme « un panafricain ». Cependant il convient de rappeler à ceux qui se sont rangés dans le camp « Oui » notamment à cause de ce qu’ils appellent aujourd’hui « traîtrise de Jean Ping », que tous les deux peuvent être considérés comme « des traîtres ».
Nous sommes en 2010. En Libye, éclate une terrible guerre civile que certains qualifient de révolution libyenne, issue d’un mouvement de contestation populaire, assorti de revendications sociales et politiques qui s’inscrit dans un contexte de protestations contre le pouvoir en place ,les protestataires réclamant plus de libertés et de démocratie, un meilleur respect des droits de l’homme, une meilleure répartition des richesses ainsi que l’arrêt de la corruption au sein de l’État et de ses institutions. La situation qui va dégréner sera à l’origine d’une intervention militaire internationale en Libye. Ali Bongo président du Gabon (membre non permanent du conseil de sécurité de l’ONU , président des travaux) , aux cotés de ses paires occidentaux vont voter le 16 mars 2011 une loi en faveur d’un recours à la force en Libye contre les troupes du colonel Mouammar Kadhafi, ouvrant la voie à des frappes aériennes dans ce pays. Une loi que Tripoli va qualifier d’ailleurs de « menace à son unité ». C’est le début d’une autre guerre qui va conduire à l’assassinat du Guide Libyen en Octobre 2011. La Chine ; la Russie, l’Allemagne, le Brésil et l’Inde membres eux aussi de ce conseil s’étaient à l’époque abstenus contrairement au Gabon d’Ali Bongo. Peter Wittig, ambassadeur d’Allemagne, souligne à cette époque que son pays « voyait de grands risques » dans l’usage de la force armée. « La possibilité de pertes en vies humaines à grande échelle ne doit pas être sous-estimée », expliquait-il. Et de rajouter à l’AFP que son pays ne prendrait pas part aux opérations militaires contre la Libye. Maria Luiza Ribeiro Viotti, ambassadrice du Brésil, a expliqué que son pays « n’était pas convaincu du fait que l’usage de la force conduira à la fin de la violence ». « Cela pourrait causer plus de mal que de bien pour le peuple libyen », a-t-elle dit à l’AFP.
Quelque jours plus tard, rebelote de la part d’Ali Bongo et son pays le Gabon. Alors qu’une crise post électorale en cote d’Ivoire sévit et opposant Laurent Gbagbo à Alassane Ouattara, des africains une fois de plus accusent les occidentaux de se mêler des affaires africaines. Tout comme Kadhafi, c’est un autre homme fort de l’Afrique que beaucoup considèrent aussi comme « un panafricain » qui est mis en mal par les occidentaux. Ali Bongo et son pays encore membre non permanent du conseil de sécurité des nations unis sera de ces pays là, toujours aux cotés des occidentaux à voter le 30 mars 2011 en faveur d’un gel des avoirs financiers de M. Gbagbo et à quatre membres de son entourage, des sanctions concernant aussi une interdiction de voyager. Des décisions similaires qui avaient déjà été imposées par l’Union européenne (UE) et les États-Unis. Ali Bongo aux cotés des occidentaux vont condamner la décision de Laurent Gbagbo de ne pas accepter la solution politique globale proposée par le Groupe de haut niveau de l’Union africaine (UA), l’exhortant à se retirer immédiatement. Plus tard, Ali Bongo répondant à la télé Gabonaise à propos de ce vote du conseil de sécurité de l’ONU en défaveur de Gbagbo, va confier que « Monsieur GBAGBO se retrouve assiégé par les troupes du président de la Côte d’Ivoire (M Alassane Ouattara, ndlr)…. Qu’est ce que nous pouvons faire pour éviter, une fin tragique pour LAURENT GBAGBO? Nous essayons tous de le convaincre, que la meilleure chose pour son pays, serait qu’il puisse se rendre… La Côte d’Ivoire comme tous les pays africains à commencer par le Gabon, a besoin de paix… ». Déclarait-il.
Aujourd’hui alors que la situation politique est de plus en plus critique au Gabon, le président gabonais sortant Ali Bongo, dont l’annonce de la réélection a provoqué des violences, a critiqué mercredi 7 aout la mission d’observation électorale de l’Union européenne, qui a dénoncé une « anomalie évidente » dans le scrutin du 27 Août notamment dans la province gabonaise du Haut-Ogooué, son fief ethnique où il a obtenu plus de 95% des suffrages, lui permettant d’être réélu d’une courte tête (5.594 voix d’avance). Le président réélu dénonce l’ingérence étrangère, dont celle de la France, lui qui, il y a quelques années s’était mis du coté de ses ex-alliés occidentaux en favorisant aussi leur ingérence dans les crises Libyenne et ivoirienne entrainant le départ de ses compères africains Kadhafi et Gbagbo. Il semble donc avoir retourné sa veste. «Il y a des ingérences étrangères multiples, d’abord en France», a déclaré son porte parole le 30 Aout lors d’une conférence de presse au siège de Gabon Télévision.
Ali Bongo qui, il y a quelques années rappelait à Laurent Gbagbo que, « La Côte d’Ivoire comme tous les pays africains à commencer par le Gabon, a besoin de paix.» semble ne pas être prêt lui aussi à accepter d’ici peu, des propositions de ses anciens alliés pour une sortie de crise. « J’aurais aussi apprécié qu’on relève quelques anomalies dans le fief de monsieur (Jean) Ping. Si on veut relever les anomalies, il faut être clair, équilibré et relever toutes les anomalies si on en a constaté », a commenté M. Bongo sur la radio française RTL, en accusant M. Ping de « fraude massive ». « Nous avons des cas où certains observateurs de l’Union européenne ont outrepassé la mission qui était la leur. Certains (…) se sont mal comportés », a-t-il insisté dans un autre entretien à la radio française Europe1. « On reproche aux gouvernements africains de ne pas respecter les lois. Pour une fois que nous respectons notre loi, on nous dit de l’outrepasser, c’est quand même singulier », a commenté M. Bongo, dont la famille dirige le Gabon depuis 50 ans.
Alors que l’union africaine (UA) s’est dite prête à envoyer une délégation au Gabon pour tenter une médiation, M. Bongo a affirmé sur Europe1: « nous allons écouter ce qu’ils auront à nous dire ». « Lorsque l’on vient dans un pays, c’est d’abord s’enquérir des lois de ce pays.»