Dans une interview accordée lundi à Yaoundé, le candidat à l’élection du président de la Fécafot revient sur son “clash” avec Eto’o et réitère qu’il est hors de question que l’instance faitière du football camerounais soit gérée par un joueur en activité.
Qu’est-ce qui peut justifier la forte mobilisation des footballeurs derrière votre candidature ?
Lorsque les footballeurs qui n’ont pas le droit de vote se manifestent avec autant de force, ça veut dire qu’ils ont pris conscience de ce que leur art est en train de disparaitre et que le métier souffre beaucoup. Je crois qu’ils méritent qu’on les écoute, que le reste du monde du foot fasse attention. Quand on a coutume de dire que sans les footballeurs, il n’y a pas de football, c’est vrai mais précisément là, en l’occurrence, il se trouve que la configuration est telle qu’on est dans le domaine des élections où logiquement, ils ne participent pas. Et qu’ils arrivent en cette occasion-là à se réunir, à se retrouver, à faire le sacrifice – parce que quand vous n’êtes plus footballeur, ce n’est pas comme si vous êtes dans une équipes et que les obligations vous amènent aux regroupements de l’équipe. Venir pour dire au monde entier que voilà, nous voulons que quelque chose change et pour cela, nous avons étudié, nous avons pensé et conclu que le programme de Joseph Antoine Bell qu’ils ne soutiennent pas parce qu’il est ancien footballeur mais qu’ils le soutiennent parce qu’ils croient être une offre adéquate pour pouvoir relever notre bord, je pense que c’est vraiment un geste fort.
Etes-vous dans la logique qui voudrait que le football soit géré par les footballeurs ?
Les footballeurs ne rejettent absolument pas les autres. Ils font avec les autres. Ce n’est pas le football aux footballeurs, dans le sens de l’exclusion, c’est plutôt le football aux compétents parce que si c’était le football aux footballeurs, eux tous seraient candidats en disant : chacun joue, je suis footballeur. Or, ce n’est pas du tout ce qu’ils disent. Ils disent qu’ils veulent au football des gens qui comprennent de quoi ils parlent et qui ont suffisamment le sens des responsabilité et suffisamment d’intégrité morale pour pouvoir réglementer le football et faire en sorte que ça marche.
Peut-on voir derrière ce soutien une sorte de fin des débats autour de ce qui a souvent été présenté comme la division au sein de la famille des footballeurs ou comme un simple ras-le-bol de la part de ceux-là qui se sentent parfois lésés ?
Je crois que vous avez peut-être suivi que le président de la CAF avait pensé lui, qu’il était impossible de gérer le football sans les footballeurs. Et il l’a proclamé et il l’a fait et donc aujourd’hui, et il est démontré que pour qui est sincère avec le foot, il ne lui viendrait pas à l’idée de gérer le foot sans les footballeurs. Maintenant, s’il y en a un des footballeurs qui a la carrure, qui a les idées et qui est suffisamment rassembleur pour pouvoir se porter à la tête, c’est encore mieux. Mais ce n’est pas une exigence absolue. C’est simplement que là, par rapport au cas que vit le Cameroun, qui a les problèmes et qui a un footballeur capable de relever le défi avec l’assentiment, l’approbation des autres, tout le monde voit bien que voila la voie à suivre. Et dans tous les cas, le geste des footballeurs revient à dire qu’au Cameroun tout entier, des électeurs comme les non-électeurs, demain vous ne direz pas que les hommes de métier, on ne vous a pas dit. Donc, on vous prend à témoin, on vous dit publiquement : voici notre choix, notre football est dans la tourmente depuis très longtemps, aujourd’hui, nous vous disons : voici la voie pour en sortir. Vous pouvez ne pas la suivre mais vous serez seuls responsables.
Quel est votre sentiment par rapport à tout ce qui se dit sur les réseaux sociaux sur votre « clash » avec Samuel Eto’o ?
D’abord, c’est une affaire qui fait appel au bon sens de chacun. Souvenez-vous que ce n’est pas moi qui ai amené le sujet sur la table. Or, il s’agit d’un sujet qui concerne une conversation entre deux personnes qui étaient censées être seules. Si ce sujet arrive sur la table, c’est bien que l’une des personnes l’a amené. Comme ce n’est pas moi, c’est forcément « mon fils ». Maintenant, un extrait ne vaudra jamais toute l’histoire. Or moi, j’ai raconté toute l’histoire au lieu de m’arrêter sur un extrait. Un extrait a quelque chose avant et peut-être quelque chose après. Moi j’ai raconté à peu près toute l’histoire et je ne peux pas être désolé pour lui parce qu’il a voulu que cela arrive. Mais je suis simplement navré qu’une telle chose arrive, que mon propre fils, que je puisse avoir aujourd’hui la preuve qu’il agit ainsi, que des choses que vous vous dites, il peut les tronquer et les mettre sur la place publique. A quel dessein ? Je ne sais pas. Que visait-il en faisant cela ? Je ne sais pas. Thierry Ndo qui a posé la question n’était pas là lorsque j’ai parlé avec Samuel Eto’o. Il n’était pas supposé le savoir. S’il pose la question, ça veut bien dire que Samuel Eto’o en personne a cru les fournir à un confident qui lui-même s’est avéré être un mauvais confident. On est responsable des conseillers qu’on se choisit.
Est-ce que vous êtres sereins malgré toutes ces polémiques ?
Ces polémiques ne regardent pas l’élection. J’étais déjà parti sur le mode : ce n’est pas un joueur en activité qui gère une fédération. S’il y a les électeurs qui pensent qu’un joueur en activité doit nous gérer, cela montrera quel est le niveau de notre fédération et nous resterons dans les bas-fonds. Mais je continue à proclamer qu’il n’est pas question qu’un joueur, dans la tête de qui que ce soit gère la fédération parce que chacun de ces électeurs aujourd’hui, grâce aux combats que j’ai personnellement menés ne sont que des présidents de club. Parce que s’il y a un seul de ces présidents qui imagine que dans son propre club il existe un joueur qui gère le club, alors, il pourra concevoir qu’à la fédération, un joueur en activité peut gérer la fédération.