Le professeur Éric Mathias Owona Nguini, vice-recteur en charge de la recherche, de la coopération et des relations avec le monde des entreprises de l’Université de Yaoundé I, explique que la date du 22 septembre choisie par Maurice Kamto pour demander le départ de Paul Biya n’est pas fortuite. Elle correspond « exactement » à celle ayant marqué le début de la crise dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest en 2016.
S’exprimant sur le plateau du programme Verbatim sur les ondes de Royale FM le 19 septembre dernier, le politologue a tenté de donner une explication à la démarche de Maurice Kamto et alliés. Pour lui, le MRC, à travers cette marche annoncée, veut « ambazoniser » le Cameroun tout entier : « La date n’a pas été choisie au hasard. Le 22 septembre 2016, c’est là où ç’a commencé. Nous sommes le 22 septembre 2020, on veut ambazoniser tout le Cameroun. C’est de ça qu’il s’agit. C’est une démarche de guerre », a-t-il soutenu.
Selon le chercheur à la fondation Paul Ango Ela, une marche, « pacifique », ne saurait ne saurait avoir pour toile de fond, l’appel au départ d’un président de la République légalement élu : « Vous ne pouvez pas parler de marches pacifiques en disant que le but de la marche est de faire partir un pouvoir constitué, une autorité constituée, un personnage institutionnel, qui a acquis un mandat constitutionnel, un mandat électif, qui est l’expression souveraine du peuple camerounais. Laquelle élection a été sanctionnée par l’instance compétente en la matière, le Conseil constitutionnel », ajoute-t-il.
« Si la marche, c’était de dire que le code électoral soit révisé », moi je n’y verrais aucun inconvénient, si c’était de dire que nous sommes pour la paix, encore que ça, c’est de la démagogie, je n’y verrai aucun inconvénient. Mais à partir du moment où ils disent que Biya doit partir, ce n’est plus pacifique, parce que le président Paul Biya est un pouvoir constitué… Le rôle de l’opposant dans une démocratie représentative, n’est pas subvertir les institutions, c’est d’avoir une ligne politique qui met en question la ligne gouvernante, mais dans le respect du système institutionnel » indique l’enseignant.
Il appelle cependant les pouvoirs publics à prendre leurs responsabilités pour faire régner l’ordre, car, fulmine-t-il, la liberté ne doit être au-dessus de la souveraineté.