Le politologue Aristide Mono a formulé sur Facebook le jeudi 14 janvier 2021 ses vœux pour l’année 2021 aux camerounais. Son texte de vœux s’est articulé sur cinq catégories : les camerounais en général, les intellectuels, l’opposition et la société civile, l’ordre gouvernant et l’opposition de gouvernance, ainsi que les hommes de Dieu. S’agissant des intellectuels, le spécialiste de sciences politiques, il les invites à ne plus être des intellectuels du ventre, plutôt des lumières pour la société. « Soyons des lumières de la société et non des amplificateurs de son enterrement. Mettons nos savoirs à la disposition de la masse qui n’a pas le temps et assez d’aptitudes pour lire des thèses de 400, 800 pages ou encore pour lire des articles scientifiques qu’il faut aller fouiller toute une journée à Google et qu’on ne trouve nulle part dans le peu de bibliothèques que compte ce pays. À quoi servent des connaissances isolées dans des enclos ? », écrit-il.
Lebledparle.com vous propose l’intégralité du texte.
Bonne et heureuse année 2021 à vous tous!
MES SOUHAITS,
À l’endroit :
1- DES CAMEROUNAIS EN GÉNÉRAL
Evacuons de nos esprits cet adage qui dit << La politique aux politiciens>>. La politique c’est le propre de l’être humain. C’est ce qui nous diffère des animaux. Et la politique c’est s’impliquer dans la gestion de la chose de nous tous(la cité, l’Etat ou la respublica). Cette implication ne se fait pas seulement en entrant dans un parti politique (lutte pour des postes politiques). On peut aussi faire la politique en se limitant à la simple exigence d’une bonne gouvernance/gestion de tout ce qui revient à NOUS TOUS (l’eau, l’électricité, l’argent de la commune ou du pays, la réussite au concours administratifs lorsqu’on est méritant, le bon accueil dans les hôpitaux, l’établissement sans tracasseries de nos papiers…). L’homme est un animal politique et en République, il est un citoyen. Le citoyen c’est deux choses : les DROITS, ce que l’Etat doit faire obligatoirement pour nous et les DEVOIRS, ce que nous devons faire pour l’État. Soyons des citoyens et non des sujets (Moutons). Chassons cet adage qui prône l’auto-exclusion politique du peuple et qui a fait en sorte qu’on laisse depuis 1960 quelques malintentionnés revendiquer l’exclusivité de la gestion de la CHOSE DE NOUS TOUS et la piller tout en nous réduisant en MOUTONS (animaux non politiques) ou bétail électoral. Défendre nos droits est notre droit le plus absolu.
2- DES INTELLECTUELS
Arrêtons d’être des universitaires du NYAMA (du ventre, qui cherche lui la position) ou des ENCLOS (intellectualisme).
Un intellectuel c’est d’abord la liberté de ton. Arrêtons la mesquinerie des petits carriéristes. Nous n’avons pas à devenir des reptiles du politique. Lorsque l’intelligentsia est à genoux c’est tout le peuple qui est à plat ventre.
Soyons des lumières de la société et non des amplificateurs de son enterrement. Mettons nos savoirs à la disposition de la masse qui n’a pas le temps et assez d’aptitudes pour lire des thèses de 400, 800 pages ou encore pour lire des articles scientifiques qu’il faut aller fouiller toute une journée à Google et qu’on ne trouve nulle part dans le peu de bibliothèques que compte ce pays. À quoi servent des connaissances isolées dans des enclos ?
3- DE L’OPPOSITION ET DE LA SOCIÉTÉ CIVILE
Repensons les stratégies de mobilisation. Essayons d’amener davantage le peuple à se mobiliser pour SES problèmes quotidiens, SES problèmes prioritaires, ceux du premier stade de l’échelle de Maslow. Certes, c’est un processus qui pourrait être long mais nous ne perdons rien à l’essayer après les limites de l’éviction du régime par les urnes et les appels au soulèvement, depuis 1990. Cette tactique a deux résultats possibles, soit le régime se met au travail soit le peuple l’évince sans mot d’ordre.
4- DE L’ORDRE GOUVERNANT ET DE L’OPPOSITION DE CONVENANCE
Soyons plus humains. Éprouvons une pitié profonde pour ces âmes qui meurent de famine et pourtant il y en a pour tous. Soyons humains et ayons pitié de cette masse qui meurt à cause de la mauvaise répartition des ressources (DE NOUS TOUS) du pays, à cause de notre cynisme et notre boulimie égoïste des biens matériels. Le berger est d’abord l’esclave de son troupeau. Asseyons-nous avec les leaders sécessionnistes pour arrêter le carnage des zones anglophones. La guerre exclusive et les dialogues de façade ont montré toutes leurs limites.
5- DES HOMMES DE DIEU
Soyons vraiment les premiers défenseurs acerbes de la parole de Dieu qui est l’amour du prochain, l’amour de l’être qui est comme nous. Défendons la vie humaine, le souffle de vie sans flagornerie ni concession dans une société où trouver la mort à cause de la misère et la guerre imposées par la malgouvernance, devient banal. En situation d’exception, des hommes de Dieu d’exception: Une théologie de la libération en lieu et place de celle de la docilité!
Dr Aristide Mono