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Assemblée Nationale : Samuel Dieudonné Moth milite pour le retour de sa communauté sur ses terres

Moth Samuel AN

Le député RDPC du Nkam a prononcé un discours très protecteur à l’assemblée nationale, en faveur de sa population qu’il souhaite voir revenir sur ses terres.


Moth Samuel AN
Dieudonné Samuel Moth – capture photo

« La question de notre droit au retour est posée Monsieur le Ministre dans le mesure où cette adhésion intervient au moment où on nous annonce dans la zone une activité économique qui, sous certaines réserves à l’adhésion massive des populations. Qu’adviendra-t-il de cette activité ? Je voudrais vous assurez que nous sommes derrière vous pour défendre ce projet et ne prêtez pas trop d’attention aux gens qui agitent les réseaux sociaux en prétendant s’y opposer. Les gens qui sont concernés par les problématiques de gestion durable sont dans les villages, ils s’expriment à travers leurs chefs et leurs élus, ils ne connaissent pas internet. N’ayez pas la main qui tremble pour prendre la bonne décision. Vous avez notre soutien », écrit l’honorable.

Lebleparle.com vous propose l’intégralité de la tribune du député de la nation.

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Séance de question réponse sur le projet de loi autorisant le Président de la République à procéder à l’adhésion du Cameroun à l’accord sur la conservation des Gorilles et de leurs habitats.

Monsieur le Président je voudrais vous remercier de me donner la parole.

Permettez-moi avant d’exprimer ma préoccupation sur la convention à laquelle nous voulons adhérer, permettez-moi de saluer le travail de qualité réalisé par nos collègues de la commission des affaires étrangères.

Monsieur le Ministre,

Je voudrais avoir l’honneur et le bonheur de présenter en ma modeste personne le fils d’un déguerpi, le fils d’un déplacé, le fils d’un regroupé toujours en errance loin des terres de ses ancêtres et qui cherche désespérément à rentrer chez lui. Rentrer chez lui, dans cette terre si riche en biodiversité dont l’élément le plus visible est la forêt. La forêt d’Ebo’o.

Pour les plus jeunes d’entre nous, déguerpis, déplacés, regroupés sont des termes qu’on utilisait dans les années 60 pour vous signaler que, compte tenu des problèmes sécuritaires, posés par la guerre de l’indépendance vous ne pouvez plus rester chez vous.

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Plusieurs communautés à travers le Cameroun ont été concernées par ce mouvement qui a vu déplacer plus de 50.000 âmes dans les départements du Nkam et du Mbam.

Lors de ce déguerpissement forcé, promesse avait été faite aux communautés concernées de faciliter leur retour. Dans le cadre de ces facilités au retour, certaines communautés sont rentrées, la mienne non, faute d’infrastructures routières. Comme vous pouvez l’imaginer Monsieur le Ministre des Forêts et de la Faune, cette situation crée un sentiment de désespoir et je devrais ajouter de frustration si je n’avais pas la république chevillée au corps.

Ce désespoir s’est renforcé quand en 2006 les ONG travaillant dans le secteur de l’environnement ont annoncé leur convoitise sur notre forêt sous prétexte de la protection de la biodiversité. Je voudrais remercier ici la qualité de l’écoute que nous avons reçue du Gouvernement de la République. Cette qualité d’écoute a permis d’abandonner le projet du classement en réserve de cette forêt.

Aujourd’hui, l’inquiétude renait avec cette adhésion à l’accord de conservation des gorilles et de leurs habitants. Monsieur le Ministre, ne sommes-nous pas en train de retourner à la situation de 2006 ? En rappel lors de l’attaque de 2006 et parce que ma communauté est républicaine, nous avons dit que nous n’avons aucun problème avec la réserve à condition qu’on nous fasse des routes et qu’on nous autorise à rentrer chez nous. On nous a répondu : Nada. Votre retour va troubler les gorilles, gorilles avec lesquels nous avons vécu en bon voisinage pendant des siècles. Pour ne pas rompre les discussions, nous avons suggéré de mettre les gorilles dans les enclos. On nous a répondu : Nada. Les gorilles sont trop précieux. Nous sommes revenus à la charge en proposant qu’on nous mette dans les enclos pour la paix de nos chers gorilles. On nous a encore répondu : Nada. Heureusement nous avons été écoutés par le Gouvernement de la république. Alors quand j’entends l’honorable Cabral Libii dire « enfin on ratifie la convention sur les gorilles » je me dis qu’on n’a pas la même perception de la République. La république doit savoir attendre. La république doit savoir écouter. La république doit savoir donner la place à la négociation. Et donc oui, on peut attendre 13 ans pour ratifier une convention qui peut nuire à notre tissu social.

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Nous ne sommes pas contre la protection des gorilles mais les gorilles ne peuvent pas être au-dessus des hommes et constituer une entrave à notre droit légitime à rentrer chez nous.

La question de notre droit au retour est posée Monsieur le Ministre dans le mesure où cette adhésion intervient au moment où on nous annonce dans la zone une activité économique qui, sous certaines réserves à l’adhésion massive des populations. Qu’adviendra-t-il de cette activité ? Je voudrais vous assurez que nous sommes derrière vous pour défendre ce projet et ne prêtez pas trop d’attention aux gens qui agitent les réseaux sociaux en prétendant s’y opposer. Les gens qui sont concernés par les problématiques de gestion durable sont dans les villages, ils s’expriment à travers leurs chefs et leurs élus, ils ne connaissent pas internet. N’ayez pas la main qui tremble pour prendre la bonne décision. Vous avez notre soutien.

Monsieur le Président, j’ai volontairement parlé de ma communauté dans cette instance républicaine mais j’imagine bien qu’il y a d’autres concitoyens qui sont dans la même situation eh bien que ces derniers puissent trouver dans mes propos une forte solidarité de villageois et de défenseur de terroir. Je vous remercie.

Samuel Dieudonné MOTH

Député à l’assemblée Nationale

22 juin 2020


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