Au Gabon, l’opposition est en colère alors que la Cour constitutionnelle du Gabon vient de modifier la Constitution pour pallier l’absence du président Ali Bongo Ondimba, hospitalisé depuis trois semaines à Ryad. Une décision jugée « inacceptable’’ par l’opposition.
Tard mercredi soir, Marie-Madeleine Mborantsuo, présidente de la Cour constitutionnelle depuis 1991, a convoqué la presse pour lui faire part de la décision de la Cour de modifier la loi fondamentale afin de faire face à « l’incapacité temporaire » du président Bongo.
Sur requête du premier ministre, Mme Mborantsuo, avec les autres magistrats de la cour, s’est autorisée à « combler » une « lacune » de la Constitution en permettant, mercredi 14 novembre, qu’« en cas d’indisponibilité temporaire du président […] certaines fonctions […] peuvent être exercées, selon le cas, soit par le vice-président de la République, soit par le premier ministre ». Ainsi le vice-président, Pierre-Claver Maganga Moussavou, devrait convoquer un conseil des ministres d’ici à la fin de semaine, sans en avoir reçu l’autorisation par le chef de l’Etat, comme le prévoyait la Constitution.
L’opposition et la société civile ont dénoncé « un coup de force » et « un coup d’Etat constitutionnel » opérés par Mme Mborantsuo, pilier du régime des Bongo, d’abord du père, Omar, qui a dirigé le pays de 1967 à 2009, puis du fils Ali qui lui a succédé.
Réplique de l’opposition : « Tout cela est grossier. Pour modifier la Constitution, il faut un référendum ou que le Parlement se réunisse en congrès. La Constitution ne convient pas, alors ils la changent à leur guise. Les militaires n’auraient pas fait mieux. C’est un coup d’Etat ! », s’insurge Jean-Gaspard Ntoutoume Ayi, un cadre de l’Union nationale, fort dépourvu lorsqu’il s’agit de trouver une parade à ce tour de passe-passe constitutionnel. « Qui peut faire quoi face à cela ? » convient l’opposant avec dépit.
» C’est inacceptable », a déclaré à l’AFP Jean-Christophe Owono Nguema, sénateur de l’opposition. « Cette dame (Mme Mborantsuo) ne peut piétiner ainsi notre Constitution et brader la souveraineté du peuple gabonais, je crains le pire pour mon pays », a-t-il ajouté.
Télésphore Ondo, constitutionnaliste à Libreville, estime cependant que la Cour a un « pouvoir d’interprétation » et de « régulation des institutions » et est donc dans son droit en modifiant la loi fondamentale.