Dans une chronique en guise de rappel historique, le directeur de Publication du journal Ouest-Littoral Benjamin Zebaze revient sur le projet d’autoroute (Yaoundé- Douala) inscrit à l’ordre des « grands projets » du dernier septennat (2011-2018) par Paul Biya. Il critique vertement la méthode (empreinte de tribalisme), mise en place pour la construction de cette infrastructure qui n’a toujours pas évolué, ni n’a été utile aux Camerounais.
Ci-dessous, le texte :
L’AUTOROUTE YAOUNDE-DOUALA ET NON DOUALA- YAOUNDE : une décision criminelle
Si vous voulez comprendre ma profonde détestation du régime Biya, voilà un épisode assez parlant. Bien entendu, cela ne va pas plaire à mes frères béti, mais c’est la stricte réalité et ils n’en sont en rien, responsables.
Lorsque Paul Biya et ses équipes décident de construire l’autoroute entre les deux plus grandes villes de ce pays, de nombreux experts croient comme une évidence ceci : soit la construction commencera par Douala, soit de chacune des deux villes avec une rencontre « en chemin ».
Lorsque certains parmi eux, qui travaillent sur le dossier se présentent à la présidence de la République avec la partie du dossier sur lequel est inscrit « Projet d’autoroute Douala Yaoundé », ils sont insultés et rabroués avec violence, leurs bourreaux leur rappelant que le Chef de l’État n’a jamais parlé d’autoroute Douala-Yaoundé, mais bien de Yaoundé Douala.
Une décision d’une rare imbécilité et quasi criminelle
Vous ne comprenez pas où se situe le problème ? Vous n’avez pas l’esprit aussi tordu que ces gens là. Puisque le projet va se réaliser par tranches, ces experts, de bonne foi et n’ayant en tête qu’une logique d’efficacité, pensaient que la première tranche de 60 Km, était parfaite pour relier Douala à Edéa, la partie la plus dangereuse du tronçon.
Mais pour Paul Biya et ses proches, il fallait d’abord et avant t s’occuper du tronçon qui traverse ce qu’on appelait autrefois, le « pays béti ».
Quel est le résultat aujourd’hui ? Les 60 premiers kilomètres sont presque terminés. Les financements pour la suite ne sont pas encore concrets et cette autoroute est perdue quelque part dans la forêt de la Région du Centre et ne sert à rien.
Si cela reste en l’état, tout cela sera à refaire dans quelques années tant les fourmis, la végétation…auront eut raison de cette route inexploitée.
Si cette route avait suivi l’itinéraire inverse :
– Aujourd’hui, à l’heure où on parle, on pourrait quitter de Douala à Edéa sur cette dernière ;
– Le trajet vers Kribi serait plus sécurisé ;
– Aller de Douala à Yaoundé et vice versa permettrait de rouler sur 20% du trajet, en relative sécurité…
Par une décision ne tenant compte que de considérations purement tribales, juste pour faire plaisir à une petite clientèle béti, Paul Biya sacrifie de nombreuses vies sur un « sentier » mortifère; sur lequel j’ai déjà perdu de nombreux très proches (Mme Pius Njawe, Maître Djachechi, Mme Massing hier et sa sœur ainée…) comme pratiquement chaque Camerounais.
Bien sûr qu’on meurt sur toutes les routes, même les meilleures. Mais il semble tout de même évident qu’on meurt moins sur une autoroute que sur un « enfer » du type axe lourd Douala-Yaoundé ou Yaoundé-Douala, selon Paul Biya.
Quand je pense qu’en début 1990, lors d’un voyage entre Abidjan et Yamoussoukro, j’empruntais une autoroute…gratuite en Côte d’Ivoire…
36 années après, un vieil homme en est à de petites mesquineries, pour des objectifs fous, sans tenir compte de la vie de ses compatriotes : pouah.
Rien que du mépris pour ces gens.
Benjamin Zebaze.