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BIOGRAPHIE : Qui est Mgr Andre Wouking, feu ancien Archevêque de Yaoundé

Andre Wounking memoire

Ce mois de novembre 2018, les camerounais se souviennent de certains valeureux compatriotes qui ont quittés il y a de cela quelques années, à l’exemple de Kotto Bass et du serviteur André Wouking mort le 10 novembre 2002, alors Archevêque de Yaoundé. LeBledParle.com, vous propose le parcours élogieux de ce prélat.


Andre Wounking memoire
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Né le 14 Juin 1930 à Foto par Dschang, de Tsamo Sylvestre et de Nguimeya Anne, André WOUKING était le fils aîné d’une famille de quatre enfants, bien d’autres étant décédés en bas âge.

Baptisé deux semaines après sa naissance, il prit sa première communion en 1938 et fut confirmé en 1940.

Des concours de circonstances amenèrent ses parents, – son père était employé comme maçon à la Mission Catholique de Dschang -, à le confier très tôt au Révérend père Bader. C’est ce prêtre qui joua d’ailleurs un rôle capital dans sa vocation sacerdotale.

Le révérend père Geissler, de regrettée mémoire, l’envoya en Août 1948 au Petit séminaire de Bafang, où il entra avec onze autres jeunes. En 1949, il alla au Petit séminaire de Melong où il fit ses humanités jusqu’en 1954, année de son entrée au Grand séminaire d’Otélé. Le 09 Avril 1961, il fut ordonné prêtre à Dschang par Monseigneur Paul Bouque, seul parmi les douze qu’ils étaient au départ, tous les autres ayants été renvoyés au cours de la scolarité à cause d’une grève dont WOUKING s’est pourtant lui-même révélé être le meneur.

Aussitôt après son ordination, Monseigneur Paul Bouque, alors évêque de Nkongsamba, le nomma Vicaire paroissial et directeur des écoles et du collège Saint Laurent à Bafou par Dschang.

En Septembre 1962, il est affecté à Souza comme Vicaire paroissial, directeur des écoles de la mission et directeur du collège Herbert. Le 1er février 1965, il est nommé curé de la paroisse de Souza par Monseigneur Albert Dongmo, alors nouvel évêque de Nkongsamba.

En 1966, l’abbé André WOUKING est nommé curé de Bangangté. Il a alors à sa charge tout le département du Ndé auquel s’ajoute au plan ecclésiastique la localité de Bangou-Carrefour.

En 1967, il est nommé curé de Tamdja à Bafoussam et directeur du collège Saint Thomas d’Aquin de la même localité.

A la création du diocèse de Bafoussam en 1970, Monseigneur Denis Ngande, de vénérée mémoire, nomme l’abbé WOUKING chancelier de l’évêché, cumulativement avec ses autres charges. De 1972 à 1977, il est Curé Doyen de Bafoussam. En 1975, il est nommé Président du Tribunal ecclésiastique, puis élu en même temps Président du Conseil Presbytéral, fonction qu’il assuma jusqu’au 3 Mars 1978. Conseiller de Monseigneur Denis Ngande en 1972, il est nommé Vicaire Général le 30 Août 1976 et occupera cette charge jusqu’à la mort de cet évêque le 28 Février 1978. Le 03 Mars 1978, le Conseil presbytéral élit WOUKING vicaire capitulaire, et quelques semaines plus tard, une note de la Nonciature de Yaoundé, en date du 28 Mars 1978, lui annonce qu’il est nommé Administrateur Apostolique du Diocèse de Bafoussam par le Saint-Siège.

Le Jeudi 05 Avril 1979, Radio-Cameroun annonce que Sa Sainteté le Pape Jean Paul II vient de procéder à la nomination de l’abbé André WOUKING comme évêque de Bafoussam. Le nouvel évêque va choisir comme devise : « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute » (1 Sam 3,9).

En 1992, suite à la mise en retraite de Monseigneur Thomas Kuissi alors évêque de Nkongsamba, Monseigneur WOUKING, cumulativement avec ses fonctions d’Evêque de Bafoussam, est nommé Administrateur Apostolique dudit diocèse, charge qu’il occupe jusqu’en 1995 avant de passer le témoin à Monseigneur Dieudonné Watio, nouvel évêque de Nkongsamba nommé par le Saint-Siège.

Le 17 Juillet 1999, Monseigneur André Wouking est nommé Archevêque de Yaoundé en remplacement de Monseigneur Jean Zoa décédé quelques mois plus tôt.

Des suites d’une crise cardiaque (accident cérébro-vasculaire), Monseigneur André WOUKING meurt le 10 Novembre 2002 à l’hôpital Saint-Germain-en-Laye en France.

Il est inhumé le 22 Novembre 2002 à la Cathédrale Notre-Dame des Victoires de Yaoundé au cours d’une messe pontificale célébrée par le Nonce Apostolique Monseigneur Félix Del Blanco Prieto, en présence du Chef de l’Etat camerounais Son Excellence Paul Biya, des autres évêques, des membres du Gouvernement, du Corps diplomatique, des religieux et religieuses, de nombreuses personnalités chrétiennes et non chrétiennes, des fidèles et des sympathisants de tous bords.

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Jusqu’à sa mort, Mgr André Wouking était demeuré, vis-à-vis de sa famille, un homme insaisissable, mieux un mystère.,

QUELQUES ANECDOTES AYANT MARQUE LA VIE DE MGR ANDRE WOUKING

La vie de Monseigneur André WOUKING a été marquée par beaucoup de faits et d’actes autant pathétiques que sensationnels.

Nous n’en citerons que quelques-uns à titre illustratif pour édifier ceux qui en ont la soif :

1) Comment WOUKING (alias Mooh Tejouh Ghokeng)* devint prêtre alors que presque toutes les conditions étaient plutôt réunies à l’époque pour qu’il ne fût même jamais chrétien ? En d’autres termes, comment a commencé ce que l’on pourrait appeler le mystère de la vocation de Monseigneur WOUKING ?

Tout commence dans les années 1920 où c’est la tradition qui dictait la loi. En ce temps-là, nos villages n’étaient peuplés que des païens pour la plupart, grands polygames en plus comme ce fut le cas du grand-père paternel de Monseigneur WOUKING.

Curieusement, le père d’André WOUKING a spontanément décidé de quitter sa famille loin au village Meffet-Foto pour aller s’installer à la Chefferie Siteu près de la Mission catholique (aujourd’hui Sacré-Cœur de Dschang) pour se christianiser. Qu’est-ce qui l’avait poussé à se comporter ainsi à cette époque-là où ce sont les crânes qui été adorés et s’identifiaient aux dieux ?

La 2ème curiosité sera la fuite de Guimeya Anne, donnée en mariage à un polygame et sortant elle-même d’une autre grande polygamie. Cette fille qui deviendra plus tard la mère de WOUKING a fui ainsi, mais pour se retrouver toujours comme par hasard à la même Chefferie Siteu parce que ce Chef était l’ami de son père.

La 3ème curiosité, c’est que le Chef du Village Siteu de l’époque était lui-même un grand polygame, mais s’est très vite converti au christianisme malgré toutes sortes de barrières et contraintes traditionnelles.

C’est donc de cette manière que Tsamo Sylvestre et Guimeya Anne s’étaient rencontrés pour finir par se marier en 1928 et par la suite donner naissance à André WOUKING en 1930. Dans sa jeunesse, WOUKING était souvent pourchassé, aux dires de ses parents, par de mauvais esprits et c’est quand il se réfugiait à la paroisse qu’il retrouvait son calme. (Il n’y a pas longtemps qu’un croyant nous a confié que c’était ainsi un signe d’appel). Grandissant, il avait fini par opter pour le séminaire alors que son père avait entrepris de doter sa femme. Trop harcelé à ce propos, il avait choqué son père en lui disant : « Même si je devais me marier ce ne devait pas être avec ce genre-là ». Plus tard, alors que les prêtres blancs avaient pris rendez-vous avec son père pour venir le récupérer pour sa formation au séminaire, ce dernier s’est éclipsé à l’heure indiquée en signe de refus. Au moment où les prêtres, las d’attendre, voulaient rentrer (bredouille bien entendu), la mère de Wouking est allée faire part de son embarras à l’oncle (cadet du père), un autre grand polygame, et c’est ce dernier qui est venu remettre d’autorité WOUKING aux prêtres pour partir. Ainsi, c’est donc la mort dans l’âme que Tsamo Sylvestre a vu son premier fils, l’enfant de tous ses espoirs, lui échapper pour aller devenir prêtre. La gravité de la chose se mesure surtout au fait que la famille ne comptait que quatre enfants seulement, ayant perdu bien d’autres à la naissance ou en bas âge.

2) Devenu prêtre en 1961, il n’avait plus jamais dormi chez ses parents jusqu’à sa mort. Il pouvait effectuer 10 tournées ou visites pastorales à Dschang sans daigner visiter ses parents pourtant devenus très vieux et fatigués. Autant ne même pas parler d’une visite spécialement organisée à l’endroit de sa famille.

3) Tous ses biens, disait-il, n’étaient que la propriété de l’Eglise et sur lesquels la famille n’avait droit à aucune prétention. Il ne cessait de dire que contrairement à ce que nous pensions (ex : qu’il n’a pas d’enfants,), il avait de nombreux fils qu’étaient ses fidèles, notamment les fervents croyants. Quand nous lui avions dit une fois qu’il y avait un gros serpent à la maison et qu’il fallait qu’il vienne bénir les lieux pour le chasser, il avait répliqué qu’il ne viendra pas parce que, dit-il c’était notre ami le diable qui venait ainsi nous visiter parce que par nos agissements nous étions en train de nous éloigner de Dieu.

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4) C’était un homme très délicat, s’enflammant très vite face à des situations susceptibles d’éprouver sa foi. C’est en 1980 que, profitant de mon testament que je lui confiai à la veille d’une opération chirurgicale que je devais subir et dont l’issue pour moi était incertaine, j’obtins de lui la permission de lui poser la piquante question de savoir pourquoi il était si dur à l’égard de sa famille, pourquoi ne pouvait-il pas construire une maison et faire bien d’autres choses comme certains de ces confrères prêtres ? C’est dans ce contexte peu ordinaire qu’il eut l’amabilité de me donner la tranchante et cinglante réponse ci-après : « Ce que font certains prêtres les engage. La formation sacerdotale est régie par le droit canon. Et si c’est moi qui devait rédiger ce droit canon, Dieu seul sait combien il y aurait de prêtres. En plus, la seul chose que vous pourriez prendre chez moi si je venais à mourir, ce ne sont que mes lunettes, car tout le reste appartient à l’église».

5) Il fit emprisonner un de ses frères cadets pour plus d’un an à la suite d’un vol d’argent commis par ce dernier à l’époque dans son presbytère alors qu’il était curé à Tamdja-Bafoussam.

6) A sa sœur cadette devenue précocement veuve des suites de la mort accidentelle de son époux, laquelle (cadette) avait sollicité son aide pour constituer un petit capital de commerce afin d’élever les orphelins, il répliqua laconiquement (bien qu’il était curé et Directeur de collège) : « Aaah, je n’ai rien à te donner hein ! A part mes prières ». Quand la pauvre fondait en larmes à la suite de cette réponse amère, il entra dans sa chambre et revint lui remettre une somme de 30.000F en lui disant : « Va, Dieu t’aidera, mais si tu ne me comprends toujours pas, alors je n’y peux plus rien ». Par la suite, Dieu seul sait comment il a pu aider cette femme à élever correctement ses enfants, lesquels sont devenus des hommes et des femmes biens côtés dans la vie active et sur la scène sociale.

7) Un « extra-terrestre » caractérisé par son désintéressement vis-à-vis des convoitises de l’homme sur terre : la richesse sous ses diverses formes, l’influence, les honneurs, le luxe, les loisirs, les délices de toutes sortes, pas de compte bancaire ni chéquier, ….

8) Souvent incompris par beaucoup, il martelait : « après tout je n’ai de compte à rendre qu’à Dieu ».

Au bout du compte, en nous en tenant au peu sus-évoqué et à bien d’autres bien nombreux témoignages récoltés çà et là de la part des bénéficiaires de ses prières et bénédictions (objets de publications disponibles), il y a tout lieu de constater et croire que Mgr Wouking était manifestement un missionnaire et prophète du Christ à sa manière, mais méconnu comme tel par les siens et ses semblables.

De nos jours, bien de croyants, même en pleine célébration de messe à la Cathédrale de Yaoundé, choisissent plutôt d’aller prier devant sa tombe en guise de leur part de culte pour aussitôt prendre congé des lieux. Nous n’osons pas par-là insinuer qu’il s’agit d’une attitude recommandable.

  1. E. SONKIN

Frère cadet et père par succession


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