Dans une interview accordée au Magazine Douala.ckoment, le musicien camerounais Blick Bassy , lauréat du Grand prix littéraire d’Afrique noire 2017 pour son 1er roman « Le Moabi cinéma », paru en 2016 revient sur les objectifs de son ouvrage.
Si à travers les textes de ses chansons on lui reconnaissait déjà une belle plume, Blick a toutefois surpris en publiant en 2016 son premier roman comme le rapportait Lebledparle.com, lequel lui a permis de devenir en Avril 2017 le 13e camerounais à recevoir ce prix après des poids lourds de la littérature camerounaise tels que Calixte Beyala ou Francis Bebey. Interview
Pour commencer félicitations pour le Grand Prix Littéraire d’Afrique noire.Ca fait quoi de recevoir un tel prix ?
Recevoir un tel prix vient tout simplement me conforter dans la démarche qui est la mienne, celle où le désir et l’action sont le moteur d’une vie. Au-delà de Cela, cette consécration permet de décupler le message que je voudrais faire passer à travers ce roman.
A quel moment as-tu décidé de te lancer dans l’écriture romanesque ?
En tant qu’auteur compositeur j’ai toujours écrit à travers mes chansons des scènes de vie, des rêves qui parfois peuvent sonner utopique. Passer à la matérialisation au format papier de mon imagination n’a été qu’une suite longue de différentes scènes que déjà je décris à travers mes chansons.
De quoi parle « Moabi Cinéma » ? Et dis-nous en plus sur le titre de ce livre ?
Le Moabi qui est un arbre géant au même titre que le baobab inspire la transmission du savoir, Mais est également un témoin de l’histoire. Ici dans mon roman il joue le rôle d’un media. Le Moabi Cinéma est l’histoire de 5 jeunes camerounais qui rêvent de partir après leurs études secondaires car ils n’ont aucun espoir de réussite dans leur pays. Boum Biboum le personnage principal va se retrouver en face du Moabi Cinéma alors qu’il va à la recherche Du ballon de football lors d’un match de quartier. La découverte de ce Moabi caché dans une petite forêt en périphérie de la ville de Yaoundé protégée par l’armée du pays va bouleverser leurs vies.
Pourquoi avoir choisi d’axer ton roman sur l’histoire de jeunes africains en partance pour l’Occident ?
L’idée m’est venue lors de l’un de mes voyages au Cameroun et dans d’autres pays d’Afrique. Je me suis rendu compte qu’il y avait une grosse sensibilisation autour du sida, du paludisme et jamais j’en avais vu autour de l’émigration, pourtant nous avons de manière quotidienne des jeunes ressortissants de nos pays qui périssent dans la Méditerranée. Je me devais alors de faire quelque chose, à ma façon.
Il y’a-t-il dans ce livre une partie de ton histoire ?
Non pas vraiment. C’est de la pure fiction. Je voulais également revenir sur les mensonges institutionnels comme la notion « des droits de l’homme » qui prône l’égalité entre humain et n’est même pas respectée par ceux-là même qui comme des perroquets la brandissent pour telle ou telle raison. La vérité est que nous vivons dans un monde où c’est la loi du plus fort et qu’un enfant né au Cameroun en même temps qu’un autre né en France , ces deux humains qui arrivent sur la terre ne sont déjà pas égaux car le petit français a le droit de circuler et d’aller où il veut alors que le camerounais aura besoin de visa , sachant que les frontières de son pays et le système de visas sont l’œuvre de ceux-là même qui lui imposent un visa.
Quel est l’auteur qui te fascine le plus ?
Mongo Beti est mon Héros, nous devons davantage célébrer nos philosophes, nos intellectuels…
Tu es le 13e camerounais à recevoir ce prix après des poids lourds de la littérature camerounaise tels que Calixte Beyala ou Francis Bebey. Doit-on s’attendre à ce que tu te lances dans une véritable carrière d’écrivain ?
Ahaha ! Je suis déjà lancé
Pour finir un dernier mot pour les jeunes camerounais ?
J’encourage les jeunes camerounais à exister à travers le désir et l’action, car la politique la vraie, celle qui changera notre quotidien partira du bas, ceci à travers l’action citoyenne de chacun d’entre nous.
© Entretien avec Douala.ckoment