Dans une sortie épistolaire partagée sur son compte Facebook le lundi 31 août 2020, le président du Parti camerounais pour la réconciliation nationale répond «à ceux qui ne cessent de m’interpeler sur la récente tournée politique dans le septentrion».
Lebledparle.com vous livre ci-dessous l’intégralité de son texte.
Je préfère le dire très clairement : On ne peut pas diriger un pays qu’on ne connait pas. On ne peut pas diriger un peuple qui ne nous connait pas. Nous irons habiter au septentrion s’il le faut. Nous nous attèlerons à ratisser large, à former nos camarades, à partager notre offre avec nos compatriotes, nous ferons corps avec les camerounais où qu’ils se trouvent.
Nous avons découvert que le septentrion présente des particularismes d’ordre économique, sociologique, politique, culturel et religieux qui commandent qu’une attention particulière lui soit accordée par tout acteur politique sérieux.
A la vérité, et contrairement à certaines idées reçues, le septentrion n’est pas qu’un vivier électoral, c’est le poumon économique du Cameroun. Pour quiconque a effectué le trajet par route vers les régions septentrionales, il est toujours frappant de voir le nombre de gros-porteurs convoyant la nourriture, que l’on croise en direction du « sud ». Et pourtant lorsqu’on fait le chemin inverse, il n’en n’est rien.
En fait, très peu connaissent bien cette partie du pays dont nous ne nous nourrissions que de clichés. Nous avons découvert toute autre chose en y allant travailler sur le terrain. Lorsqu’on a parcouru le septentrion et qu’on commence à le connaitre, on ne peut ne pas être frappé par une situation étonnamment contrastée. La partie septentrionale est un trésor volontairement ou involontairement ignoré. En plus d’être un « réservoir électoral » de réputation établie, c’est surtout pratiquement le grenier national (ignames, mais, sorgho, bovins, poisson, oignons, riz, arachide etc.), la source d’eau nationale, la réserve foncière nationale, le meilleur relief national à potentiel touristique et infrastructurel connu, une source variée d’énergie à potentiel rare, un potentiel démographique, une langue véhiculaire etc. Il est donc incompréhensible que lorsqu’on évoque cette partie du pays, qu’on ait tendance à n’insister que sur pauvreté, malnutrition et les autres retards… Cela est probablement volontairement entretenu pour justifier une affectation des lignes budgétaires à destination gabaergique et des programmes d’aides internationales que les vautours bénéficiaires veulent pérenniser. Une autre chose frappante est le nébuleux «consensus» pour la survivance d’une petite élite «soumise», plus soucieuse «de la ramener la victoire» pour «mériter» son maintien aux affaires (une vraie entourloupe), que d’afficher le courage nécessaire pour revendiquer ce qui est légitimement dû à ces populations désemparées. On y revient.