Le président national du Parti camerounais pour la réconciliation (PCRN) indique la voie par laquelle l’alternance aura lieu au Cameroun.
Sur les trois hypothèses envisageables pour une alternance au Cameroun, le député de la nation pense que la transition exécutive ne passera pas par un coup d’état militaire, par une insurrection populaire, mais par les urnes.
« De mon point de vue (et je reconnais que je peux me tromper), seule la troisième voie (Une alternance par les urnes, Ndlr) est porteuse de moins d’incertitudes et à la portée du peuple. Mais pour autant, pour y arriver, il faut constituer la masse critique électorale comme contre-pouvoir aux machinations et tentatives de fraudes du pouvoir. Avoir Au moins 11 millions d’inscrits et qu’au moins 85% aillent voter le jour J, fait basculer le rapport de forces électoral en faveur du peuple. Mais pour y arriver, les acteurs politiques et les leaders d’opinion doivent absolument tenir un discours positiviste. Dire au peuple que c’est possible, lui redonner confiance à ses capacités de se libérer des « petites cordes mentales ». Cette rééducation mentale peut prendre un certain temps, mais le succès sera coup sûr au rendez-vous. J’y crois dur comme fer », écrit le candidat arrivé 3ème à la dernière élection présidentielle au Cameroun.
Lebledparle.com vous propose l’intégralité de la tribune.
L’impuissance Apprise En Politique: Le Cas Du Cameroun
Depuis quelques jours tournent en boucle les images du Mali et des manifestations gigantesques contre le pouvoir du Président IBK pourtant « démocratiquement » élu et dont le mandat n’est pas encore arrivé à terme.
Ce pays pour un camerounais d’aujourd’hui semble fascinant du point de vue politique. Il doit bien se demander comment l’opposition malienne a fait pour mobiliser une foule aussi immense pour l’objectif de l’alternance immédiate ? Plus loin, comment le Mali et d’autres pays d’Afrique de l’Ouest font pour avoir des taux de participation aux échéances électorales qui tournent au minimum à 70% alors qu’au Cameroun nous faisons à peine la moitié de ce score. D’ailleurs lors des dernières élections législatives et municipales, ce taux était encore plus faible qu’à l’élection présidentielle.
On est donc en droit de se demander comment un peuple qui a été très vite imprégné des luttes politiques d’abord contre le colon (Douala Manga Bell, Ngosso Din, Martin Paul Samba, Um Nyobe, Ossende Affana), ensuite contre le pouvoir dit « neocoloniaux » en place (Mongo Beti, Ernest Ouandie, ) et surtout était pleinement mobilisé aux premières heures du multipartisme dans les années 90, a pu progressivement sombré dans la résignation politique ?
Depuis l’élection présidentielle de 1992, les taux de participation aux élections n’ont cessé de dégringoler pour se réduire à une portion congrue aujourd’hui. Au delà de toutes les causes logiques invoquées de cette triste situation (mauvais code électoral, fraudes électorales, etc), je crois que la vraie raison est ailleurs: Un ressort s’est probablement cassé dans le mental politique du peuple camerounais.
Pour comprendre ce qui s’est passé, il faut lire les travaux du psychologue Martin Seligman sur le concept de L’IMPUISSANCE APPRISE, en anglais « Learned Helplessness ».
Martin Seligman et ses collègues dans les années 60 ont démontré que face à de petits chocs électriques incontrôlables, un animal finit par s’installer dans l’apathie et la résignation. ils ont aussi démontré qu’attachant par exemple un animal comme l’éléphant ou le cheval étant petit à une petite corde, devenu adulte, cet animal pouvait rester attaché à cette « petite » corde, alors que suffisait un petit mouvement pour la couper et se libérer. Il a appelé ce phénomène l’IMPUISSANCE APPRISE. L’animal a appris dès son jeune âge qu’il ne pouvait pas couper cette petite corde et se libérer. Parvenu à l’âge adulte, l’impuissance de se libérer de cette corde, malgré la force physique qu’il détient désormais est bien ancré dans sa tête. Il restera donc toujours attaché à cette petite corde jusqu’à sa mort.
Quelle Leçon En Politique ?
Le peuple camerounais est l’un des plus cultivé et des plus éveillés d’Afrique. Mais c’est un peuple traumatisé par l’échec. Des échecs à répétition. Les acteurs de La lutte contre l’indépendance, largement soutenu par le peuple ont échoué à prendre le pouvoir, gracieusement remis à une autre personne. Des mutins ont échoué leur tentative de coup d’État en 1984, ce qui à cette époque était la chose la plus réussie en Afrique. Un parti d’opposition, malgré sa victoire présumée a échoué à accéder à la magistrature suprême en 1992. En 2008, les émeutes de la faim ont été écrasées par le pouvoir avant qu’elles ne puissent avoir l’ampleur attendue. Toutes les élections depuis 1992 sont émaillées de fraude, dans la plus grande indifférence de la communauté internationale.
Toute cette succession de traumatismes a fini par installer le peuple dans la résignation mentale et politique. Face à ce désarroi, le pouvoir dos au mur, reprend de l’assurance. Il se dit que s’il a déjà fait 30 ans au pouvoir, il peut faire 30 ans de plus. On rentre donc dans un cercle vicieux dans lequel seul le peuple est perdant.
Cette résignation politique du peuple est malheureusement alimentée par les discours défaitistes de certains acteurs politiques et leaders d’opinion. Ils utilisent (inconsciemment) des petites « cordes mentales » qui attachent le peuple à son fatidique sort. À ce sujet, des raisons (parfois très pertinentes ) seront mises en avant; ils parleront de la préalable modification du code électoral, des procédures administratives tortueuses, du harcèlement (inadmissible) des autorités, du soutien réel ou imaginaire des grandes puissances coloniales au régime en place, de la trahison ou du non alignement de tel ou de tel autre acteur politique, etc…
Tous ces « petites cordes » mentales vont créer et/ou renforcer L’IMPUISSANCE APPRISE POLITIQUE chez le peuple. La berceuse de l’affecte s’enrichit chaque jour de nouveaux couplets soporifiques. Y en a qui croient que dire tout le temps ce qu’on sait avec de nouveaux mots, relève du génie.
Que Faire?
L’alternance au Cameroun est possible par 3 mécanismes :
- 1. Un coup d’État militaire;
- 2. Un insurrection populaire;
- 3. Une alternance par les urnes.
De mon point de vue (et je reconnais que je peux me tromper), seule la troisième voie est porteuse de moins d’incertitudes et à la portée du peuple. Mais pour autant, pour y arriver, il faut constituer la masse critique électorale comme contre-pouvoir aux machinations et tentatives de fraudes du pouvoir. Avoir Au moins 11 millions d’inscrits et qu’au moins 85% aillent voter le jour J, fait basculer le rapport de forces électoral en faveur du peuple.
Mais pour y arriver, les acteurs politiques et les leaders d’opinion doivent absolument tenir un discours positiviste. Dire au peuple que c’est possible, lui redonner confiance à ses capacités de se libérer des « petites cordes mentales ». Cette rééducation mentale peut prendre un certain temps, mais le succès sera coup sûr au rendez-vous. J’y crois dur comme fer.
L’impuissance Apprise Politique est le seul allié au régime moribond de Yaoundé qui veut s’éterniser au pouvoir pour les 30 prochaines années. Elle fait effectivement mal à notre peuple, mais elle nest pas une fatalité. Nous pouvons ensemble la traiter pour vivre enfin dans Un Cameroun Qui Protège Et Qui Libère Les Énergies.
Honorable Cabral LIBII