Dans un entretien accordé au magazine C Koment de cette semaine, Calixte Beyala continue d’exprimer son désamour pour Maurice Kamto.
En effet, son interlocuteur lui a demandé de donner son appréciation sur la vie politique au Cameroun. L’écrivaine franco camerounaise est revenue sur la dernière élection présidentielle et réaffirme que le leader du MRC n’a pas gagné les élections. Pour elle, c’est impossible parce que le parti RDPC a un maillage territorial et ne pouvait pas perdre l’élection présidentielle. Elle poursuit en indexant l’entourage de Maurice Kamto. Bien plus, elle estime que ce dernier est assoiffé du pouvoir.
« Je n’ai pas beaucoup apprécié Kamto, pas en tant qu’homme, mais par cette espèce de mensonge qu’il environne en permanence. Qui m’a beaucoup interrogé en tant que femme, en tant que citoyenne, en tant qu’intellectuelle. Je l’ai trouvé malhonnête, je n’ai pas apprécié du tout cette déclaration comme quoi il aurait gagné des élections qu’il n’a pas gagné parce que c’est évident qu’il n’a pas gagné. Je veux dire que c’est évident, on n’a pas besoin d’inventer la poudre quand on voit au combien le RDPC est implanté dans le pays, c’est impossible aujourd’hui. Le RDPC pourrait même présenter un chat que ce chat va gagner. Je suis désolée de le dire. C’està-dire qu’il y a une telle implémentation dans chaque recoin du pays, que tu ne peux pas gagner. Que maintenant on se batte pour que les choses changent qu’on affaiblisse un peu ce RDPC, ça va demander du travail, beaucoup de travail, beaucoup de lucidité, d’investissement personnel, c’est sûr que le RDPC est un parti Etat, et on ne peut pas battre un parti Etat. Donc je n’ai pas apprécié qu’un homme politique, que j’estimais être un homme politique du futur, pour 2025, mente. Et qu’il entraine avec lui une frange de la population camerounaise, dans la haine de l’autre, dans le tribalisme, parce que dès que vous dites que Kamto a tort, on dit que vous êtes tribaliste, c’est systématique, tout le monde est tribaliste. C’est-à-dire que 90% des camerounais, qui n’ont pas été voté Kamto sont des tribalistes. C’est quand même hallucinant. Même des gens qui sont issus des familles comme moi, des familles métissées, on est aussi traités de tribalistes. Donc on ne peut pas encourager ce type de comportement, avec cet espèce de pied d’appel à l’étranger pour détruire le pays, parce qu’il y a ça aussi. Chez lui il y a une provocation pour ramener l’intervention étrangère dans notre pays. Moi qui ai connue des interventions étrangères dans des pays comme la Libye, ou la côte d’ivoire, je dis c’est très mauvais. Vous savez, quand ces étrangers arrivent, ils tuent tout le monde. Ils cassent tout. Ils ne vont pas dire « voilà la maison de Kamto, voilà la maison de Beyala, voilà la maison de Kamdem… » Ils tuent tout le monde, ils bombardent tout le monde, ils détruisent tout, ils s’en foutent ce n’est pas chez eux, et ils repartent. Donc je trouve qu’il y a quelque chose d’irresponsable dans ce qu’il est en train de faire, parce que dans son for intérieur il sait qu’il a perdu. Moi je suis quelqu’un qui n’a pas sa langue dans la poche. Je veux dire que s’il avait gagné j’aurais été la première à dire à Biya « allez maintenant vous dégagez il a gagné » je connais mon caractère, et je pense que tout le monde le connait. Je ne suis pas quelqu’un qui triche avec les choses. Donc je n’ai pas apprécié, moi qui me suis beaucoup battue pour le panafricanisme, qui a eu des implications énormes. Que ça soit sur le cas ivoirien, c’est moi qui me suis levée la première. Que ça soit sur le cas Libyen, j’ai eu des contre fiscaux, des menaces des occidentaux par rapport à mes prises de positions sur ces pays-là pour les défendre, pour que les occidentaux quittent ces pays-là, ne tuent pas les gens. Comment voulez-vous que je puisse supporter au Cameroun un de mes compatriotes qui veut nous ramener à la colonisation. Parce que c’est ça le truc. L’important pour M. Kamto n’est pas le bien-être du peuple camerounais ou du Cameroun, l’important pour lui c’est d’être au pouvoir, à n’importe quel prix et par tous les moyens. Et ça, je trouve cela dommage, tandis que le panafricanisme avance, il y a des gens qui veulent nous ramener vers le passé », peut-on lire dans les colonnes de C Komment.
L’écrivaine attribue plutôt des bons points à Cabral Libii et Joshua Osih, comme l’a indiqué Lebledparle.com dans un précédent article. « Je participe au débat social, en donnant mon point de vue qui ne plaît pas toujours, mais je m’en fou », martèle-t-elle.