Calixthe Beyala : « La présidence au Cameroun devrait être rotatif pour permettre à chacune des dix régions d’exercer un jour les plus hautes fonctions »

Rotation régionale du pouvoir

Le Cameroun a connu deux présidents, jusqu’ici, Ahmadou Ahidjo et Paul Biya encore en activité. Dans le débat en cours sur la transition politique et la succession de Paul Biya, la femme de littérature qui est déjà contre le pouvoir dynastique propose une rotation régionale du pouvoir. « La présidence au Cameroun devrait être rotatif pour permettre à chacune des dix régions d’exercer un jour les plus hautes fonctions. Chaque mandat devrait durer 8 ans non renouvelable. Cela évitera les frustrations et les risques de dislocation du Cameroun », écrit Calixthe Beyala.

La femme de littérature rejoint sur ce point, le Pr Joseph Owona qui a proposé la rotation du pouvoir Dans son livre paru chez l’Harmattan et intitulé « Systèmes politiques précoloniaux au Cameroun ». L’enseignant de droit constitutionnel invite les institutions camerounaises à une « alternativité équitable » de la gestion du pays. L’universitaire propose des ébauches de solutions pour améliorer le mode de gouvernance de la « cité ». « (…) Une des solutions d’avenir de nos institutions sera d’inventer l’alternativité équitable dans le Cameroun réputé comme étant une Afrique en miniature. L’alternativité régionale s’avèrerait peut-être la plus souhaitable, consistant en une rotation du pouvoir suprême entre toutes les régions du pays ; Nord, Sud, Extrême-Nord, Ouest et Est, rompant avec le fameux ping-pong Nord-Sud», lit-on dans l’extrait de son livre, tiré des colonnes de La Nouvelle Expression du mardi 26 janvier 2016.

Pour Joseph Owona, faire roter le pouvoir favorisera la croissance du pays et aussi, c’est une garantie du maintien de la paix au Cameroun. « Quand vous avez un pays où il y a 230 langues, si vous voulez diriger le pays, il faut savoir comment l’unifier. Il faut trouver un moyen », a-t-il déclaré au cours de la présentation de l’ouvrage vendredi 22 janvier 2016 à l’Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC).

Dans son livre l’auteur explique que « l’alternativité régionale » est la rotation du pouvoir suprême entre les régions. Il s’est ainsi inspiré des chefferies Bali Kumbat, qui selon lui, représentent seules, l’exemple de « dynasties alternatives ». Depuis l’existence de ce royaume en 1834, 3 clans royaux alternent au trône : les Galabe, les Gwanyin et les Nyamnyin, nous dit-on.

Assainir le Cameroun

Le pays de Um Nyobe se porte mal et elle souhaite qu’on procède par un assainissement sur plusieurs plans pour que le pays retrouve sa noblesse. « Le Cameroun a un besoin urgent d’être assaini sur le plan moral, psychologique, civique et économique. On ne peut pas continuer avec un système où tout est perverti ; on doit revenir à la loi des équilibres nécessaire à l’épanouissement des peuples et des états », a écrit Calixthe Beyala dans une précédente publication