Après presque 9 mois passés dans les geôles de la prison centrale de Kondengui, le Trésorier du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) qui a recouvré la liberté le 5 octobre 2019 est reparti au tribunal cette fois-ci comme plaignant, nous apprend l’hebdomadaire Kalara dans sa publication de cette semaine.
Selon le récit de notre confrère, le militant du MRC accuse les éléments de la garde de l’Assemblée nationale de l’avoir molesté et bastonné lors d’une manifestation organisée dans la rue côtoyant l’hémicycle de Ngoa-Ekellé en 2015.
« Trois jours seulement après sa libération, Alain Fogue, enseignant de droit, par ailleurs Trésorier du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) est reparti devant le tribunal militaire de Yaoundé (TMY). Il comparaissait avec Roger Justin Noah, son camarade du parti dans l’affaire qui les oppose aux responsables de la sécurité de l’Assemblée nationale à l’époque des faits, le capitaine Ekani A. Eloundou René Aimé, ainsi que les adjudants Tembe Humpfred Muki, Enguene Jean Baptiste, Filip Motor sans oublier le maréchal de logis-chef Moïse Nkoyock. Ces derniers sont traduits en justice pour répondre des faits de blessures simples et blessures légères, en coaction », raconte le journal de Christophe Bobiokono.
En substance, il ressort des témoignages de M. Fogue Tedom Alain et M. Noah Roger Justin que le 4 décembre 2015, en compagnie d’autres membres de leur parti, ils se sont rendus aux abords de l’Assemblée nationale en pleine session budgétaire, pour y distribuer des tracts pour le compte du MRC. Le capitaine Ekani et ses collègues vont demander aux militants du MRC de s’éloigner de l’institution. En fait, ils leur ordonnent de traverser la route en direction du Lycée général Leclerc situé en face de l’Assemblée nationale. Les manifestants du MRC vont opposer un refus catégorique aux gendarmes, leur indiquant qu’« ils ont le droit de mener leurs activités sur le trottoir qui est un lieu public ».
« Il surviendra donc une altercation entre les plaignants et les forces de maintien de l’ordre qui se terminera par des échauffourées, à la suite desquelles des manifestants seront grièvement blessés. Alain Fogue Tedom va s’en tirer avec une jambe cassée et plusieurs blessures qui lui ont valu 35 jours d’incapacité de travail et M. Noah s’en sort, quant à lui, avec des blessures et 21 jours d’incapacité de travail. Pour soutenir cette accusation, les plaignants vont présenter au tribunal leurs certificats médicaux. Du côté de la défense, le commandant de la gendarmerie sera le seul à prendre la parole pour s’expliquer sur les accusations portées contre leurs personnes. Eloundou a nié les faits qui leur sont reprochés. Pendant plus de trois heures, il explique que les faits du procès se sont déroulés au moment de la séance plénière de l’Assemblée nationale de décembre 2015. Il se rappelle qu’après avoir installé le président Cavaye Yéguié à l’intérieur de la salle des cérémonies, il sera informé que les militants du MRC barrent l’entrée du Palais des verres de Ngoa-Ekellé. M. Ekani indique que l’information sera confirmée par un de ses éléments et un haut responsable de la chambre qui lui donnera l’injonction de rétablir l’ordre à l’enceinte de l’institution parlementaire qui était en train d’être envahie par un groupe de militants du MRC arborant des teeshirts blancs et tenaient des tracts, qui avaient traversé les deux postes de contrôle. Face à cette situation, il dit avoir demandé à M. Fogue de convaincre ses camarades à sortir de l’hémicycle et de lui remettre 180 tracts, qu’il allait déposer dans les box des députés. Cette proposition sera malheureusement rejetée, regrette le gendarme.
Devant l’entêtement de la bande à avoir informé sa hiérarchie de la situation avant de former une vague de refoulement qui consistait à expulser les manifestants du Palais de verres. La stratégie va marcher. Et un barrage va être érigé à l’entrée du parlement. C’est alors que les partisans de Maurice Kamto vont se jeter par terre en criant « Tuez-nous ! Tuez-nous ! ». Le principal accusé soupçonne les roulades sur le sol d’être à l’origine de la fracture des membres des plaignants. i L’homme en tenue raconte que l’encombrement de la voie par les militants du MRC va le contraindre à ordonner à ses éléments d’ouvrir l’accès arrière de l’Assemblée nationale pour permettre aux délégations de prendre part aux travaux de la session plénière », lit-on dans Kalara.
Le journal poursuit en indiquant que M. Ekani affirme avoir fait appel aux autorités administratives et militaires pour éloigner les envahisseurs. C’est le colonel Mboum, témoin de la défense et le sous-préfet de l’arrondissement de Yaoundé 3e vont conduire les manifestants jusqu’au Cetic de Ngoa-Ekelle. Répondant aux questions des avocats le chef de la sécurité de l’Assemblée nationale nie avoir brutalisé le Pr Fogue et M. Noah. Le haut gradé précise qu’une fois la situation maîtrisée, il a fait un rapport verbal au Secrétaire général de l’Assemblée nationale qui l’en a félicité. Il a qualifié de « fausses » et de « montages » les photographies présentées par l’accusation. Il en est de même, pour les certificats médicaux. Il ajoute que si un des quatre coaccusés avait porté main sur un manifestant, il l’aurait sévèrement puni.
Dans le souci de la manifestation de la vérité, un des conseils des plaignants va demander au tribunal d’ordonner que les services de la sécurité de l’Assemblée nationale produisent la vidéo de cette altercation. Cette demande sera bottée en touche par Me Belinga, l’avocat de la défense qui estime que c’est celui qui allègue un fait, doit en a apporté la preuve. Le tribunal va rejeter la demande de l’accusation et suspendre l’audience. L’affaire a été renvoyée au 10 décembre 2019, pour la suite des débats.
Kalara rappelle que cinq gendarmes chargés de la sécurité de l’Assemblée nationale sont traduits devant le tribunal militaire de Yaoundé. Ils sont accusés de graves violences sur les militants du parti de Maurice Kamto, le 4 décembre 2015, alors qu’ils distribuaient des tracts aux abords de la Chambre basse du parlement pour revendiquer la révision du code électoral. Le dialogue des sourds entre les manifestants du MRC et les gendarmes va dégénérer en une altercation.