Le tôlier camerounais dans une note tarifaire signée le 1er octobre 2021, indique dès le 4 octobre, les onduleurs (producteurs de tôles Ndlr) qui s’approvisionnent chez lui vont devoir débourser un peu plus cher pour obtenir leur matière première.
Ainsi, la nouvelle grille stipule que le kilogramme de bandes à onduler de petites épaisseurs (0,35 mm) est désormais cédé aux transformateurs à 2 224 FCFA toutes taxes comprises (TTC), contre 2 355 TTC pour les bandes de grandes épaisseurs (5/10 et 7/10), fait savoir le mastodonte de l’aluminium dans la zone Cemac.
Depuis avril 2021, ces produits coûtaient encore respectivement 2051 FCFA et 2045 FCFA TTC. Ce qui révèle une hausse de 173 (+8,4%) et 310 FCFA (+15,1%) le kilogramme, selon les épaisseurs.
Sous ce rapport, la société d’État du Cameroun implémente ainsi une décision qui devait préalablement entrer en vigueur depuis le 12 juillet 2021, avant d’être suspendue, officiellement pour « des raisons administratives liées » à ses « activités internes ». Au lieu de l’augmentation de 8% annoncée sur tous ses produits, Alucam met une couche supplémentaire sur ses bandes à onduler de 0,5 et 0,7 mm, dont le kilogramme se renchérit finalement de 15%.
Selon notre confrère Investir au Cameroun,cette revalorisation des prix survient dans un contexte marqué par une hausse des prix des matières premières (60,87% en un an) et des transports sur le marché international (166% entre 2019 et aujourd’hui). Ce qui augmente les approvisionnements d’Alucam en alumine (hausse de 52% entre juillet 2020 et juillet 2021), sa propre matière première.
« Mais, l’augmentation des prix par cette entreprise publique survient surtout au moment où l’État du Cameroun, actionnaire unique d’Alucam, freine des quatre fers toute hausse des prix dans les autres secteurs d’activités subissant également les affres des tensions inflationnistes sur le marché mondial. C’est le cas des cimentiers et producteurs de fer qui plaident depuis plusieurs mois pour une révision à la hausse des prix de leurs produits sans succès pour l’instant », fait savoir notre confrère.
De l’avis des opérateurs de la filière des matériaux de construction, la décision que vient de prendre Alucam aura pour conséquence directe d’ouvrir la voie à la spéculation sur toute la chaîne de commercialisation des tôles dans le pays, avec pour corollaire une augmentation du prix final au consommateur.
Au demeurant, la décision prise par les responsables d’Alucam, semble capitale pour cette société d’État, en difficultés depuis 2015, date du départ de son tour de table de Rio Tinto Alcan, qui en était le partenaire stratégique. En effet, désormais incapable de payer ses consommations d’électricité auprès d’Eneo, Alucam a vu ses exportations chuter pratiquement de moitié depuis l’année 2017, selon les données de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac).
L’année 2021, malgré la reprise de l’activité économique dans le pays après les ravages du Covid-19, s’annonce également très peu reluisante au sein de cette entreprise publique. En effet, pour le seul premier semestre 2021, les exportations d’Alucam sont en baisse de 34,7% en glissement annuel, à en croire le rapport sur le commerce extérieur du Cameroun récemment publié par l’Institut national de la statistique (INS).