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Cameroun : Bibou Nissack exprime son sentiment après le retrait du MRC des élections locales de 2020

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Olivier BIBOU Nissack, porte-parole de Maurice Kamto, a répondu aux questions de ABK Radio, au lendemain de la décision officielle du directoire du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun, de boycotter les prochaines élections locales.

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Olivier Bibou Nissack (c) Droits réservés

Lebledparle.com vous propose l’intégralité de cette interview réalisée par Luc Ngatcha.

Bonjour M. Olivier BIBOU Nissack et bienvenue sur ABK Radio.

C’est moi qui vous remercie.

M. BIBOU NISSACK, le landernau politique a reçu ce coup de tonnerre de votre parti, le MRC n’ira pas aux élections municipales et législatives du 09 février 2020. Une décision que certains militants et cadres du parti ont du mal à avaler. Qu’est-ce qui s’est réellement passé ?

Aujourd’hui, le MRC et son président élu en dehors de toute fraude électorale à l’occasion de la dernière élection présidentielle, étaient confrontés à une question cruciale, celle de la cohérence. Souvenez-vous qu’en 2013, lorsque le MRC se présente aux élections, le parti est victime d’un hold-up électoral scandaleux, une simple opération de braquage électoral. Le MRC se présente devant la section de la Cour suprême en charge des contentieux, mais n’obtient pas gain de cause dans le cadre des opérations judiciaires des contentieux électoraux conduites par le magistrat Clément ATANGANA.

À l’époque, les requêtes concernant les élections législatives sont systématiquement rejetées à cause de l’article 49 du dispositif légal qui organise le fonctionnement du Conseil constitutionnel et en vertu duquel, chaque contestataire d’une élection (au plan législatif) doit mettre le nom de celui qui a gagné ou a été déclaré vainqueur et dont il conteste l’élection. Mais il se trouve qu’au moment où le contentieux est conduit, les résultats officiels ne sont pas encore proclamés, donc on ne peut pas matériellement procéder à l’établissement d’une requête jugée recevable parceque cette condition dans le dispositif légal est considérée comme une condition qui, lorsqu’elle n’est pas remplie, rend la requête irrecevable.

C’est un premier préalable. Donc à cette époque, malgré les valises et cantines entières de PV qui démontraient la victoire du MRC qui avait été grossièrement tronquée par l’instance en charge des élections à cette époque. La section de la Cour suprême en charge des contentieux avait rejeté les requêtes du MRC systématiquement.

Entre 2013 et 2018, il se trouve que pour la première fois dans l’histoire institutionnelle du Cameroun, le Conseil constitutionnel a été mis en place. Le MRC et le président du parti, candidat à l’ancienne présidentielle ont préféré donner une chance à cette instance, et de ne juger ce conseil qu’au pied du mur, au-delà des a priori et procès d’intention. En Mondovision, le maçon constitutionnel a échoué, il a été un piètre médiateur, un piètre arbitre, il a été partisan. Il a scandaleusement acté les fraudes qui ont permis les résultats qu’il a lui-même proclamés de façon frauduleuse et en violation des conditions qui régissent son propre fonctionnement et sa propre organisation. Il faut rappeler que ce conseil est constitué des affidés du pouvoir et de leur parti qui est le RDPC.

C’est donc fort de tous ces constats que la réalité se présentait au MRC. Fallait-il dans les mêmes conditions repartir à l’abattoir électoral en donnant l’occasion à un gang institutionnel orchestré et conduit par un chef de gang dans le vol électoral ? Fallait-il encore leur donner la possibilité de réitérer un crime, un délit grave, qui est celui de détourner une énième fois le vote des Camerounais, nous disons NON. Il faut savoir que jusqu’à lundi 25 novembre à midi, le Pr Maurice KAMTO, pensait que dans un sursaut d’orgueil et de patriotisme, l’Assemblée nationale pouvait être convoquée incessamment pour tabler sur les reformes qui avaient été demandées par Elecam.

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Quelles sont ces réformes d’Elecam dont vous vous faites, le porte-voix ce matin ?

Elecam a demandé suite au scrutin truqué de 2018 dans son rapport officiel, l’instauration d’un bulletin de vote unique, la réduction ou l’élimination des influences administratives sur les acteurs du processus électoral, etc. Et tout le monde sait que rien n’a été pris en compte, aucune revendication d’Elecam qui n’est pas une succursale du MRC comme on le sait.

Autres raisons ?

Lors de ce simulacre qu’on a appelé le Grand Dialogue national, le Sultan MBOMBO NJOYA a eu cet éclairci à travers une prise de parole forte, véridique, pertinente, tonitruante, et il a lui-même convoqué un train de réformes qui étaient similaires à celles que réclamaient Elecam. Au lendemain de l’élection de 2013, le MRC avait déjà fait des propositions de réformes, un train de mesures plus étoffé. En surcout de l’élément le plus grave, le fait que la crise dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest se cristallise, s’inscrit dans le temps et est de plus en plus meurtrière. C’était incapable de continuer dans ces conditions. Voilà les éléments qui ont déterminé la décision du président élu Maurice KAMTO, et qui ont fait en sorte que l’intérêt supérieur de la patrie prime sur les intérêts individuels. Il ne fallait pas prêter le flanc à ce système illégitime, injuste, inéquitable et fondé essentiellement sur la fraude.

 Le MRC décide donc de boycotter les élections locales. Avez-vous conscience des implications de cette décision sur l’avenir du parti ? Est-ce qu’il ne s’agit pas d’une décision suicidaire, puisqu’on annonce déjà des défections et remous au sein du parti ?

Les calculs personnels et les déceptions personnelles ne pèsent rien du tout sur un enjeu aussi grave que celui du sort de la nation camerounaise.

En ce qui nous concerne, nous les partisans du Pr Maurice KAMTO, au lendemain de l’élection présidentielle, nous avons été rassurés de voir que le président du MRC demeure plus que jamais un homme d’État. Au lieu de faire des calculs politiciens, d’une survie d’un appareil politique sur une simple base égoïste et égocentrique, « le président élu » et le Conseil national ont décidé de mettre en avant les intérêts de l’État et de faire passer au second plan, les intérêts individuels des partisans que nous sommes.

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Je voudrais rappeler que je suis investi comme tête de liste par la commission en charge des investitures et des arbitrages dans le Bamboutos, mais c’est sans le moindre remords que j’accueille cette décision du directoire nationale.

Monsieur BIBOU NISSACK, vous êtes le porte-parole du Pr Maurice KAMTO. Pourquoi avoir attendu et déployé cette énergie et ces ressources pour finalement biser le rêve de ces jeunes camerounais en boycottant les élections ?

Nonnnnn Luc NGATCHA, le rêve de ces Camerounais a été tué dès la mise en place des moyens frauduleux du régime illégitime et impénitent. Je vous donne des éléments objectifs. À Yaoundé, dans le centre, dans les régions anglophones et dans les autres régions, nous avons les listes partout, dans toutes les circonscriptions électorales. Nous avons reçu les candidatures des militants qui étaient prêts.  L’administration nous a opposé des manœuvres purement lâches et inacceptables en refusant de signer les dossiers.

L’administration a faussé les règles. Le jeu n’était pas équitable…   Le parti ne pouvait se montrer insensible aux plaintes de ses partisans qui se sont fait molester dans les bureaux par les maires ou sous-préfets.

Le parti ne pouvait non plus se montrer insensible aux plaintes de ses partisans qui se sont fait molester dans les bureaux par les maires ou sous-préfets qui ont refusé de signer leur document et confisquer leur dossier dans les services publics. Il y va de la responsabilité du parti de se manifester à l’égard de ceux-là qui ont subi toutes ces frustrations et qui ont été mis sur le banc de manière artificielle par le régime actuel.

La vérité aujourd’hui est que par le jeu mesquin des agents de la préfectorale qui ont trahi leur vocation de service public, ces personnes indignes de la république se sont mises au service des personnes et intérêts politiciens d’un régime illégitime, sont à dénoncer. Et ce sont des éléments accessoires qui sont venus s’agglutiner autour des raisons qui ont été prononcées pour le boycott des élections du 9 février 2020.

Quel appel lancez-vous en direction de vos militants ?

Le président Maurice KAMTO a définitivement montré qu’il est un homme d’État. Il a montré que son destin personnel n’était pas l’absolu désir qui animait sa vocation politique. Il a aussi montré qu’il reste cohérent avec lui-même et qu’il ne veut pas être président à tous les prix et au prix de toutes les compromissions y compris en perdant son âme au passage. J’invite tous les auditeurs d’ABK Radio à suivre le mot d’ordre qui a été lancé par le président, à ne pas se rendre aux urnes le jour du scrutin, n’allez pas voter le 09 février, restez chez vous.


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