Dans une tribune publiée sur les réseaux sociaux le spécialiste en marketing et consultant médias Charles Mongue-Mouyeme s’interroge sur une probable fin de règne au Cameroun avec la pléthore d’évènements, actualités ou affaires qui secouent le Cameroun en ce moment.
Trop « d’affaires » en un laps de temps très court, c’est suspect
Si le coronavirus était réputé attaquer le cerveau humain pour le déglinguer, c’est certainement à la covid-19 qu’on attribuerait tous les dysfonctionnements de la société camerounaise qui se sont accélérés depuis quelques temps. En empruntant à la célèbre formule connue des amateurs des bandes dessinées, on a presqu’envie de s’exclamer : « ils sont fous, ces camerounais » !
Les affaires qui défrayent la chronique et enflamment les réseaux sociaux et les médias s’amoncellent à un rythme effréné, souvent créées par des décisions scabreuses des gouvernants, ou leurs réactions à certains événements socio-politiques ou imposés par les caprices de la nature, et de temps en temps par des agissements de « l’opposition ». Que les autorités d’un pays ne se montrent pas outrées par tant « d’affaires » qui empoisonnent le climat social, mais qu’au contraire elles semblent plutôt les alimenter pour envenimer chaque jour un peu plus la situation, interroge forcément tout esprit relativement lucide.
Ce climat délétère n’est-il pas savamment entretenu pour détourner les camerounais de préoccupations essentielles qui embarrassent « Yaoundé » ? Cette question s’impose lorsqu’on observe que c’est depuis que le Chef de l’Etat ne fait plus d’apparitions publiques et que sa capacité à gouverner est remise en question que les « affaires » connaissent une fulgurante montée en puissance. L’abondance des textes signés par le Président de la République et les réceptions (couvertes de manière bizarre par rapport aux habitudes du passé) qu’il accorde à de hautes personnalités au palais d’Etoudi, ne semblent pas suffisantes pour dissiper les doutes dans les esprits des camerounais, et tout porte à croire que le détournement de l’attention des camerounais s’est imposé comme une nécessité impérieuse afin qu’ils ne se focalisent pas sur la seule vraie et grande « affaire » qui devrait les préoccuper : comment et par qui le pays est-il effectivement dirigé aujourd’hui ?
Ces « affaires » qui se disputent le buzz au quotidien apparaissent donc comme autant d’écrans de fumée pour accaparer la vigilance des camerounais et permettre ainsi à ceux qui détiennent le pouvoir de s’organiser tranquillement pour que la fin de leur règne soit également le début de leur nouveau règne. Si tel est le cas, alors cette opération est sur la voie de la réussite, si on observe comment les camerounais se jettent sans retenue sur ces « affaires ». Mais si tel n’est pas le cas, et que toute cette cacophonie ambiante n’est pas conçue dans quelque cabinet noir, alors c’est que notre pays est en train de devenir un vaste asile psychiatrique. Et là, ça craint !
Charles MONGUE-MOUYEME