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Cameroun : Dieudonné Essomba décrypte le concept de fédéralisme

Essom

L’homme qui soutient mordicus le fédéralisme a expliqué les termes clés du concept sur la toile ce 17 mai 2020.


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Dieudonné Essomba (c) Droits réservés

Le fédéralisme communautaire. C’est l’idéologie que prône sans relâche, l’économiste Dieudonné Essomba.

Ce dimanche 17 mai, il a voulu édifier ses internautes sur les termes fondamentaux du système fédéraliste : fédéralisme communautaire, citoyenneté ethnique et la citoyenneté résidentielle.

Les explications dans l’intégralité de sa récente publication que vous propose Lebledparle.com.

 

Un peu de culture sur le fédéralisme !

Très souvent, des individus dénoncent le Fédéralisme communautaire, qu’il qualifie d’ethnique, dans le but d’en présenter une image repoussante, comme si cela pouvait modifier quelque chose sur la dynamique du Cameroun.

Il est néanmoins important que les gens maitrisent les concepts fondamentaux du Fédéralisme, pour échapper à l’action malveillante des imposteurs qui tentent de le présenter sous un mauvais jour. Il en est ainsi du concept de « fédéralisme communautaire » et « fédéralisme ethnique ».

1. Le fédéralisme est nécessairement communautaire :

Tout Fédéralisme est nécessairement communautaire et ne peut être autrement ! Cela signifie que les Etats sont dessinés sur des bases d’homogénéité sociologique, la règle étant qu’on regroupe les gens suivant leur affinité. Le terme « fédération » vient du mot « fédérer » qui signifie « mettre ensemble des acteurs différents pour un objectif commun ».

On ne fédère pas les animaux, mais les hommes, et en l‘occurrence, les Communautés organisées en Etats Locaux.

Les raisons sont multiples : chaque Etat fédéré doit être cohérent ! Il doit pouvoir avoir des lois qui reflètent sa tradition locale, bénéficier de la loyauté de ses citoyens et surtout, justifier son existence. L’Etat doit pouvoir dire pourquoi il a telle taille, pourquoi ses limites se présentent de cette manière plutôt que cette autre manière, pourquoi il est 20 fois plus peuplé ou 20 fois plus grand qu’un autre Etat.

On ne peut donc pas imaginer un Fédéralisme qui s’appuie sur des Etats dessinés autrement que sur des bases communautaires, le terme communautaire désignant ici n’importe quel référent : ethnique, linguistique, culturel, etc.

2. La citoyenneté ethnique et la citoyenneté résidentielle

Le problème qui se présente dans le fédéralisme et qui renvoie à l’ethnie n’a rien à voir avec la définition géographique des Etats. Il renvoie à ce qu’on appelle « la citoyenneté interne » ».

En effet, dans un Etat fédéral, tout citoyen est en même temps citoyen de la Fédération et citoyen d’un Etat Fédéré. Les citoyens d’un Etat Fédéré bénéficient de certains privilèges déniés aux non citoyens, comme le droit à la bourse de l’Etat Local ou à une subvention, le droit d’être Gouverneur, etc. C’est un peu ce qu’on voit aujourd’hui avec le monopole légal des autochtones sur les postes de la région ou des Grandes Villes.

Quelle est donc la différence entre les Fédérations ? Elle se situe justement sur cette notion de citoyenneté interne qui vogue entre 2 extrêmes :

-La citoyenneté résidentielle, où on est citoyen là où on réside : ici, la naissance importe peu. On est citoyen là où on s’est fixé et on change la citoyenneté au gré de ses déplacements. C’est le cas des USA et de toutes les colonies de peuplement, mais aussi des Etats très développés de l’Europe

-La citoyenneté ethnique, où on hérite de la citoyenneté de ses parents. On ne peut jamais changer la citoyenneté. C’est le cas en Ethiopie.

Comme on le voit, le Fédéralisme en tant que réalité communautaire et la citoyenneté ethnique n’ont rien à voir ensemble.

 

Pour approfondir :   Wilfried Ekanga écrit à Espoir Matomba : « Ne soyez pas de ceux qui regretteront de n’avoir pas pris les bonnes décisions »

Par exemple, le Fédéralisme camerounais de 1961 était clairement ethnique ! Car aucun Francophone ne pouvait aller au Cameroun Occidental et prétendre aux postes réservés aux Anglophones, sous prétexte qu’il y réside !

Si aujourd’hui le Cameroun devient fédéral, les Etats seront découpés sur des bases communautaires. Le Fédéralisme sera ethnique si les citoyens ne peuvent jamais changer d’Etat. Mais si des populations immigrées deviennent par adoption des citoyens de cet Etat, on ne peut plus parler de fédéralisme ethnique.

Le Fédéralisme ethnique ne signifie pas que les Béti ont un Etat, les Bassa ont un Etat, les Bamiléké ont un Etat, etc. Au contraire, c’est dans l’ordre normal des choses et il ne peut en être autrement.

Le Fédéralisme devient ethnique lorsqu’un Béti installé dans l’Etat Bassa ne peut jamais changer de statut, même s’il se marie à une Bassa, adopte la langue Bassa et mène ses activités chez les Bassa!

Dans le monde, la majorité des fédéralismes est hybride : ce sont les citoyens de naissance qui sont citoyens, mais on y ajoute des résidents de longue date.

Dieudonné Essomba


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