Dans une déclaration « sur l’atteinte aux libertés fondamentales », publié ce mercredi 13 février, la présidente du Cameroon people’s party (CPP) Edith Kahbang Walla, appelle les Camerounais de tous bords, à se vêtir de « noir » et se joindre à une manifestation pacifique dès vendredi, pour dénoncer les violations des Droits de l’Homme au Cameroun, notamment l’emprisonnement de Maurice Kamto et ses partisans.
Déclaration du CPP sur l’atteinte aux libertés fondamentales.
Douala, 13 Février 2019
AGISSONS ENSEMBLE POUR LA JUSTICE ET LA LIBERTÉ !
Chers/ es Camerounais/es,
Le régime de Biya intensifie sa stratégie de répression et de violation des libertés fondamentales contre nous en tant que citoyens camerounais et met notre avenir commun en péril extrême. Nous ne devons pas les laisser faire.
En 2014, lorsque nous avons visité l’Extrême Nord, au plus fort des attaques de Boko Haram, le Cameroon People’s Party, avec une multitude d’autres acteurs, a alerté ce régime et le peuple camerounais sur le fait que la tactique de répression de la population dans l’ensemble, des arrestations d’innocents et des violences à l’encontre de citoyens ordinaires étaient en cours, ce qui était contre-productif pour la lutte contre Boko Haram.
Les impacts économiques et sociaux de la terrible gouvernance depuis plus de 30 ans qui avaient permis à Boko Haram de s’enraciner n’ont jamais été pris en compte. Les violations des droits de l’homme par les forces armées se sont poursuivies et nous savons aujourd’hui que des Camerounais innocents ont été massacrés et tués par ce régime, y compris des femmes et des enfants. Cette combinaison de décisions de gouvernance prises par le régime de Biya a entraîné la radicalisation de la jeunesse dans l’extrême nord et jusqu’à ce jour, les Camerounais dans cette partie du pays souffrent des attaques de Boko Haram.
En 2017, lors de l’arrestation des dirigeants non-violents du Mouvement Anglophone et de la coupure d’internet dans l’ensemble des régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest, le CPP, ainsi que de nombreux autres acteurs, ont mis en garde contre la radicalisation du mouvement et la nécessité de résoudre ce problème vieux de plusieurs décennies par la concertation et le dialogue. Le gouvernement a répondu par des actes de violence et de répression persistants aggravant ainsi la mauvaise gouvernance vieille de plus de 50 ans qui avait conduit à la crise en premier lieu. Aujourd’hui, il existe une multitude de groupes armés dans ces deux régions. Des civils et des soldats sont tués chaque jour. Le tissu socio-économique de ces deux régions a été dévasté au point qu’il faudra au moins une décennie pour le restaurer. Les décisions catastrophiques du gouvernement de Biya en matière de gouvernance continuent de démolir la vie des Camerounais/es.
Après avoir étalé à la télévision en direct toute l’absurdité du processus électoral camerounais, le régime de Biya a arrêté le 28 janvier 2019 le président du MRC, Maurice Kamto, et des membres du parti qui tentaient de manifester pacifiquement contre les résultats des élections. Le régime de Biya a choisi de tirer sur des manifestants non armés et deux jours plus tard, a procédé à des enlèvements dirigés par l’État, ils ne peuvent être qualifiés d’arrestations, car la loi n’a pas été respectée.
Hier soir, après s’être vu refuser l’accès à leurs avocats et aux membres de leur famille pendant plusieurs jours, les membres du MRC ont été renvoyés devant le Tribunal Militaire où, à 23 heures, ils ont été inculpés et envoyés à la Prison Principale de Kondengui pour attendre leur procès. Une fois encore, les décisions catastrophiques prises par le régime de Biya mettent notre pays en danger. Cette tentative renouvelée d’éliminer les libertés politiques fondamentales et d’étouffer tout discours politique qui n’est pas conforme au régime est une erreur extrêmement grave en ce moment de notre histoire. Le Cameroun est victime de violents conflits dans six régions sur dix. La dernière chose dont notre pays a besoin est la radicalisation d’un mouvement politique légitime et non violent.
Aussi, le Cameroon People’s Party lance un appel à tous les Camerounais et Camerounaises.
Chaque fois que nous avons divisé notre lutte contre ce régime en factions d’une lutte anglophone, d’une lutte SDF, MRC ou CPP, nous avons perdu.
Nous avons perdu chaque fois que nous avons laissé ce régime nous diviser en Bamilékés, Bassas, Bulus, Nordistes ou toute autre groupe ethnique.
Il y a un seul combat. Se rassembler et mettre un terme à un régime qui a amené une violence sans nom, des morts, des difficultés économiques et des conflits sociaux dans le magnifique et extraordinaire pays qu’est le Cameroun.
Camerounais et Camerounaises, n’ayez pas peur ! La peur est ce que le régime de Biya cherche à vous inculquer. Nous n’avons aucune raison de craindre, nous sommes déjà sans emploi, nous sommes déjà dans la tourmente sociale, nous sommes déjà en guerre, nous mourons déjà.
Il est temps de se mettre debout ! Il est temps de nous mettre debout en tant que peuple et de reprendre notre destin. Chaque jour que nous attendons chaque jour que nous hésitons, est un jour où un autre Camerounais perd sa liberté ou sa vie.
Nous devons nous battre pour notre pays et pour notre avenir. Nous devons nous battre sans violence et avec une détermination sans précédent.
Ce sont tous les Camerounais qui sont arrêtés à Yaoundé. Ce sont tous les Camerounais/es qui sont tués dans le Nord-Ouest, le Sud-Ouest et l’Extrême Nord. Ce sont tous les Camerounais /es qui sont kidnappés dans le Nord, l’Adamaoua et l’Est. Ce sont tous les Camerounais/es dont la vie et l’avenir sont en jeu.
Nous ne vous demandons pas de vous battre pour un individu, pour un parti politique ou pour une cause unique. Nous vous demandons de vous battre et de défendre les principes qui nous unissent en tant que nation : la justice, l’État de droit, le respect du caractère unique et de la diversité de notre pays, la prospérité économique et la paix qui se construit sur ces fondements.
Concrètement, que devriez-vous faire?
1 Élevez la voix sur les médias sociaux, les médias, les discussions privées pour la justice, le respect des libertés fondamentales, la fin de la violence pour tous.
2 Refusez d’entrer dans une politique de division qui ne sert que ce régime. Anglophone contre francophone, MRC contre SDF, Bamiléké contre Bulu. Le Cameroun est en train de mourir. Le régime de Biya le tue et nous tue, en tant que Camerounais. Nous devons rester unis et mettre fin à cette folie !
3 Refusez la violence! Aucune forme de violence n’a jamais résolu un problème. Aucune violence n’a jamais apporté de solution. Refusez de discuter ou de prendre part à tout acte de violence où que vous soyez sur notre territoire national. Le régime de Biya est violent. Leur violence a détruit nos vies. C’est ce que nous combattons. Nous le ferons sans violence.
4 Prenez votre téléphone et appelez le CPP ou Stand up For Cameroon, contactez-nous par courrier électronique, WhatsApp ou Twitter. Non, nous ne discuterons pas de stratégie sur les médias sociaux. Nous devons nous organiser pour décider des questions communes et des actions communes.
5 Pour commencer, ce vendredi, nous serons massivement en noir. Pour les six régions en conflit, pour les anglophones en prison, pour les membres du MRC en prison. Nous vous demandons de vous joindre à nous et de porter du noir ce vendredi comme premier acte de protestation non violente. C’est le début de la protestation non violente. Nous vous tiendrons informés afin qu’ensemble nous puissions mener à bien différentes formes de protestation.
6 Si vous êtes membre d’un parti politique, d’une association, d’une église, d’une mosquée, d’un groupe WhatsApp, faites appel à vos dirigeants. Demandez-leur ce qu’ils attendent. Nous devons nous unir. Nous devons décider ensemble. Nous devons agir ensemble.
Vive la justice et la liberté pour chaque Camerounais.
Vive le Cameroun!
Ensemble, nous sauverons la nation!
Kah Walla
Présidente Nationale