L’établissement de crédit réclame au total la somme de 924 000 000 de FCFA extirpés de ses guichets automatiques par piratage du système informatique entre 2016 et 2018 dans les agences de Douala et Yaoundé, a appris lebledparle.com.
L’information est du journal EcoMatin sur sa plateforme en ligne. D’après ce dossier que propose notre confrère, l’on apprend que le mode opératoire utilisé par ces pirates consistait à effectuer un dépôt d’une somme minimale dans un compte, et d’ajouter ensuite par un jeu d’écritures informatiques, quelques chiffres devant le montant réel versé.
« Après cet incroyable tour de passe-passe, les titulaires des comptes frauduleusement approvisionnés par manipulation irrégulière de bases de données de la banque et de son système informatique, allaient, sans inquiétude, retirer via les guichets automatiques de billets, la somme gonflée », explique EcoMatin.
Après des dysfonctionnements notés sur la balance des comptes, relate le journal, le pot au rose a finalement été découvert par les services internes de la banque Crédit Communautaire d’Afrique (Cca).
Selon EcoMatin de ce mercredi 19 jeudi 2019, « les enquêtes et audits internes ont tout simplement révélé que les comptes frauduleux étaient débiteurs. Leurs titulaires ayant retiré plus de fonds qu’ils n’avaient épargné. Les faits remontent entre 2016 et 2018, et le préjudice financier subi par la banque s’élève exactement à 924 000 000 de FCFA ».
C’est devant le Tribunal de Grande Instance du Mfoundi que la CCA a intenté une action contre les nommés Abdel Nasser, Agnès Tatchou Tami, Maurice Lambert Djoufack, Lacher Deff et Eddy Patrick Boayekaboul, des commerçants et opérateurs économiques dont certains sont placés en détention provisoire à la prison centrale de Kondengui pour « abus de confiance aggravée ».
« La dernière audience relative à cette affaire s’est déroulée pendant deux jours : du 13 au 15 mai 2019. Audience au cours de laquelle la collégialité a procédé à l’audition de trois témoins de l’accusation. De l’audition de Charité Nembot, le directeur juridique du Cca, il ressort par exemple que Dame Tchatou Tami a procédé à un retrait de fonds frauduleux de 240 000 000 de FCFA. Alors que son épargne exacte s’élève seulement à 6,6 millions de FCFA. Autre cas, celui d’Abdel Nasser. Ce prévenu a soutiré à la banque, d’après le directeur juridique, une somme totale de 14,5 millions de FCFA. Pour une épargne de 450 000 FCFA seulement. Au total, ce sont 13 comptes qui ont été siphonnés frauduleusement de leurs fonds », nous renseigne EcoMatin.
Le journal termine en indiquant que « Pour avoir davantage le cœur net sur ce hacking, le Tribunal de Grande Instance du Mfoundi a fait recours à un expert en logiciel bancaire : M. Ngadeu, auteur du rapport qui met à nu les pratiques peu orthodoxes incriminées. Si le rapport Ngadeu confirme le mode opératoire utilisé par les prévenus, il peine néanmoins à ressortir précisément l’étendue de la responsabilité de chacun. Autre point flou, c’est le rôle joué par le personnel de la banque. Y’aurait-il des complicités internes ? Le rapport Ngadeu renseigne simplement sur “les failles observées dans le système informatique du Crédit communautaire d’Afrique”. Le même rapport indique un déficit de formation des employés en matière de sécurisation des données informatiques de la banque ».
CCA est passé depuis juin 2018, d’établissement de microfinance de 2e catégorie à un statut de banque, après avoir obtenu son agrément auprès de la Commission bancaire d’Afrique centrale (Cobac), et reçu l’autorisation du ministre des Finances. Son réseau est composé de près de 500 000 clients répartis dans 42 agences du triangle national ».