Le décompte est de l’International Crisis Group, dans un nouveau rapport sur la crise anglophone; qui note du reste que dans cette guerre, l’armée s’est massivement ravitaillée en Ukraine, aux Émirats arabes unis et en Israël.
Dans la crise, devenue conflit ouvert entre armée et séparatistes dans les régions du Nordouest et du Sud-ouest, rien ne semble arrêter l’escalade.
Dans un nouveau rapport sur ce conflit, publié ce 2 mai 2019 à Bruxelles (Belgique) les analystes de l’International Crisis Group (ICG), avancent des chiffres. Il y aurait ainsi pas moins de « sept milices armées présentes sur le terrain [qui compteraient] entre 2 000 et 4 000 combattants ».
« Ils recrutent principalement dans la communauté anglophone, mais aussi parmi les forces de sécurité et incluent des dizaines de mercenaires nigérians, qui apportent généralement leurs propres armes et munitions et qui sont déployés en tant qu’entraîneurs ou combattants », peuton lire dans ce rapport sur la crise anglophone au Cameroun.
Mais dans les rangs des séparatistes, il n’y aurait pas que des combattants acquis à la cause indépendantiste, mais un grand nombre de « criminels qui ont fui dans l’État de Cross River (Nigeria) pour échapper à l’opération Delta Safe 1 lancée en 2016 par l’armée nigériane pour lutter contre la criminalité dans le Delta », informe ICG. Crisis Group ajoute cependant que des « dizaines de policiers et de soldats camerounais, principalement des officiers, ainsi que des soldats retraités ou démobilisés ont également rejoint les milices. La plupart des milices ont des femmes combattantes, dont certaines sont des chefs locaux ».
Sur la situation de ces milices dans l es régions anglophones du Nord-ouest et du Sudouest du Cameroun, voici l’analyse de Crisis Group : « En 2018, les milices ont progressivement pris le contrôle de certaines zones rurales et urbaines périphériques. Depuis septembre 2018, ils ont dû adapter leurs déploiements aux offensives des forces de sécurité, mais, malgré les pertes subies, ils conservent une position de force dans la plupart de ces zones, en maintenant des barrages routiers et des points de contrôle de sécurité ».
Le rapport poursuit : « Ils ont même réussi à organiser des attaques sur des villes comme Buea (Sud-Ouest) et Bamenda (Nord-Ouest), qui avaient subi une vingtaine d’attaques en 2018. Ils sont principalement équipés d’armes à feu traditionnelles de fabrication locale, mais ils sont également armés d’armes à feu modernes et de quelques mitrailleuses. RPG. Un grand nombre de ces armes ont été saisies par les forces de sécurité, tandis que d’autres ont été acquises au Nigeria par des groupes paramilitaires ou criminels dans le Delta ».
Coté gouvernement, le rapport révèle qu’à « la fin de 2017 et jusqu’en 2018, le gouvernement a déployé des milliers de renforts militaires et policiers, une unité d’élite de l’armée (le BIR) et des forces spéciales nouvellement créées ».
Ce déploiement massif correspondrait à une stratégie de mettre fin le plus rapidement possible au conflit. Dans cette optique le pouvoir de Yaoundé a « également accru sa puissance de feu dans la région en déployant des véhicules blindés et des hélicoptères récemment achetés aux Émirats arabes unis, en Ukraine et en Israël ».
« Ces renforts ont aidé les forces de sécurité à infliger des pertes considérables aux séparatistes, qui ont subi de lourdes pertes et perdu plusieurs de leurs commandants sur le terrain depuis septembre 2018 », rapporte ICG.
Pour autant, note de Think Tank, « l’armée n’est pas en mesure de garantir la sécurité dans les villes ni de conserver le contrôle total des zones rurales ». Conséquence, « plus de 200 incidents ont eu lieu au cours des six derniers mois (attaques et enlèvements de séparatistes, incendies criminels et autres opérations des forces de sécurité) ».