Le président a convoqué le corps en vue des prochaines élections municipales et législatives de 2020 au Cameroun. Le journaliste revient sur le boycott des élections et ses conséquences.
En filigrane, l’on retient que bouder les élections au Cameroun n’avantage aucun parti politique. Lebledparle.com vous propose l’intégralité du texte.
« Boycott actif » ou « boycott passif » ?
La question suscite de vifs débats au sein des partis politiques et même dans la société camerounaise entière : faut-il, oui ou non aller aux élections législatives et municipales convoquées par le président de la République pour le 9 février 2020 ?
Petit rappel historique. Le 16 décembre 1991, une loi est hâtivement adoptée par une Assemblée nationale camerounaise monolithique. Ce texte fixe les conditions d’élection des députés. Quelques partis politiques et pas les moindres comme le SDF de Fru Ndi, l’UFDC de Hameni Bieleu et l’UDC de Ndam Njoya estiment que cette loi n’est pas de nature à garantir des élections justes et transparentes. Ils décident de boycotter ces élections.
Le retrait, notamment du SDF est une bonne nouvelle pour Bello Bouba qui vient de récupérer son parti des mains de Samuel Eboua. L’Undp profite du retrait de Fru Ndi pour chasser sur les terres du chair man. A l’issue des élections qui se tiennent le 1er mars 1992, les scores sont les suivants : RDPC (88 députés), UNDP (68 députés), UPC (18 députés), MDR (6 députés).
Avec 88 députés seulement, le RDPC n’a pas la majorité absolue. Il conclut des qui lui permettent de récupérer les 18 députés de l’UPC et les 06 du MDR contre des postes au gouvernement. L’opposition vient de perdre sa majorité absolue à l’Assemblée nationale.
Plus loin encore, dans les années 1950, l’UPC pour protester contre la qualité des élections avait imaginé ce que Um Nyobe et ses camarades appelaient le « boycott actif », qui consistait à saboter les élections de manière à ce qu’elles ne se tiennent pas, ou que le taux de participation soit particulièrement ridicule au point d’altérer la légitimité de ceux qui sortiront d’une telle opération.
Les upécistes s’étaient rendu compte que refuser simplement d’aller aux élections n’empêchera jamais leur tenue. Le pouvoir pouvant toujours compter sur des partis satellites et autres faux opposants qui accepteront toujours de jouer le jeu contre rétribution…
Alors, to go or not to go, that is the question.
Jean Bruno Tagne