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Cameroun : L’intégralité de l’homélie de Mgr Christophe Zoa aux obsèques de Belinga Eboutou

Mgr zoa

Les funerailles de Martin Belinga Eboutou, ancien directeur du cabinet civil à la présidence de la république du Cameroun se sont achevé le 9 juin 2019, dans son domicile familial à Zoaetélé-Nkilzock, dans la région du Sud.

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Mgr Christophe Zoa (c) Droits réservés

Lebledparle.com vous invite à lire dans son entièreté, l’homelie de funérailles de Sa Majesté Martin Belinga Eboutou, dite par Mgr Christophe Zoa

Excellence Monsieur le Représentant personnel du Chef de l’Etat,

Chers frères et sœurs dans la foi,

C’est une grande peine qui nous habite depuis que nous avons appris le décès de Monsieur Martin BELINGA EBOUTOU. Pour autant, nous ne sommes pas amers, car nous savons que pour tous ceux qui meurent dans le Christ comme Monsieur Martin BELINGA EBOUTOU, la vie n’est pas détruite elle est transformée ; la fin du séjour sur la terre inaugure une vie de bonheur sans fin auprès de Dieu. La séparation d’avec sa famille et ses amis causés par la mort n’est donc que temporaire, à la fin des temps, à la Résurrection, nous nous reverrons.

Celui-là même qui nous réunit aujourd’hui n’est plus à présenter. La longueur de ses curricula studiorum et vitae disent long sur la valeur intrinsèque de la personne et sur les aspects de sa vie. Trois aspects marquent cette longue vie bien remplie : Martin, c’est le père de famille ; Martin, c’est le grand commis de l’État ; Martin, c’est le fidèle du diocèse de Sangmelima.

C’est donc au père, fondateur d’une grande famille, que ses enfants sont venus dire au revoir ; c’est au grand commis de l’État, qui a voué sa vie entière au service de l’État, que la République rend hommage, nonobstant les caricatures ; enfin, c’est la Pâques du disciple du Christ, de l’engagé fidèle de notre diocèse, que toute la communauté de foi est venue célébrer.

Ce dernier aspect explique notre présence dans cette église saint Jean-Paul II de Nkilzok, Sanctuaire de la Miséricorde Divine, construite à son initiative, pour célébrer ses funérailles selon le rite catholique romain.

Pouvait-il en être autrement ? La question s’est posée, et a même dans certaines communautés, heureusement en dehors de notre église diocésaine, fait objet de débat. On peut se dire qu’une telle expression de haine n’a pas d’autres solutions véritables que celle d’ignorer ses principaux agents, car en parler serait leur donner l’importance qu’ils ne méritent pas.

Mais, le déchaînement des passions négatives autour de ces funérailles nous a amené à nous rendre compte à la fois de la méconnaissance de la doctrine de l’Église sur la célébration des funérailles, à commencer par les ministres mêmes de ce sacramental, et de la pollution de la pastorale de l’Église par des considérations très souvent politiques, et donc étrangères à la mission première de l’Église, à savoir le salut des âmes.

Parlons donc dans un premier temps du droit aux funérailles
ecclésiastiques, non pas pour nous justifier, mais pour rappeler la doctrine de l’Église sur ce sujet.

Le peu que je connaisse l’ancien séminariste Martin, il n’aurait opposé aucune objection à ce que ses funérailles servent à la restitution fidèle de la doctrine de la Sainte Église. Nous reviendrons dans un deuxième moment sur la nécessité de resituer lapensée de la mort au centre de la vie chrétienne.

Qui peut être enterré selon le rite catholique romain ? Celui qui a été baptisé dans la foi catholique. Cette réponse à la limite de la banalité est pourtant ce qui a échappé au plus grand nombre dans le procès asymétrique qui a été engagé ces jours contre celui qui ne peut plus défendre sa propre cause. Cette réponse banale pose la question du droit aux funérailles ecclésiastiques à deux niveaux ; sur le plan essentiellement juridique et sur le plan théologique.

Du point de vue juridique, le baptême fait du baptisé un membre de la communauté chrétienne, et, par voie de conséquence, lui confère un statut juridique dans l’Église. Sujet de droit au sein de la communauté, le baptisé a ainsi des devoirs, par exemple participer à la mission de son Église, mais aussi d’y jouir de ses droits. Parmi les droits du baptisé, il y a le droit à être assisté par l’Eglise lors des moments de souffrance.

À cet égard, le prêtre qui va célébrer le sacrement des malades ou rendre visite à des personnes qui traversent des moments difficiles ne fait pas preuve de bonté, il ne fait que son travail. Et il y a aussi le droit à être enterré lorsque survient la mort, selon le rite catholique romain.

Le chrétien catholique ne peut être privé de ce droit, que s’il renonce publiquement à sa foi, soit par l’apostasie, soit en choisissant de s’engager dans une autre croyance, ou en décidant de combattre l’Église.

Dans ce cas, l’Église ne juge pas, elle constate que l’ex-chrétien a choisi par lui-même de se mettre en dehors de la communauté. Sont à associer à ce cas, ceux qui sont responsables d’un grand crime ou qui affichent ostensiblement une attitude qui est, comme le dit le Christ dans l’Évangile, « objet de scandale » : les génocidaires.

En se réservant d’accompagner de tels personnages, l’Eglise ne porte pas un jugement sur l’individu, dans la mesure où ce n’est pas son rôle de décider finalement de qui est sauvé ou de qui est condamné, elle remet la personne au jugement divin.

Tant et si bien que les moments du passage de ce monde à l’autre nous échappent comme nous le montre l’exemple du bon larron. Sommes-nous en présence d’un apostat ? Sommes-nous devant un ancien génocidaire ?

Eh bien non ! Engager l’infect débat qui a pollué la célébration de ces funérailles est une négation des droits essentiels du chrétien Martin, qui place le discours de ces justiciers en contradiction de la mission sociale de l’Église, à savoir défendre les droits de la personne.

Théologiquement, le baptême, selon la dogmatique catholique, rend le baptisé participant de la Vie Divine, inaugurée par la Résurrection du Christ d’entre les morts. Saint Paul l’indique clairement : « Ignorez-vous que nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, c’est en sa Mort que nous avons été baptisés ? Nous avons donc été ensevelis avec Lui par le baptême en sa Mort, afin que, comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, de même nous aussi nous marchions en nouveauté de vie. En effet, si nous sommes devenus une même plante avec Lui par la conformité à sa Mort, nous le serons aussi par la conformité à sa Résurrection » (Rm 6, 3-5).

Pendant la célébration chrétienne des funérailles du baptisé, l’Eglise célèbre la Pâques de celui-ci, parce qu’il a été plongé dans la mort du Christ lors du baptême, et que par ce baptême, il était promis à la Résurrection. Bien sûr, pendant les funérailles il n’y a pas encore effectivement la résurrection du corps. Celle-ci viendra à la fin des temps, lorsque le Christ viendra renouveler tout le créé.

Mais l’âme jouit déjà de la Vie Divine. Et c’est bien de cela que nous nous réjouissons lors de l’Eucharistie qui précède l’inhumation du défunt. Que l’on reconnaisse qu’une vie a eu ses moments de faiblesse est une autre question.

Précisément, c’est parce que nous avons conscience que celui qui s’en va n’est pas totalement pur que nous en appelons à la Miséricorde de Dieu. Mais l’Église ne se substitue pas à Dieu pour admettre quelqu’un dans la vie ou l’y exclure. Et ce malgré, le célèbre passage : « tout ce que vous lierez sur la terre sera lié au ciel ». Donc, en plus d’être une faute canonique, grave, l’idée selon laquelle nous n’aurions pas dû être ici, est une faute théologique grave et surprenante.

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À la suite de ce constat, une question hautement importante se pose : qu’est-ce qui est à l’origine, surtout de la part des chrétiens eux-mêmes, de ces entorses à la doctrine de l’Église ? À première vue, on répondrait une absence d’éducation chrétienne approfondie.

Mais ce n’est pas seulement d’éducation chrétienne qu’il s’agit. La cause est plus profonde : elle concerne l’esprit qui anime désormais les communautés chrétiennes au Cameroun.

C’est un esprit de division et d’intolérance, qui a sa source dans la réduction inquiétante de la frontière entre la politique, et non le politique, et la pastorale de l’Église.

En effet, les opinions politiques prennent ces derniers temps une place prépondérante au sein de nos communautés chrétiennes au point d’être considérées comme des indicateurs de l’état de grâce ou de l’état de péché des fidèles. Ceux qui adhèrent à une opinion politique différente de l’opinion dominante dans la communauté sont considérés comme des pécheurs impénitents, et traités comme des « impurs ». Et bien sûr lorsqu’on est « impur », l’Église se sent gêner de venir vous assister, parce que cela donne l’impression qu’elle approuve ce qui a été fait.

La malice de ces justiciers atteint son comble lorsqu’ils se mobilisent pour que ceux qu’ils ont déclarés « impurs » passent dans l’opinion comme tels. Ils n’hésitent pas à recourir à la criminalisation excessive, sans preuve et le plus souvent fondée sur la rumeur, pour que l’opinion soit acquise à leur cause, qui est une cause évidemment politique et politicienne et non-missionnaire.

Le troc de l’Évangile du Christ par les manifestes de partis politiques, le remplacement de la pastorale habituelle de l’Église par la manipulation qui exacerbe les passions populaires pour faire passer des idées fausses sur des personnes qui ne s’imposeraient pas autrement que par la voie de la croyance, expliquent suffisamment l’émergence dans notre Église Locale Nationale de tels débats. Il est urgent que l’Église s’approprie sa nature et sa mission. Ce qui régit son action, ce n’est pas l’opinion, c’est l’Évangile du Christ.

Par fidélité à cet Évangile, l’Église doit se démarquer de l’opinion commune lorsque celle-ci lui est contraire. L’espérance dont elle est porteuse n’est pas une espérance politique, c’est l’espérance du Christ, sauveur du monde et des hommes.

L’Église est mère de tous les citoyens.  Le saint pape Jean XXIII le dit très bien. Elle est Mère parce qu’elle enfante les hommes et les femmes dans la foi, elle est Mère aussi parce qu’elle considère tous les citoyens comme ses propres enfants. Si dans ce rôle elle sait réprimander l’un quand il s’égare, elle se garde de prendre parti, ou pire de faire d’un de ses fils le bouc émissaire des malheurs de la société. Elle sera même plus proche de celui qui éprouve plus de difficultés que les autres, pour l’aider à croître dans son corps et dans son esprit, et ainsi atteindre la Vie éternelle.

Nous sommes ici pour célébrer la vie et rien d’autre. Cela dit, ces funérailles sont l’occasion de revenir sur un élément essentiel de la vie : la pensée de la mort. Ce que nous appelons « la pensée de la mort » n’est pas une réflexion théorique sur la mort, qui cherche à évaluer les différents sens du mot, ou à déterminer si la mort existe effectivement.

S’interroger sur l’existence de la mort est une question à la limite inutile. Il ne s’agit pas non plus de la réflexion éthique sur les fins de vie, ou sur ce qu’il y a à inventer pour que nous vivions toujours plus longtemps et en bonne santé. Réfléchir sur sa mort, c’est pour moi s’intéresser à notre sort après cette vie. Car, pour nous chrétiens, l’existence de l’homme ne s’achève pas avec la fin de cette vie.

En effet, après la mort, l’homme continue de vivre d’abord par son âme, ensuite, avec le corps et l’âme après sa résurrection à la fin des temps. Après la mort, deux conditions s’ouvrent à l’homme : la condition béatifique et la condition malheureuse.

La première est celle qu’on appelle sous les noms de Paradis ou Vie éternelle ; la seconde est celle qu’on appelle la mort éternelle ou l’enfer. Cette terminologie appelle une brève explication. Depuis Origène et Ambroise de Milan, l’Eglise distingue immortalité et Vie éternelle.

L’âme est immortelle par nature parce qu’elle est une substance spirituelle. Mais l’âme n’est pas automatiquement admise dans la Vie éternelle. La Vie éternelle pour la foi chrétienne, c’est la vie dans la pleine communion avec Dieu. Son contraire est la vie loin de Dieu que nos deux théologiens respectivement du IIIe et du IVe siècles appellent la mort éternelle.

Derrière le terme mort, ils distinguent trois concepts qui sont entrés dans le vocabulaire théologique de l’Église. La mort est d’abord la fin de la vie biologique, la séparation de l’âme et du corps. C’est la mort physique.

Origène et Ambroise parlent ensuite de « mort mystique », c’est-à-dire le baptême : en effet, dans le baptême, le chrétien meurt au péché avec le Christ, pour ressusciter avec Lui dans une créature nouvelle. Enfin, ils parlent de mort éternelle pour indiquer la vie loin de la présence de Dieu, dans les ténèbres.

Dire que l’âme est mortelle veut précisément dire qu’elle est susceptible de rejoindre l’enfer. Réfléchir sur sa mort consiste donc à chercher comment s’épargner la mort éternelle pour s’orienter vers la Vie éternelle.

Il arrive malheureusement que de moins en moins les chrétiens se posent cette question ou, si elle leur traverse l’esprit, qu’ils consentent à y réfléchir.

À moins qu’un grand malheur s’abatte sur la famille. À ce moment, on y pense, mais pas pour longtemps. Les raisons de cette désaffection du questionnement eschatologique se trouvent surtout dans l’intérêt que la culture actuelle accorde au bien-être corporel, à la vie de la condition présente. Pourquoi attendre seulement d’être heureux après la mort ?

Pourquoi n’est-il pas possible de l’être déjà ici ? À cause de cet intérêt pour la condition présente, à cause de la revendication du droit au plaisir, l’idéal d’un bonheur non seulement futur, mais aussi réduit à l’âme a fini par encourager plusieurs fidèles à renoncer à se poser la question de la fin de cette vie, et à se poser une question plus pratique, à laquelle les philosophes ont donné une excellente formulation : qu’est-ce qu’une vie réussie pour les mortels ? Cette question est essentielle aujourd’hui parce qu’elle montre bien dans son intention que la question n’est pas ce qui se passe après, mais ce qui se passe ici maintenant.

Le succès de ce type de réflexion réside moins dans la pertinence des idées développées que dans le refus d’une conception de ce bonheur post mortem et dans l’idée du monde, qui semblait, par ricochet émergé de celui-ci.

On a cru en effet que l’Église n’avait qu’une vision extrêmement négative du monde et du corps. Ce qui n’est pas tout à fait exact. Certes, avec le développement des mouvements monastiques dans les premiers temps de l’Église et l’influence des spiritualismes hellénistiques, la doctrine chrétienne a privilégié dès le début l’âme au détriment du corps. Dans ce mouvement, certains sont allés jusqu’à considérer que l’âme dans le corps était dans une prison, et qu’elle ne trouverait sa félicité que lorsqu’elle sera libérée du corps et sortie de ce monde.

Donc rien de ce qui est matériel ne peut combler le désir du bien-être de l’homme. La position de ces théologiens des premiers siècles est à nuancer, outre qu’à replacer dans le contexte doctrinal qui les a vues naître. S’ils disent effectivement des choses analogues, les maîtres se gardent de diaboliser absolument le monde, le corps, conscients, pour la plupart d’excellents exégètes de l’Écriture, que « tout » ce que Dieu a « fait est bon ». Il n’y a pas d’exception à la bonté essentielle de la création.

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En revanche, ce qu’ils défendent, et qui est vrai, c’est la contingence de tout ce qui est créé et l’incapacité des choses matérielles à combler pleinement l’homme, dans cette vie et plus encore dans la vie à venir.

L’exemple le plus patent, qui revient constamment dans l’Écriture, est celui de la richesse. L’argent rend possible un certain bien-être, mais l’argent ne satisfait pas tous les besoins.

En cela, la doctrine de ces maîtres de la foi sur la contingence et l’incapacité de la richesse matérielle devrait plutôt nous encourager à nous interroger sur ce qui est essentiel, vers quoi nous allons, plutôt que de nous y détourner. Comme dit le Christ : « que sert à l’homme de gagner l’univers, s’il vient à perdre son âme ». Ou encore ce passage de l’ecclésiaste : « vanité des vanités, tout est vanité ».

Réfléchir à sa fin devrait prendre acte de deux choses : la foi en Jésus Christ et la vie dans le quotidien suivant les préceptes de l’Évangile. C’est ce que j’appelle prendre des options pour le bonheur éternel. La première option, la foi, est évidemment l’option essentielle.

À ce propos, le Seigneur est catégorique suivant cet extrait de l’évangile selon St Marc : « Enfin, Il apparut aux onze, pendant qu’ils étaient à table ; et Il leur reprocha leur incrédulité et la dureté de leur cœur, parce qu’ils n’avaient pas cru ceux qui l’avaient vu ressuscité. Puis Il leur dit : Allez par tout le monde, et prêchez la Bonne Nouvelle à toute la création. Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé, mais celui
qui ne croira pas sera condamné
 ». (Mc 16, 14-16)

Sur la centralité de la foi, la dogmatique protestante a apporté un développement conséquent. Pour elle, avoir la foi, c’est croire que Jésus-Christ peut pardonner les péchés. Cette seule confiance suffit, disent nos frères chrétiens, à justifier l’homme.

Or, croire en Jésus-Christ n’est pas seulement être confiant dans le Christ qui est capable de pardonner les péchés, c’est aussi accepter pleinement et entièrement les Vérités Divines de la Révélation, qui gouverneront sa vie.

La démarcation que fait la dogmatique n’est pas seulement conceptuelle, elle ne privilégie pas seulement la « foi confessionnelle, dogmatique ou théologique » sur la « foi fiduciaire ».

Dans le terme foi, l’Église intègre la participation de l’homme à son propre salut. C’est ce que dit explicitement saint. Augustin : « Dieu nous a créés sans nous, Il ne nous sauvera pas sans nous ». Les œuvres ne sont pas extérieures à la foi, l’une et l’autre sont intrinsèquement liées.

La vie selon la foi ne commence pas ailleurs que dans la pratique des sacrements. Le passage biblique de Marc que nous avons cité le montre de manière claire : « celui qui croit et reçoit le baptême, celui-là sera sauvé ».

On peut dire de tous les sacrements ce qui est dit dans ce passage du baptême. Sans entrer dans le détail de chaque sacrement, il faut rompre radicalement avec une théorie qui s’impose progressivement dans la vie chrétienne, la théorie qui oppose le christianisme social au christianisme rituel.

Le christianisme social serait plus soucieux d’incarner dans le monde les valeurs de l’Évangile, alors que le christianisme rituel serait porté aux célébrations liturgiques auxquelles on ne reconnaît aucune efficacité concrète. Cette distinction repose d’ailleurs en partie sur une opposition entre condition eschatologique et condition présente.

Or, nous avons dit que l’une n’allait pas sans l’autre : dans la condition présente se prépare déjà la vie d’après. C’est pourquoi il faut commencer à y penser et prendre de bonnes options. Les sacrements sont à la fois les sacrements de salut et les moyens par lesquels le Seigneur communique sa force au croyant pour lui donner la force nécessaire au témoignage chrétien.

Entre sacrement et témoignage chrétien, il n’y a ni option ni hiérarchie. Se priver des sacrements, c’est endommager gravement et durablement son âme. Que la vie contredise ce qui est reçu dans le sacrement est inconséquent. L’éthique est une dimension essentielle de la vie de foi.

Sur le témoignage chrétien, il existe tellement d’attitudes qui peuvent être évoquées. L’une d’elles, c’est l’amour, dont il a été question dans la liturgie de la Parole. Jésus dans l’Évangile nous a dit que c’est à l’amour que l’on reconnaît que nous sommes ses disciples. Saint Paul a défini l’amour. L’amour, disait-il :

« Prend patience, rend service.

Il ne jalouse pas, il ne se vante pas.

Il ne s’enfle pas d’orgueil.

Il ne fait rien de laid.

Il ne cherche pas son intérêt, il ne s’emporte pas.

Il n’entretient pas de rancune.

Il ne se réjouit pas de ce qui est mal.

Mais il trouve sa joie dans ce qui est vrai.

Il excuse tout, il fait confiance en tout.

Il espère tout, il endure tout L’amour ne disparaît jamais ».

Avant de donner sa vie pour les autres, ce qui est comme le dit le Christ, la plus grande preuve d’amour, il faut déjà comme le suggère l’hymne paulinien à l’amour les respecter, quelles que soient leurs conditions, et même davantage parce qu’ils sont d’une condition sociale pauvre.

Un chrétien n’est pas haineux, la haine n’enfante toujours que la rancœur et des conflits éternels, en plus d’affecter la psychologie de celui qui la porte ; un chrétien n’est pas condescendant et cynique : il ne maintient pas volontairement les pauvres dans la pauvreté pour être celui qui aide, qui apporte le salut, celui sans qui rien n’est possible.

Ceux qui le font pensent très souvent que de cette manière ils conservent un certain pouvoir sur les autres. Mais le vrai pouvoir, pour autant que ce soit une préoccupation, ne s’obtient par la réduction des autres à l’esclavage, mais par la grandeur de son âme.

Une personne qui aime comme le Christ, si le Seigneur lui a donné quelques biens, cherche à relever le pauvre de sa condition. C’est de cette manière qu’il glorifie le Seigneur, parce que la gloire du Seigneur, c’est l’homme debout comme dit saint Irénée de Lyon.

C’est ce que le Christ a fait : en mourant sur la croix, Il nous a tirés de la précarité dans laquelle le péché nous avait plongés pour nous élever à la dignité d’enfants de Dieu. De la même manière que Dieu L’a glorifié en Lui donnant le Nom qui est au-dessus de tout nom comme dit Saint Paul, de la même manière Il glorifiera le chrétien qui se dévoue au bien- être des autres.

Ce chrétien n’attend pas la mort physique pour être dans la gloire, dès ici-bas, il vit déjà en présence de Dieu. La mort sera l’ouverture vers l’accomplissement de cette vie. Ne vivons donc pas dans l’insouciance. Réfléchissons sérieusement à la Vie qui suit cette vie. Ainsi, lorsque notre heure arrivera, nous irons sans crainte à la rencontre du Seigneur.

Amen !


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