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Cameroun : L’intégralité du discours du Chef de l’État à la jeunesse ce 10 février 2020

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Ce 10 février, le chef de l’État s’est adressé à la jeunesse. Dans ce discours, long de 15 min, Paul Biya a balayé les questions de violence en milieu scolaire, de l’emploi, et même de l’implication des jeunes en politique.


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Paul Biya (c) Droits réservés

Lebledparle.com vous propose l’intégralité de l’adresse du chef de l’État à la jeunesse

Mes chers jeunes compatriotes,

Il n’y a pas si longtemps, m’adressant à la Nation, je vous disais que le septennat en cours devait être décisif. Je pensais bien entendu à notre accès à l’émergence à l’horizon 2035 qui validerait nos avancées dans le domaine de la démocratie et du progrès économique et social. Eh bien, je crois que les faits sont en train de me donner raison.

Il fallait en priorité régler le problème, depuis longtemps pendant, de la mise en œuvre de la décentralisation. Le Grand Dialogue National a ouvert la voie à l’adoption, par le Parlement, du Code Général des Collectivités Territoriales Décentralisées et d’une loi qui assure l’égalité de l’usage du français et de l’anglais. Ces textes ont été promulgués par mes soins dans les meilleurs délais.

Rien ne s’oppose donc plus à leur application. Il s’agit en réalité d’une véritable révolution pacifique qui répond aux aspirations de nos concitoyens à une meilleure participation à la gestion des affaires locales. À quoi s’ajoutent les dispositions d’un statut spécial pour les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, qui tient compte de leurs particularités sociales et culturelles.

Mais, me direz-vous, pourquoi nous parler d’un problème qui ne nous concerne pas spécifiquement ? Il y a, à cela, deux raisons :

– D’une part, vous serez la première jeune génération à bénéficier des opportunités qui vont se présenter à ceux qui voudront s’investir dans la gouvernance locale. Et je vous engage vivement à le faire.

– D’autre part, le nouveau processus de décentralisation a valeur d’exemple. Il apporte la preuve que les problèmes liés à l’évolution de notre société peuvent se régler par la concertation sans recourir à la violence.

Mes chers jeunes compatriotes,

Je voudrais insister sur ce point, car il n’y a que trop d’endroits dans le monde – et notamment en Afrique – où la violence fait le malheur des peuples. Nous ne voulons pas de cela au Cameroun. Notre objectif demeure l’établissement d’une société pacifique, démocratique, juste et prospère.

C’est pourquoi nous poursuivrons nos efforts pour avancer dans cette voie, en mettant l’accent sur le développement de notre système éducatif.

Déjà parvenu à un niveau de qualité reconnu, il continuera de faire l’objet d’une attention particulière du Gouvernement. À titre d’exemple, tous types d’enseignement confondus, ses dotations budgétaires représentent, en 2020, environ le septième des dépenses de l’Etat.

Des jeunes ayant reçu une bonne éducation et une bonne formation auront naturellement les meilleures chances de se comporter en citoyens responsables et d’accéder à l’emploi.

Ce dernier problème reste préoccupant, surtout s’agissant des jeunes. Il n’y a pas en effet, pour le moment, adéquation entre la demande et l’offre d’emplois. L’Etat et le Ministère de l’Emploi et de la Formation Professionnelle font tout ce qu’ils peuvent pour apporter des réponses. Le premier par ses recrutements dans la fonction publique et l’armée. Le second par la mise en œuvre de différents programmes d’aide à l’emploi.

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Mais, il faut bien reconnaître que ces efforts, même s’ils sont appréciables, ne sont pas de nature à régler un problème qui tient au fait que notre économie ne crée pas suffisamment d’emplois. Malgré ce handicap, on peut toutefois se réjouir de ce que, selon les statistiques, un peu plus de 500.000 emplois ont été créés l’an dernier dans le secteur moderne de notre économie.

La situation actuelle de celle-ci est la résultante des différentes crises qui se sont produites au cours des vingt dernières années. J’ai évoqué récemment cette question dans mon message de fin d’année à la Nation.

J’ai dit en substance que notre économie évoluait de façon plutôt satisfaisante et que notre croissance était repartie à la hausse. Mais je précisais aussi que le contexte international demeurait incertain et que nous devions faire des efforts supplémentaires pour rester sur la trajectoire de l’émergence. Antérieurement, j’avais eu l’occasion de déplorer notre dépendance excessive   vis-à-vis de l’extérieur et de suggérer de l’alléger.

C’est tout le sens de notre politique de développement qui vise à moderniser notre agriculture, à stimuler notre industrialisation, notamment en transformant nos matières premières agricoles et minérales, et à développer le numérique. Nous pourrons ainsi faire baisser nos importations, augmenter nos exportations et créer de nouveaux bassins d’emplois. C’est à vous, mes chers jeunes compatriotes, que reviendra cette tâche exaltante au cours des prochaines décennies.

Par ailleurs, le Ministère de la Jeunesse et de l’Éducation Civique poursuivra ses activités au bénéfice des jeunes dans les domaines de l’éducation civique et de l’intégration nationale, de leur insertion économique et de l’application du Plan Triennal Spécial Jeunes. C’est le cas avec l’initiative Youth Connekt Cameroon, récemment lancée à Yaoundé.

Ces différents programmes concernent plusieurs centaines de milliers de jeunes.

Au registre des satisfactions que nous pouvons légitimement éprouver, je mentionnerai les succès remportés par nos jeunes sportifs sur la scène internationale. Qu’il s’agisse :

– du 2ème titre de champion d’Afrique des Nations de notre équipe de football messieurs des moins de 17 ans en avril 2019,

– du 2ème titre de championne d’Afrique de notre équipe nationale de volley-ball dames en juillet 2019 et

– de la consécration, en janvier 2020, de notre équipe nationale féminine de football comme meilleure équipe du continent,

Je crois que nous pouvons être fiers de notre jeunesse sportive qui fait flotter très haut les couleurs du Cameroun.

Mes chers jeunes compatriotes,

Il n’y a pas si longtemps, lors d’un Conseil Ministériel, j’avais demandé au Gouvernement d’envisager la mise en place d’un plan national de lutte contre la consommation des drogues et de l’alcool. Celle-ci avait alors atteint la côte d’alerte au sein de la jeunesse camerounaise. J’invite encore aujourd’hui le Gouvernement à se mobiliser davantage pour lutter contre ce fléau.

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Je saisis également l’occasion de cette Fête de la Jeunesse pour, une fois de plus, lancer un appel à nos jeunes compatriotes du Nord-Ouest et du          Sud-Ouest. Ceux qui se sont laissé enrôler dans des bandes armées et qui continuent d’entretenir un climat d’insécurité dans ces deux régions doivent déposer les armes, à l’exemple de ceux, nombreux, qui l’ont déjà fait et qui vivent tranquillement au sein de nos communautés. Je continue de les exhorter à sortir de la brousse et à retrouver leurs autres jeunes concitoyens qui mènent une vie normale au sein de la société.

Mes chers jeunes compatriotes,

Je ne peux pas ne pas évoquer, avant de conclure, un événement récent qui bouleverse nos consciences : le meurtre, à Yaoundé, d’un jeune professeur de mathématiques par un de ses élèves. Cet acte, à peine croyable, en dit long sur les dérives de nos sociétés modernes.

J’en appelle aux parents, aux hommes de religion et aux enseignants pour que, grâce à l’éducation qu’ils dispensent, de tels faits ne puissent se reproduire. Je vous demande également de réfléchir à ce qui s’est passé, d’en mesurer la gravité et de prendre l’engagement de ne jamais commettre de tels actes.

Je saisis cette occasion pour exprimer de nouveau aux malheureux parents concernés mes très sincères condoléances.

Mes chers jeunes compatriotes,

Il y a soixante ans – j’avais alors votre âge, le Cameroun accédait à l’indépendance. Les jeunes de l’époque en avaient rêvé et elle est devenue réalité.

La tâche était immense. Nous en étions conscients. Il aura fallu beaucoup d’efforts, mais aussi de sang et de larmes, pour arriver où nous en sommes. Ce sont des générations de jeunes comme vous qui y ont consacré leur vie. Nous n’avons pas à avoir honte de ce qu’ils ont fait.

Aujourd’hui, les Camerounaises et les Camerounais, dans leur grande majorité, peuvent manger à leur faim, se faire soigner, aller à l’école, au collège, au lycée, à l’université, ont le droit de s’exprimer et de voter librement.

Bien sûr, il reste encore beaucoup à faire. Nous le ferons ensemble. Nous bâtirons ensemble la société juste et prospère que nous appelons de nos vœux

Mes chers jeunes compatriotes,

Pour le bien de notre pays, j’ai besoin de vous.

Bonne Fête de la Jeunesse !

Vive la jeunesse camerounaise !

Et vive le Cameroun !

Yaoundé, le 10 février 2020


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