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Cameroun : L’UPC-MANIDEM appel aussi au boycott des élections de février prochain

Boycott actif

Le 1er janvier 2020, l’UPC-MANIDEM a publié son message de fin d’année 2019. Dans ce message, le parti politique dresse le bilan de l’année écoulée et les perspectives de la nouvelle année. D’après ce parti politique, le bilan de 2019 est catastrophique. Pour 2020, il faut le changement pense le parti politique.


Boycott actif
Boycott des élections – capture photo

L’UPC-MA NIDEM appel au boycott des élections. « Aussi, à la suite de Stand Up For Cameroons (SUFC) dont l’UPC-MANIDEM fait partie, d’autres forces de l’opposition en arrivent aux mêmes conclusions et appellent au boycott des élections prévues le 9 février 2020 », écrit le responsable du parti.

« Mais le boycott des élections n’est pas un programme. Il faut pouvoir présenter une alternative à la situation actuelle et une alternative globale. Il ne s’agit pas seulement de repousser les élections, car si c’est pour les faire dans six mois ou dans un an à la mode Biya qu’aurons-nous gagné ? Si l’on procède aux élections en laissant intacts les problèmes qui nous bloquent depuis des décennies, tels notre vivre ensemble, la nature de l’Etat et la mauvaise gouvernance, qu’aurons-nous gagné ? L’alternative ce n’est donc pas de mettre de la peinture sur un édifice vermoulu : après des décennies du n’importe quoi, c’est tout l’édifice qu’il nous faut revoir. L’ALTERNATIVE DOIT ÊTRE LE CHANTIER POUR UNE NOUVELLE RÉPUBLIQUE ! », ajoute les responsables.

Lebledparle.com vous propose l’intégralité du message.

MESSAGE DE FIN D’ANNEE DE L’UPC-MANIDEM

FAISONS DE 2020 L’ANNEE DU CHANGEMENT !

A l’avènement du Président Paul Biya, les Kamerunais avaient pensé que l’homme était capable de faire avancer notre pays : sa relative jeunesse, ses études, ses longues années passées à l’ombre de l’ancien Président le créditaient d’une certaine expérience. Tout cela plaidait en sa faveur. Aujourd’hui, nous constatons que le Kamerun n’est pas loin de l’effondrement, à cause de l’accumulation des problèmes que le Président ne sait et ne peut résoudre. Car le système-Biya sur près de quatre décennies de pouvoir, c’est le verrouillage du pays dans des impasses, des approximations, des rafistolages au jour le jour, sans garantie de résultat, au point où tout devient aléatoire, et le pire fortement probable.

POUR TOUS CEUX QUI ONT À CŒUR L’AVENIR DE CE PAYS, LA PRIORITÉ EST DE QUITTER LE SYSTÈME-BIYA POUR INSTAURER UNE NOUVELLE RÉPUBLIQUE. CE QUI EXIGE DE CESSER D’ATTENDRE UN SAUVEUR MAIS AU CONTRAIRE D’AVOIR LA VOLONTÉ DE NOUS CHARGER DE CELA NOUS-MÊMES.

A la guerre contre Boko Haram dans l’Extrême nord – Boko Haram dont le Président disait dans ses rodomontades : « Ce n’est pas Boko Haram qui va nous dépasser » -, est venue s’ajouter la guerre dans le NOSO. Et aucune des deux ne donne le moindre signe d’aller vers sa fin. Au douloureux bilan des morts et des blessés dont les populations civiles payent la plus lourde note, ces conflits ont déstabilisé tous les domaines de la vie quotidienne : des lieux d’habitation aux activités économiques en passant par des établissements scolaires et de santé, tout est placé sous le signe de l’insécurité et les populations se trouvent dans l’obligation de les déserter.

Dès le commencement de la guerre dans le Septentrion, l’UPC-MANIDEM avait dit qu’il n’y a pas à transiger avec le terrorisme intégriste de Boko Haram. Son objectif est de déstabiliser non pas le seul Kamerun mais des régions entières du continent, pour qu’elles se retrouvent exsangues et au service des gourous s’abritant derrière un prêchiprêcha religieux, qui gagne malheureusement parmi nos jeunes devenus vulnérables à cause de leurs mauvaises conditions de vie.

L’UPC-MANIDEM soutient les forces armées dans leurs efforts d’éradication de Boko Haram et les invite, malgré les conditions difficiles de cette adversité non conventionnelle, à veiller à leur éthique qui consiste, notamment, À PRÉSERVER LE RESPECT DES DROITS DE L’HOMME EN TOUTES CIRCONSTANCES.

QUANT À LA GUERRE DANS LE NOSO, LA SOLUTION À CETTE GUERRE EST POLITIQUE, ELLE N’EST PAS MILITAIRE ! Nous devons y mettre fin rapidement et nous en avons les moyens ! En premier, en instaurant un climat qui montre une volonté d’apaisement.

C’est terrible à constater et encore plus à dire : voici un pays en guerre depuis trois ans et le chef de l’Etat n’a pas mis les pieds une seule fois dans les zones du conflit, pendant ce temps on ne compte plus ses séjours à l’étranger. Dans tout autre pays on aurait vu le Président sur le terrain pour tâcher de rassurer et de réconforter d’abord. Comment voulez-vous que parmi les populations du NOSO il n’y ait pas l’idée que le Président ne serait que celui des soi-disant francophones et par conséquent qu’il n’y aurait plus de compte à rendre à un Etat qui ignore aussi éloquemment une partie de ses populations ?

La volonté d’apaisement passe aussi par la libération des prisonniers politiques, quitte dans un premier temps à garder certains en résidence surveillée, s’ils sont sous le coup de chefs d’accusation sévères. Or tout ce qu’on nous montre ce sont des repentis du NOSO, que le magicien du MINAT sort de son chapeau et qu’il désigne comme des interlocuteurs valables dans ce conflit, pendant que ceux que les populations elles-mêmes reconnaissent comme leurs vrais chefs sont maintenus derrière les verrous. Ces mises en scène de repentis ne trompent plus personne puisqu’on observe qu’après ces ralliements spectaculaires l’insécurité dans le NOSO demeure.

Il faut donc ces larges gestes de circonstance, déplacement du Président, libérations des prisonniers, pour préparer les étapes suivantes de la résolution du conflit : peut-être d’abord des cessez-le-feu localisés, puis le cessez-le-feu généralisé, puis la discussion autour d’une table pour mettre fin au conflit (car il est difficile d’imaginer que des gens discutent de la fin des hostilités pendant que les armes tonnent, pendant qu’ont lieu des arrestations, des enlèvements et des exécutions).

L’année 2019 a commencé par des interdictions des manifestations pacifiques, qui faisaient suite au mécontentement engendré par la façon dont l’élection présidentielle de 2018 s’était passée. De nombreuses arrestations ont lieu et des personnes se sont retrouvées en détention pour de longs mois. C’est le lieu de répéter que les manifestations pacifiques procèdent de la même souveraineté que la démocratie représentative ; qu’elles sont soumises chez nous au régime de la déclaration qui n’est pas une demande « d’autorisation » comme des imbéciles le répètent : simplement, cette déclaration doit permettre à l’autorité administrative du lieu de prendre les dispositions requises pour que la manifestation se passe conformément aux vœux des organisateurs, c’est-à-dire pacifiquement. Les interdictions systématiques opposées aux manifestations pacifiques par des sous-préfets constituent des entraves flagrantes à la démocratie. Et cela est intolérable ! Comme le pouvoir en rajoute par des arrestations, des emprisonnements, des procès, etc., il tombe aussi sous le coup des violations aux droits de l’homme dont il doit rendre compte.

La recrudescence d’interdictions des manifestations pacifiques et d’arrestations dès janvier 2019 a été l’occasion pour d’autres forces de l’opposition d’éprouver le traitement que l’UPC-MANIDEM était la seule à subir du système-Biya depuis des décennies, traitement dont voici quelques échantillons pour ne remonter qu’une dizaine d’années en arrière :

1) Interdiction de notre congrès en 2008 ;

2) Interdiction de notre congrès en 2011

3) Interdiction de notre manifestation en 2013 au rond-point de Deïdo, suivie de l’incarcération du Président et du Secrétaire général de notre parti, de leur comparution devant la justice où ils sont condamnés à une peine avec sursis ;

4) Interdiction de notre congrès en 2014 ;

5) Interdiction de notre congrès en 2017 ;

6) En septembre 2018, à la date anniversaire de la mort d’Um Nyobé, interdiction de notre marche commémorative à Nkongmondo.

Certains, y compris dans les rangs de l’opposition, avaient du mal à croire à un tel acharnement du pouvoir RDPC et n’hésitaient pas à avancer que l’UPC-MANIDEM cherchait à se faire passer pour une victime. Il semble que ce soit clair désormais pour tout le monde : LE POUVOIR DE BIYA BAFOUE LA DÉMOCRATIE ALLÈGREMENT. ET SI NOUS NE NOUS DONNONS PAS LES MOYENS D’ARRÊTER CELA, ET ENSEMBLE, LE POUVOIR POURSUIVRA, SURTOUT DANS UN CONTEXTE OÙ IL SERA TENTÉ DE RÉPRIMER DE PLUS EN PLUS POUR SE MAINTENIR.

Il faut dire d’ailleurs que la libération des personnes survenues au mois d’octobre ne procède pas de la Clémence d’Auguste, il s’agit plutôt du style « au coup par coup » d’un pouvoir désormais réduit à improviser avec l’insigne faiblesse de faire passer cela pour de la haute politique, et tout en se figurant qu’il y aura encore des Kamerunais à en être dupes. Et vous avez vu la campagne de discrédit qui a aussitôt suivi les libérations ? Dès la sortie de prison, quelques compatriotes ont été déversés sur des plateaux des télévisions pour soutenir qu’ils avaient vu, de leurs yeux vu, des lettres de supplique que les détenus avaient adressées au chef de l’Etat afin d’obtenir leur libération. Les Kamerunais attendent encore des preuves après ces allégations ; en l’absence de ces preuves, il faudra bien en conclure que ce n’était que des démonstrations du zèle que certains ont pour le système-Biya.

LA DÉMOCRATIE EST DONC ENCORE À INVENTER DANS NOTRE PAYS, TOUTE LA DÉMOCRATIE ! C’EST UN VASTE CHANTIER DONT IL FAUT SE DONNER LES MOYENS. Nous en dirons un mot plus loin.

En 2000, l’UPC-MANIDEM a été le premier à expliciter les blocages dans le processus électoral du système-Biya en produisant une liste de six points sans la satisfaction desquels le RDPC gagnera les élections à chaque fois. De là notre appel en direction des autres partis politiques et de l’ensemble des Kamerunais, afin que nous puissions nous mobiliser pour obtenir des élections transparentes et justes. En effet, par la façon dont les élections sont conduites dans notre pays, le RDPC se contente après chaque scrutin de concéder à l’opposition quelques sièges de maires, de députés, de sénateurs et bientôt d’élus régionaux. Les élections ne sont donc ni justes ni transparentes et le combat pour obtenir de telles élections reste à faire.

A cela s’est ajoutée la guerre contre nos propres frères du NOSO. Nul doute que dans les conditions actuelles de guerre, ça se passera là-bas comme en 2018, à l’occasion de l’élection présidentielle où le pouvoir avait envoyé sur place des éléments des forces de sécurité pour bourrer les urnes et faire croire que nos compatriotes du NOSO s’étaient déplacés pour voter. Il n’y a pas à faire des élections dans ces conditions où les questions de la paix et celle de la refondation des règles de notre vivre ensemble interpellent vivement.

Aussi, à la suite de Stand Up For Cameroons (SUFC) dont l’UPC-MANIDEM fait partie, d’autres forces de l’opposition en arrivent aux mêmes conclusions et appellent au boycott des élections prévues le 9 février 2020. Mais le boycott des élections n’est pas un programme. Il faut pouvoir présenter une alternative à la situation actuelle et une alternative globale. Il ne s’agit pas seulement de repousser les élections, car si c’est pour les faire dans six mois ou dans un an à la mode Biya qu’aurons-nous gagné ? Si l’on procède aux élections en laissant intacts les problèmes qui nous bloquent depuis des décennies, tels notre vivre ensemble, la nature de l’Etat et la mauvaise gouvernance, qu’aurons-nous gagné ? L’alternative ce n’est donc pas de mettre de la peinture sur un édifice vermoulu : après des décennies du n’importe quoi, c’est tout l’édifice qu’il nous faut revoir. L’ALTERNATIVE DOIT ÊTRE LE CHANTIER POUR UNE NOUVELLE RÉPUBLIQUE !

Or passer du n’importe quoi à la nouvelle République ne s’improvise pas. Celui qui prétend que les Kamerunais n’ont qu’à le porter au pouvoir et qu’il nous mènera à la nouvelle République par sa seule volonté, préjuge certainement de ses capacités et est peut-être dupe de lui-même, il nous prépare la même désillusion que celle où nous sommes aujourd’hui avec Biya. L’avènement de la nouvelle République est une construction commune, qui est le programme alternatif que nous appelons la Transition. Celle-ci est le temps entre la proclamation de la déchéance du régime Biya (ou les activités menées par la mobilisation populaire, souveraine, en marge de ce régime) et l’entrée dans la nouvelle République ; et dans ce temps les tâches consisteront à poser les règles qui devront régir la nouvelle République dans tous les domaines, c’est-à-dire à poser les pierres du nouvel édifice.

  • • C’est un grand chantier qui ne sera pas l’affaire d’un parti de l’opposition mais du plus grand nombre ; par conséquent qui a besoin de la mobilisation souveraine du peuple kamerunais et tous ceux qui veulent un vrai changement ont le devoir d’appeler à cette mobilisation décisive et de travailler pour qu’elle arrive.
  • • C’est à l’intérieur de la Transition que se tiendra le Vrai Dialogue National qui fera l’inventaire des sujets à traiter, de leur programmation dans le temps, des modalités des discussions pour fixer les nouvelles normes qui régiront chaque domaine, et des personnes les mieux désignées pour traiter de chaque problème, notamment pour la préparation des nouveaux textes et la correction de certains textes anciens.
  • • Pendant la Transition, il y aura un gouvernement de Transition qui gèrera les affaires courantes.
  • • La mission de la Transition prendra fin quand les principaux textes régissant la nouvelle République seront terminés et probablement certains organes nouveaux mis en place ; quand les premières élections démocratiques, justes et transparentes auront lieu et que le premier exécutif issu des nouveaux rapports de forces politiques sans tricherie sera en place.
  • • Avant de s’effacer, la Transition édictera des modalités du suivi des décisions solennellement arrêtées.

Chers compatriotes,

Nous entrons bientôt dans une nouvelle année et nous sentons bien que beaucoup de choses vont se jouer au cours de 2020. Le Kamerun n’a pas besoin d’hommes providentiels mais de femmes et d’hommes qui se mobilisent avec ardeur dans le combat que nous avons hérité de nos aînés les Um, les Moumié et les Ouandié, pour l’unité du pays, pour l’indépendance et pour le bien-être des populations. En cette nouvelle année, travaillons à devenir une force que rien ni personne ne pourra arrêter, dans la mobilisation pacifique certes, mais énergique et disciplinée, fraternel aussi, en vue d’un Kamerun Nouveau que nous faisons serment de préparer à travers la Transition !

En avant avec la Transition !

Vive l’UPC-MANIDEM !

Vive le Kamerun !

MOUTOUDOU Albert

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Président de l’UPC-MANIDEM


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