Lebledparle.com vous propose l’intégralité de la déclaration du CPP au sujet des tensions qu’a vecu la ville de Sangmélima dans le département du Dja et Lobo, la semaine dernière.
Déclaration du CPP sur les tensions survenues dans la ville de Sangmelima
C’est avec beaucoup de regrets et d’inquiétudes que la communauté nationale a assisté à des tensions et des violences survenues dans la ville de Sangmélima à la suite du décès malheureux du dénommé Assam Belinga Benjamin Junior.
Cette tragédie pour la famille, les citoyens du Dja et Lobo et pour le pays est à l’image des drames de plus en plus nombreux auxquels on assiste dans l’ensemble du territoire national. Drames survenant dans un contexte d’insécurité croissante et de précarité de plus en plus profonde des masses populaires.
Cette tragédie de la mort d’un jeune camerounais à la fleur de l’âge a été le prétexte de nombreux actes de violence sur les biens et les personnes originaires d’autres régions du pays. Violences inacceptables à tout point de vue.
En effet, il est inacceptable de se faire justice soi – même. Il est inacceptable de s’en prendre de manière indiscriminée à des membres d’autres communautés sous le fallacieux prétexte que ces dernières seraient à l’origine des problèmes sociaux, économiques ou sécuritaires observés. Il est inacceptable de se livrer à des violences et des pillages sur d’autres citoyens. Il est absolument inacceptable de vouloir transformer un crime individuel en un problème intercommunautaire.
Par ce triste spectacle, nous constatons – tous à quel point certains compatriotes, en désespoir de cause, semblent avoir perdu la raison et le sens de la mesure.
Le Cameroun n’a pas besoin d’un nouveau foyer de tensions. Tous autant que nous sommes, en tant que Camerounais.es, nous devons veiller à ce que le calme revienne et que les problèmes de fond soient traités comme il se doit.
A travers ces mouvements de foule aveugles et violents, nous observons le résultat des insuffisances et des échecs des politiques d’intégration sociale et économique qui laissent au bord de la route des quantités importantes de jeunes hommes et femmes, condamnés à survivre comme ils peuvent. Le déficit d’éducation, d’emploi et de mobilité sociale sont des facteurs qui exposent bien des compatriotes aux vents du banditisme, de l’incivisme et parfois du rejet de l’autre.
Lorsqu’ en plus, un tel terrain est fertilisé par des discours de manipulation des fausses élites qui, incapables de mettre en œuvre des projets qui élèvent le niveau d’éducation et améliorent les conditions de vie, se servent de ces masses comme du bétail électoral, nous sommes bel et bien dans une situation inquiétante.
Le CPP appelle les uns et les autres au calme, à la mesure, la réserve, la prudence et la circonspection dans la prise de paroles.
Il y a des injustices, des tensions, des malaises et des conflits qui existent, qui ne peuvent pas être niées et qui doivent être traitées ensemble, dans le calme et avec une volonté de paix.
Le CPP considère que la famille du jeune Assam Belinga Benjamin Junior a droit à la justice. Elle a le droit de savoir qui est responsable de ce crime et de voir ce dernier jugé dans le strict respect des lois.
Le CPP estime que les responsables des violences sur les personnes et les saccages des biens doivent être punis. En plus, les victimes doivent être prises en charge et indemnisées.
Le CPP considère qu’au – delà des tensions en cours, il faut engager au sein des populations un processus d’apaisement par le dialogue sincère et l’éducation de ces dernières aux valeurs et principes fondamentaux aussi bien de notre pays que de nos cultures pluriséculaires.
Le CPP estime que le meilleur antidote à ce type de violences demeure des solutions sociales et économiques aux problèmes des populations. Quand l’école marche, les emplois sont créés et les conditions générales de vie s’améliorent, les risques de telles explosions diminuent.
Le CPP appelle à ne pas oublier que les phénomènes de vindicte populaire et les tensions communautaires sont malheureusement observés dans de plus en plus de territoire de notre pays. Ce sont de puissants indicateurs d’une déliquescence dont les carburants sont la défiance des populations vis – à – vis des fausses élites et la propre trahison de ces élites vis-à-vis des populations.
A travers ces évènements, qui doute encore de la nécessité de plus en plus urgente de refonder les bases sur lesquelles se pays fonctionne ? A travers ces tensions, qui doute encore de l’échec d’un mode de gouvernance caractérisé par les absences, la distance et les silences du Chef de l’Etat ?
Le temps n’est plus celui d’un Président dépassé. Le temps est celui du Peuple et de la prise en charge dans le fond de ses problèmes.
A nous autres d’en tirer toutes les conséquences.
Pour le Cameroon People’s Party
Franck Essi
Secrétaire Général