La filiale du groupe français DIT, concessionnaire du terminal à conteneurs du port autonome de Douala durant 15 années, a jusqu’en fin juin 2020 pour remettre son bilan de clôture de la concession, a constaté lebledparle.com dans un communiqué datant du 31 décembre 2019.
Le directeur général du Port Autonome de Douala (PAD), Cyrus Ngo’o, dans son communiqué signé du 31 décembre 2019, date de clôture de la concession du terminal à conteneurs du Port de Douala-Bonabéri, demande à l’ancien concessionnaire, Douala International Terminal (DIT) de lui rendre des comptes de sa gestion. Il rappelle en effet que « le transfert de responsabilité entre DIT et le PAD n’était pas la fin de la relation d’affaires entre les deux parties (…) La collaboration va se poursuivre entre les deux parties, étant donné que la société DIT, en application des dispositions pertinentes de la Convention de concession n°289/PAD/2004 du 28 juin 2004, est tenue de remettre à l’Autorité concédant (PAD) un bilan de clôture de concession… ».
DIT, filiale du groupement APMT-Bolloré, a selon le communiqué, jusqu’au mois de juin 2020 pour fournir ce bilan au PAD. Le top management de l’autorité portuaire de Douala souligne que des discussions entre les deux parties vont se poursuivre pour convenir du sort à réserver aux biens réquisitionnés par le PAD dans le but de continuer d’assurer le service public portuaire lancé depuis le 2 janvier 2020. « Il sera notamment question de discuter de la classification et des modalités de la reprise éventuelle, par le PAD, de certaines biens classés « biens de reprise » ou « biens propres de DIT » par ladite convention de concession », précise le directeur général du PAD dans son communiqué.
15 ans après le démarrage des activités de DIT au port de Douala-Bonabéri, l’heure est donc au bilan. Côté Bolloré, l’on présente une gestion vertueuse qui aura amené les plus grands armateurs mondiaux à opérer sur Douala. Selon des informations venant de DIT, les trafics ont plus que doublé sur la période, croissant de 151% de volume en 14 ans.
Le groupement APMT-Bolloré indique également avoir réalisé plus de 50 milliards de FCFA d’investissements, un montant supérieur aux engagements initiaux fixés par le Cameroun. Le chiffre d’affaires du terminal est passé de 22,5 milliards de FCFA en 2005 à près de 50 milliards de FCFA en 2018.
L’équipement du terminal a été renforcé avec la mise en service d’un portique de quai, de 4 portiques de parc et de 2 grues. Les investissements dans les portiques de parc (encore appelés RTG) ont permis d’augmenter de 20% les capacités de stockage. Les effectifs ont pour leur part augmenté de 210 employés en 2005 à 430 employés en 2019. Enfin, les performances économiques et financières ont largement bénéficié à l’Etat, au PAD et aux acteurs nationaux dans la mesure où ces acteurs ont perçu plus de 45% des résultats bruts dégagés par DIT, soutient Bolloré.
Des performances en dessous des potentialités de l’infrastructure portuaire, estiment cependant certaines sources internes au PAD. Selon elles, le terminal à conteneurs du port de Douala-Bonabéri aurait pu engendrer bien plus que cela. La preuve : l’offre alléchante faite par Terminal Investment Terminal (TIL), entreprise suisse filiale de Mediterranean Shipping Company (MSC), choisie comme nouveau concessionnaire, avant que la procédure ne soit annulée par la justice camerounaise. Au regard du potentiel du terminal à conteneurs du Port de Douala-Bonabéri, TIL envisageait 153 milliards de FCFA d’investissements en 15 ans de concession, dont 110 milliards de FCFA d’engagement ferme sur les 5 premières années. Pour l’exploitation même du terminal à conteneur, TIL envisageait l’achat de 4 portiques de quai neufs et 20 portiques de parc.
Le Suisse avait aussi mis l’accent sur ce que l’Etat camerounais devait gagner durant la concession. TIL devait s’acquitter d’un droit d’entrée de 24,3 milliards de FCFA, payable une seule fois à la signature du contrat, largement au-dessus des 600 millions de FCFA payés par l’ancien concessionnaire.
La redevance fixe annuelle devait être de 9,2 milliards de FCFA, trois fois le montant de ce qui a été payé durant 15 ans. TIL comptait aussi relever la redevance variable annuelle de manière graduelle à 8% sur le premier quinquennat, à 12% durant les 5 années suivantes, puis à 32% pour le reste des années contractuelles. Au total, des prévisions de 357 milliards de FCFA en termes de redevances contractuelles au bout de la concession. De quoi faire oublier rapidement le bilan présenté par Bolloré au terminal à conteneurs du port de Douala-Bonabéri.