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Cameroun : Les étapes d’une transition politique (Tribune)

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Dans une publication sur Facebook le vendredi 14 août 2020, Franck Essi, membre du mouvement stand up for Cameroon adresse une lettre ouverte aux camerounais au sujet de la transition politique et ses étapes au pays.


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Paul Biya – capture photo

La transition politique d’après ce mouvement : « C’est un processus de refondation de l’Etat sur une base consensuelle et démocratique en vue d’instaurer de nouvelles institutions qui assurent la souveraineté du peuple, La défense des intérêts des Camerounais/es et une gouvernance plus efficace du pays ». Elle se fera en quatre étapes.

Ci-dessous, l’intégralité de la lettre ouverte.

LETTRE OUVERTE AUX CAMEROUNAIS QUI VEULENT AVOIR PLUS D’INFORMATIONS SUR LA TRANSITION POLITIQUE

De manière régulière, à la faveur de certains développements de l’actualité politique, nous observons des polémiques naitre ici et là autour de tel acteur, de telle initiative ou de telle idée politique.

Ces derniers mois Stand Up For Cameroon a été interpellé à plusieurs reprises sur l’idée de la Transition Politique. La dernière en date a été faite suite à la rencontre entre le Cadre Citoyen de Concertation (C3) et le Chef Sokoudjou à son palais à Bamendjou.

Des membres de Stand Up For Cameroon, mouvement qui porte l’idée de la Transition Politique depuis des années, étaient partie prenante de la rencontre chez le Chef Sokoudjou.

Par ces précisions et clarifications, nous espérons édifier les personnes sincères qui s’interrogent jour et nuit sur les voies d’obtention d’un changement véritable au Cameroun.

I-  Quelle est la genèse de l’idée de transition politique à stand up for Cameroon ?

La Transition Politique est un processus de refondation de l’État sur une base consensuelle et démocratique en vue d’instaurer de nouvelles institutions qui assurent la souveraineté du peuple, la défense des intérêts des Camerounais/es et une gouvernance plus efficace du pays.

Cette idée de transition par d’un constant simple, celui de la double impasse dans laquelle se trouve notre pays : une impasse politique et une impasse de développement.

L’impasse politique s’illustre par le fait que le système politique est bloqué et qu’il ne peut pas produire l’alternance.

 L’impasse de développement se manifeste quant à elle par le fait que le système de gouvernance actuel est incapable d’améliorer la vie des Camerounais.

Ce sont donc les fondations du pays qui sont ébranlées. Ébranlées à tel point que nous sommes quasiment en guerre civile avec chaque jour une escalade de la violence.

Pour faire de cette crise profonde une occasion de transformation du pays, nous avons décidé de lancer un appel pour une Transition Politique.

Ce travail a commencé en 2014, au moment où la lutte contre Boko Haram atteignait son point d’orgue.

A cette période, nous nous réunissions à des périodes régulières entre partis politiques, organisations de la société civile et personnalités publiques pour discuter des moyens d’agir pour conjurer ce sort. Ces réunions se faisaient dans le cadre privé et visaient à établir un diagnostic consensuel de la situation du pays et des solutions durables à y apporter.

Entre 2014 et 2015, nous sommes parvenus à cette conclusion de la nécessité d’une refondation de l’Etat par le biais d’une Transition Politique.

Entre fin 2015 et début 2016, nous avons tous été témoins du bal des appels du peuple et des meetings qui appelaient à une modification de la Constitution en vue d’une présidentielle anticipée. Parmi les nombreuses voies qui se sont insurgées puis opposées, figuraient nos voix.

C’est ainsi que, pour transformer des convergences de vue, à savoir ce rejet du projet de changement de la Constitution, en une convergence d’actions, nous avons contactés d’autres forces politiques pour créer Stand Up For Cameroon.

L’objet de ce rassemblement était à court terme de faire échec au projet de modification de la Constitution et, à moyen terme, d’obtenir une Transition Politique démocratique au Cameroun.

Le 29 mars 2016, cet appel a été lancé par 04 Partis politiques : le CPP, le MRC, UPC – MANIDEM (UPC des Fidèles) et UNIVERS. Certains se souviennent certainement de la répression qui forte qui a présidé à la naissance de Stand Up For Cameroon à Odza, au siège du MRC.

Après quelques semaines de tensions, marquées par quelques arrestations de militants / es et d’activistes qui se déployaient pour sensibiliser les populations à l’action, le RDPC a renoncé à cette hérésie de modification de la Constitution. Ce renoncement constituait une grande victoire car pour la première fois depuis des années, l’agenda du RDPC avait été modifié par les actions des forces de l’opposition et la menace d’une mobilisation massive de la population. 

Ainsi, il n’est pas exact de présenter cette l’idée de transition comme une idée récente, développée pour nuire ou faire échec à un quelconque groupe politique de l’opposition.

 Ce d’autant plus que l’idée de Transition Politique est très ancien. Elle était déjà portée et proposée dans les années 50 par les leaders de l’UPC. Elle a été portée dans les années 90 par les forces du changement à travers les revendications de Conférence Nationale Souveraine. Elle a été également portée par l’Offre Orange autour de l’élection de 2011. Certains citoyens camerounais tels que Venant Mboua l’ont appelé « Transition Systémique » il y a quelques années.

Quatre partis politiques l’ont présenté comme la solution au problème national camerounais en 2016.

C’est une proposition politique qui précède l’élection présidentielle de 2018. La Transition Politique est portée aujourd’hui par l’UPC-Mandiem, le CPP, Le PAP et le MP3 ainsi que par plusieurs associations de la société civile et des personnalités publiques.

 Elle garde toute sa pertinence au regard de la situation du pays.

II – Quel est l’objectif de la transition politique selon stand up for Cameroon ?

Le mouvement Stand Up For Cameroon travaille à la mise en place d’une Transition Politique qui permettra de réaliser les trois objectifs suivants

1️⃣ La Rupture – En premier lieu, mettre fin au système de gouvernance corrompu et inefficace qui a paralysé le Cameroun avec la pauvreté, le sous-développement et la violence.

Pour approfondir :   Chronique : Le vocabulaire de la mort

2️⃣La Réconciliation – En deuxième lieu, résoudre les problèmes de notre passé colonial et réconcilier le peuple camerounais, aujourd’hui divisé sur plusieurs fronts.

3️⃣La Reconstruction – En troisième lieu, reconstruire les fondements de notre pays pour bâtir une nation juste et démocratique ainsi qu’un état de droit qui offre des opportunités de développement à chaque citoyen.

A terme, il s’agit de parvenir à un pays où :

➡️Le pillage des deniers publics n’est pas érigé en règle de gouvernance ;

➡️La lutte contre la corruption n’est pas un gadget mais intègre la mise en œuvre d’un ensemble de systèmes et d’outils de prévention et de répression de ce fléau à tous les niveaux ;

➡️L’Etat n’est pas confisqué par une minorité au pouvoir ;

➡️Les jeunes peuvent rêver de lendemains enchanteurs sans être condamnés au chômage et à l’exil au péril de leurs vies ;

Nos richesses sont effectivement gérées pour assurer le bien-être des populations notamment la santé, l’éducation, l’emploi, le logement décent ;

➡️Le Chef de l’Etat et l’ensemble du gouvernement se préoccupent des problèmes des Camerounais ;

➡️Le service public est effectif et à la recherche permanente de la satisfaction du citoyen ; La coopération avec les autres peuples du monde est saine et mutuellement bénéfique.

En termes simples, le but de cette Transition Politique est de refonder le pays. Ce n’est nullement un projet de remplacement d’un groupe par un autre.

 C’est, le parachèvement de l’œuvre entamée dans les années 40 et prolongée dans les années 90.

Mais comment y parvenir ?

III – Quelles Sont Les Etapes De La Transition Politique Selon Stand Up For Cameroon ?

La Transition Politique ne se décrète pas mais doit être construite par la mobilisation d’une masse critique d’organisations et de citoyens/ es qui aspirent ardemment à une rupture avec le présent système.

Cette Transition Politique comprend quatre étapes clés, à savoir :

Etape 1 : Le Départ Du Régime Biya

C’est un préalable nécessaire pour nous permettre de sortir des griffes d’un système corrompu en lequel les camerounais n’ont plus confiance. Ce départ doit se faire de manière non-violente avec tous les acteurs clés de la société qui convergent pour l’exiger. Elle se fait par les manifestations non-violentes du peuple qui l’exige en exerçant son pouvoir. Ce n’est pas en soi inédit ni original puisque ces dernières années, à, travers plusieurs pays, et très précisément en Afrique, nous observons que lorsque le peuple se lève, les dictatures tombent !

Etape 2 : Le Dialogue National

Cette étape nous permet de nous réconcilier en tant que peuple et de refonder notre pays. Ce vrai dialogue national doit permettre de couvrir une variété de sujets fondamentaux pour notre pays. Il s’agit entre autres de :

➡️Résoudre les problèmes de notre passé colonial. Ce qui signifie :

  1. a) Gérer les conséquences de notre lutte pour l’indépendance, y compris le massacre de centaines de milliers de Camerounais/es par les forces coloniales en collaboration avec ceux qui ont ensuite gouverné le Cameroun.
  2. b) Redéfinir le vivre ensemble de toutes les parties de notre territoire. Ce dialogue devra résoudre la question anglophone qui en est un des aspects saillants.
  3. c) Redéfinir les termes de la relation entre le Cameroun et ses anciens colonisateurs pour l’avenir.

➡️Redéfinir la relation entre le Citoyen et l’État.  L’administration en place avant l’indépendance avait pour mission d’exploiter le pays au profit des puissances coloniales et de soumettre les Camerounais à cet objectif. Ces maîtres coloniaux ont été remplacés par une élite oppressive qui s’est faite à leur image. Notre proposition inclut donc la redéfinition de la relation entre l’Etat et le citoyen dans le sens d’un Etat au service des populations, d’un Etat gardien des populations, protecteur et apaisant.

➡️Redéfinir la forme de l’Etat. Le souhait primordial des Camerounais est d’avoir plus d’autonomie (une autonomie décisionnelle et une autonomie des ressources) au niveau local pour gérer leur développement, sans pour autant remettre en cause celles des prérogatives qui ne peuvent revenir qu’à l’Etat central. Il est nécessaire de déterminer quelle forme prendra notre Etat de manière à satisfaire cet impératif d’autonomie accrue au niveau local.

➡️Réformer l’Armée et les autres forces de maintien de l’ordre (Police et Gendarmerie).  Nous avons besoin de redéfinir les relations entre les forces de l’ordre et les citoyens afin d’en finir avec les vestiges coloniaux et développer des forces armées citoyennes, républicaines, au service de la population et respectueuses de la Constitution que le Peuple Souverain se donnera. Nous devons cesser avec les abus, les exactions et les violations flagrantes des droits humains très souvent observés dans le rapport entre ces forces de l’ordre et les populations. Plus que jamais, au terme de ce vrai dialogue national, les forces de défense et de l’ordre devront être des forces au service du Peuple et non au service d’un clan au pouvoir !

➡️Redéfinir les systèmes et institutions clés. Il sera question durant ce vrai dialogue national de :

i)Poser les principes et les éléments constitutifs de la nouvelle Constitution pour le Cameroun. Ce qui constituera un nouveau contrat entre les Camerounais / es.

  1. ii) Définir les éléments d’un système électoral qui garantit des élections démocratiques, libres et transparentes.

iii) Etablir le cadre pour les réformes clés dans l’exécutif, le législatif et le judiciaire pour les mois et années à venir.

➡️Traiter la question du retour des réfugiés humanitaires et politiques ainsi que celle de l’amnistie pour les prisonniers politiques. Ce dialogue national, pour être vrai, doit pouvoir traiter certaines questions qui ont meurtri et divisé les Camerounais/es.

Ce Dialogue National doit avoir les caractéristiques suivantes :

1- Souverain : les conclusions et résolutions de ce dernier doivent s’imposer à tous/ es et être incorporées dans le dispositif constitutionnel, institutionnel, législatif et réglementaire du pays.

Pour approfondir :   Rio Ferdinand : « Sans lui, on allait encaisser six ou sept buts aujourd’hui. Onana a été bon cette saison »

2- Inclusif : les Camerounais/es de tous les horizons et de toutes les catégories sociales doivent participer selon les formes de représentativité qui doivent être consensuellement définies.

3- Participatif : la méthodologie de dialogue doit partir des quartiers et villages pour aboutir dans la phase finale à une grande concertation nationale regroupant des participants/es représentatifs de la diversité du Peuple Camerounais.

4- Public : les débats doivent se faire au grand jour, au vu et au su de tout le monde. Aussi bien au niveau local, régional que national. Ceci afin de prendre toute la communauté nationale à témoin et de permettre l’expression de tous les courants et sensibilités de la Nation.

5- Facilité par un groupe de personnalités camerounaises indépendantes ayant une intégrité morale, un engagement patriotique reconnu et des compétences techniques. Des personnalités africaines qui se sont illustrées dans la conduite de processus démocratiques et par leur expérience dans la médiation de crises pourront jouer le rôle de garants du processus camerounais.

Etape 3 : La Réforme Des Institutions

Une fois le Dialogue National effectué, il doit être suivi d’une réforme des institutions qui doit permettre d’atteindre les objectifs suivants :

1- Réécrire la Constitution afin d’intégrer la nature et la forme de l’Etat

2- Assurer l’équilibre entre l’exécutif, le judiciaire et le législatif

3- Reformer le système électoral

4- Redéfinir le rôle des Forces Armées et leur relation à la population

Etape 4 : La Tenue Des Élections Pour Installer Un Leadership Politique Légitime

Tenir des élections sur la base de la nouvelle Constitution, des nouvelles institutions et du nouveau code électoral. Des élections qui permettent de faire émerger un leadership politique véritablement démocratique qui poursuivra le travail de réconciliation, de reconstruction et de développement du pays sur des bases nouvelles.

Tout ce Vrai Dialogue National ainsi que les reformes qu’il va susciter devront être conduites par une équipe. Mais de qui s’agit – il ?

IV- En Quoi Consiste Le Gouvernement De Transition Selon Stand Up For Cameroon ?

Le Gouvernement de Transition Politique doit être mis en place après le départ du régime à la suite d’une mobilisation du peuple conduite par les forces du changement.

Cette mise en place du Gouvernement de Transition comporte quelques éléments clés tels que :

➡️ L’adoption entre les forces ayant œuvré au départ du régime d’une charte de la transition qui fera office de Constitution Transitoire. Ce sera un document qui précise les pouvoirs des différentes institutions et le rôle du Gouvernement de Transition.

➡️ L’adoption des critères présidant au choix des personnalités devant conduire la transition ainsi que le cahier de charge et l’agenda de la Transition Politique.

➡️Le choix des personnalités devant officier au sein du Gouvernement de Transition.

A ce stade, sur la base des expériences d’ici et d’ailleurs, nous pensons que les personnalités membres du Gouvernement de Transition Politique doivent remplir certains critères et conditions minimaux. Ce doit être des personnes :

1- Intègres

2- Qui ont pris position et posé des actes en faveur du changement au Cameroun

3- Qui ne seront pas candidats/es aux élections qui suivront la Transition Politique

4- Issues de toutes les régions du pays

Leur mission sera de conduire au mieux cet agenda de refondation du pays par et pour les Camerounais / es.

V- En Définitive, Que Retenir De La Proposition De Transition Politique Défendue Par Stand Up For Cameroon ?

C’est un processus de refondation du Cameroun aujourd’hui traversé par plusieurs crises qui ne sont pas près de connaitre leur terme.

C’est une idée qui est aussi vieille que les idées d’indépendance et de souveraineté telle que portée par les pionniers de l’émancipation du Cameroun.

C’est un moyen de remettre le peuple camerounais au centre de la discussion et de lui donner les moyens de se libérer des chaines du régime néocolonial en vigueur au Cameroun.

C’est une opportunité d’avoir les discussions de fond desquelles vont découler un nouveau consensus national et de nouvelles institutions pour le bien des populations du Cameroun.

Ce n’est pas un tremplin pour un individu pour devenir président.

Ce n’est pas l’occasion d’une chasse aux sorcières.

Ce n’est pas un projet politicien partisan dont le but est de faire ombrage à qui que ce soit qui est pour une refondation de l’État du Cameroun « Par et Pour les Camerounais/es ».

On peut être d’accord avec cette vision ou pas. Si on l’est, on y adhère en l’enrichissant dans le sens de la réaliser le plus tôt possible.

L’urgence est à la synergie pour imposer cette rupture systémique qui permettra de se débarrasser du régime actuel, amorcer la résolution durable des crises en cours et faire émerger de nouvelles institutions pour le bien de tous et de toutes.

Au -delà de certains leaders d’opinion , les organisations partisanes de cette transition politique telle que définie sont : le Cameroon People’s Party (CPP), l’UPC – MANIDEM (UPC des Fidèles), le Popular Action Party (PAP), la Cameroon Patriotic Diapora (CPD), le Mouvement Patriotque pour la Prospérité du Peuple (MP3), le West Cameroon Movement for Change, Un Monde Avenir (1MA), Better Breed Cameroon, Cameroon O’Bosso (COB), Droit au Droit (DoD), l’Association des Juristes pour l’intégrité Sociale.

La porte reste ouverte. 

Tous les partis politiques, associations, personnalités…qui croient en l’avenir de notre beau pays sont invités à nous rejoindre. 

Bâtissons ensemble cette Transition Politique pour le Cameroun de demain.

Pour le compte de STAND UP FOR CAMEROON

Franck Essi

Membre de la Coordination de STAND UP FOR CAMEROON

 


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