La communauté Kanuri, basée au Septentrion Cameroun et dans certains pays voisins rejette toute à l’assimilation à Boko Haram.
Les Kanuri refusent toute assimilation à la secte terroriste Boko Haram. C’est le moins que l’on puise retenir du N°1240 du journal L’œil du Sahel en kiosque ce lundi 15 juillet 2019.
Pour peu qu’on soit Kanuri, on est victime de toute forme de marginalisation. Seulement, le temps qui passe n’efface en rien les injustices, les stigmates qu’ont subis les membres de cette communauté.
« En 2015 quand Boko Haram faisait rage, un jour dans un taxi, parce que je suis Kanuri et je portais un voile, une dame m’a balancé sur le visage que je suis une terroriste et qu’il se pourrait que je porte une charge explosive. Elle a exigé au chauffeur de me faire descendre de son taxi, sinon c’est elle qui va descendre. Face au refus du chauffeur, c’est finalement elle qui est descendue. À sa suite, les autres occupants du taxi ont pris peur et sont sortis prendre un autre taxi. J’ai été scandalisée et traumatisée par cette attitude stigmatisante », évoque Aïssatou avec déception, native de Kolofata dans la région de l’Extrême-Nord, ce qu’elle appelle « l’humiliation ».
Comme si cela ne suffisait pas, poursuit le journal de Guibaï Gatama, « Modou, jeune bachelier s’est vu refuser certains services tout simplement parce qu’étant Kanuri, il est assimilé à un terroriste ».
Pris aux tenailles d’un côté par les forces de défenses qui les taxent d’indiques et de l’autre la population de les persécute, ils ne savent plus à quel saint se vouer.
Heureusement, des voix s’élèvent pour combattre cette manière d’agir : « C’est l’objectif poursuivi par le programme Voix de Paix, financé par l’Usaid et mis en œuvre par Equal Acces International Cameroun. En acceptant de financer ce programme, le bailleur de fond attend en retour que la stigmatisation à l’égard de Kanuri cesse et que cette communauté retrouve sa dignité bafouée » peut-on lire dans le trihebdomadaire L’œil du Sahel.
Une initiative que confirme Wise Nzikie Ngasa, aux réunions tenues avec cette communauté mal-aimée : « Je pense que la réunion était très importante. J’ai vu une forte mobilisation de la communauté Kanuri de Yaoundé. C’est symbolique dans ce sens que Yaoundé c’est la capitale où se trouve les élites et les décideurs. C’est donc important de mobiliser cette communauté. L’objectif est de dialoguer ensemble sur la stigmatisation dont cette communauté est victime. En tant que camerounais, nous voulons qu’ils se sentent comme tels et qu’ils impulsent une réelle cohésion sociale. Pour atteindre cette ambition, il faut un dialogue inclusif. Au cours de cette rencontre, ils ont dévoilé les problèmes auxquels ils font face et les défis qui les interpellent. Ensemble, nous sommes en train de discuter pour voir comment proposer des solutions pertinentes participatives », argue le directeur pays d’Equal Access Cameroun.