Le Mrc va donc boycotter le scrutin du 9 février prochain. La décision de Maurice Kamto de ne pas aller aux élections législatives et municipales avec son parti continue de faire réagir. Luc Perry Wandji, journaliste en service à la télévision nationale analyse les contours du retrait du MRC de la course au double scrutin. Lebledparle.com vous propose l’intégralité du texte.
MRC : FAUX DÉPART ET FAUSSES PISTES
Ceux qui prétendent que le MRC a renoncé à participer au double scrutin de Février 2020, parce qu’il était incapable de présenter des candidats dans tout le pays, nous conduise sur une vraie fausse piste.
Cette hypothèse n’ouvre aucune perspective et ne nous donne aucune clé pour comprendre pourquoi et comment le MRC a pu s’exfiltrer d’un processus électoral au cours duquel il aurait, au pire des cas, fait mieux que son précédent score aux élections législatives et municipales.
Même le SDF, au sommet de sa gloire n’a jamais pu couvrir toutes les circonscriptions électorales.
Présenter des candidats dans toutes les circonscriptions électorales ne saurait être une finalité en soi, pour éventuellement justifier le désistement d’un parti politique sérieux.
Tout au plus, ce pourrait être une stratégie pour parvenir à d’autres fins : glaner le maximum de sièges à l’Assemblée nationale et conquérir les mairies.
Or, au cours de ces derniers mois, on a vu se constituer des bastions entiers et solides du MRC : à l’Ouest, le Littoral et dans une moindre mesure, la région du Centre.
Il ne faisait presque pas de doute : le MRC était quasi assuré de faire une percée, comparativement, à la fois aux autres partis de l’opposition, et à ses résultats des dernières élections locales de 2013.
Même en envisageant l’hypothèse d’une défaite face au mastodonte qu’est le RDPC, le mouvement pour la renaissance du Cameroun avait encore son destin en main et avait les moyens de consolider sa place de leader de l’opposition, d’étoffer sa présence à l’Assemblée nationale ; tout en élargissant sa base électorale et tutoyant l’obésité du parti dominant dans un contexte sociopolitique que l’on dit en recomposition…
Insinuer que le MRC a pu cracher sur cette aubaine, simplement pour sauver la face, relativement à son incapacité supposée à présenter des candidats sur l’ensemble du territoire national, me semble minimalement tiré par les cheveux.
Si j’étais sévère, je dirais que cela procède du fantasque, du fantasme et de la fantasmagorie.
LPW.
MRC : UN « NON » STRATEGIQUE ?
Ce qu’il convient d’analyser, ce n’est pas en soi la décision du MRC de ne pas participer aux prochaines élections législatives et municipales.
Ce qu’il faut interroger, c’est surtout les présupposés et les projections qui ont travaillé cette décision qui ne manque pas de culot, pour un parti politique qui ne fait pas mystère de son ambition de présider aux destinées de notre pays.
Alors, comment comprendre la tactique de la chaise vide, à un moment si décisif, où certaines conjectures optimistes envisageaient sinon une razzia de l’opposition avec en tête de file le MRC; du moins un effondrement de certains bastions du RDPC, où l’on entend des bruits de bottes depuis peu…
Mon intime conviction est que le MRC mise sur l’éventualité d’un fiasco des prochaines consultations électorales.
Le MRC est convaincu qu’avec la crise encore ambiante dans le NOSO, le processus électoral fera pschitt. Et tout le monde sera bien forcé de revenir à la case départ.
Seulement, le « hors-jeu » du MRC va (re) mettre en scène les opportunistes qui espèrent grappiller quelques voix dans l’électorat du Mouvement pour la renaissance du Cameroun.
Les autres partis de l’opposition peu friands des sophistications du MRC vont forcément s’engouffrer dans la brèche pour tirer leur épingle du jeu…
Au fond, la décision de l’état-major du MRC ressemble à un grand saut vers l’inconnu, qui peut soit le conduire vers des horizons glorieux et conforter sa position de première force politique de l’opposition, soit consacrer un suicide politique sans précédent.
LPW.