Maurice KAMTO le président national du MRC demande à travers une déclaration rendue public le dimanche 4 avril 2021, le désengorgement des prisons du Cameroun pour empêcher la propagation de la covid19 en milieu carcéral.
DECLARATION SUR L’URGENCE DU DÉSENGORGEMENT DES PRISONS POUR RAISON HUMANITAIRE DANS LE CONTEXTE DE LA NOUVELLE VAGUE DE L’EPIDEMIE DE LA COVID-19 AU CAMEROUN.
Dans le contexte de la recrudescence reconnue par les pouvoirs publics de l’épidémie de la Covid-19 au Cameroun, le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) invite le Gouvernement à procéder à un désengorgement des prisons du pays, par la libération de certains détenus.
En effet, depuis plusieurs mois, le Cameroun fait face à une nouvelle phase de contamination et de décès accrus dus à la Covid-19, qui est désormais plus virulente et plus meurtrière que lors de la phase précédente. L’environnement carcéral au Cameroun est, comme l’a reconnu le Ministre d’État, Ministre de la Justice Garde des sceaux lui-même, lors de la
réunion du 25 mars 2021 du Comité interministériel chargé d’évaluer et de suivre la mise en œuvre de la stratégie de riposte du gouvernement contre la pandémie du coronavirus au Cameroun, caractérisé par la surpopulation et des difficultés à faire respecter les mesures-barrières, notamment la distanciation physique. La surpopulation carcérale s’accompagne de l’insalubrité et d’une très grande promiscuité qui sont incompatibles avec les règles d’hygiène. Elle favorise l’accumulation et la conjugaison des facteurs objectifs de transmission du coronavirus.
Depuis plusieurs mois, de nombreux cas de prisonniers testés positifs sont rapportés dans diverses prisons à travers le pays. Une étude gouvernementale menée dans 21 prisons sur les 70 que compte le Cameroun, et dont les résultats ont été rendus publics lors de la réunion du Comité interministériel susvisé du 25 mars 2021, faisait état d’environ 700 détenus contaminés.
Il y a lieu de relever qu’outre le fait que l’étude portait sur moins de la moitié des prisons du pays, ces chiffres étaient déjà largement en deçà de la réalité. En tout état de cause, ils sont aujourd’hui dépassés. Il est très préoccupant de constater qu’aucune statistique fiable ne peut être donnée par le Gouvernement sur le taux réel d’infection dans les prisons et par conséquent de décès suite à la Covid-19. La pénurie des tests Anti-Covid-19 à travers le pays, y compris dans les aéroports, est aujourd’hui connue de tous. C’est, consciente de cette situation critique dans les prisons, que l’Administration a décidé d’un certain nombre de mesures, dont la limitation des visites aux détenus.
Malheureusement, cette mesure est vécue comme une punition par ces derniers. De plus, elle n’est pas la solution appropriée au défi sanitaire actuel en raison de la surpopulation carcérale à cause de laquelle la propagation de la Covid-19 prend un tour dramatique dans les prisons.
L’Organisation des Nations Unies (ONU) a appelé à plusieurs reprises au désengorgement des prisons. En effet, Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux Droits de l’Homme, Madame Michelle Bachelet, l’a régulièrement demandé. Ainsi, dans sa sortie du 25 mars 2020 déjà, elle alertait sur la possibilité des « ravages » de la Covid-19 dans les prisons si les gouvernements ne travaillent pas «rapidement pour réduire le nombre de personnes en détention ». Plus récemment, en octobre 2020, elle déclarait : « Les personnes détenues uniquement en raison de leurs opinions politiques ou pour d’autres formes d’activisme en faveur des droits de l’Homme ne devraient certainement pas être traitées plus sévèrement ou exposées à un plus grand risque ». Et de poursuivre : «J’appelle à la libération inconditionnelle des défenseurs des droits de l’Homme, des manifestants pacifiques, des avocats, des prisonniers politiques et de toutes les autres personnes privées de leur liberté pour avoir exprimé leurs opinions ou exercé leurs droits de toute autre manière ».
Il est loisible de constater que cette recommandation a été suivie par plusieurs pays à travers le monde. En Afrique, l’Ethiopie, le Maroc, la Libye, le Nigéria, la Guinée Equatoriale et sans doute d’autres pays encore ont d’ores et déjà libéré des dizaines de milliers de prisonniers.
Lors de la précédente vague de la Covid-19 en 2020, suite au décret présidentiel du 16 avril, un certain nombre de détenus avaient certes été libérés ; mais pas assez pour vraiment désengorger les prisons du pays, notamment les plus grandes.
Sachant que l’actuelle vague de la Covid-19 est plus virulente que la précédente, il est urgent que le Gouvernement fasse preuve de plus de volontarisme en trouvant une formule humanitaire juste et appropriée pour désengorger enfin les prisons. Il s’agit d’une véritable urgence humanitaire.
Le gouvernement ne peut permettre que les dizaines de milliers de détenus, en majorité des prévenus, qui peuplent les prisons du pays voient leur détention se muer en peine de mort déguisée.
Dans la perspective de cette libération humanitaire désormais vitale, je propose que soient examinés les cas des personnes suivantes : les personnes âgées, les sujets porteurs de comorbidité, les auteurs de délits mineurs, les délinquants primaires auteurs de délits mineurs, les mineurs auteurs de délits, les femmes enceintes, les auteurs de détournements de deniers publics disposés à restituer les sommes détournées, les personnes qui attendent désespérément d’être jugées, parfois au-delà des délais fixés par le Code de procédure pénale, les personnes arrêtées dans le cadre de la guerre civile dans les régions du Nord-ouest et du Sud-Ouest, les journalistes, les lanceurs d’alerte, les militants et sympathisants du MRC arrêtés dans le cadre les Marches Pacifiques organisées le 22 septembre 2020, et plus généralement, tous les prisonniers d’opinion.
Ne pas prendre la décision humanitaire qu’impose la situation actuelle dans nos prisons face à cette nouvelle vague de la Covid-19 reviendrait à laisser volontairement se développer un foyer objectif de propagation du coronavirus et, par conséquent, favoriser la persistance, voire l’aggravation de l’épidémie en cours au Cameroun.