Le Dr Josué Mofo, divorcé et père de trois enfants, aimait vivre en autarcie. Vendredi 31 mai 2013. Les voisins du Dr Josué Mofo découvrent ses restes sur le fauteuil de son domicile. Son squelette est enveloppé dans une veste étalée sur le canapé. Le concierge de l’immeuble dans lequel il vivait affirme
qu’ « il payait son loyer deux ans à l’avance et n’aimait pas être dérangé pour quoi que ce soit ». Mais au bout de quatre ans d’attente infructueuse, le concierge s’est résolu à solliciter une ordonnance que lui a finalement signée le président du Tgi de Mbouda, Raymond Bilong, le 30 mai, pour permettre que son domicile soit ouvert.
Alertées, les autorités sont venues aux nouvelles. Sur la table du défunt, on a retrouvé sa note de prise de service qui datait de 2008, ses deux téléphones portables, sa mallette, et une somme de 580.000 F. Cfa déposée sur son bulletin de paie. Comment de 2008 à ce vendredi 31 mai 2013, personne ne s’est inquiété de l’absence prolongée du Dr Josué Mofo dont on n’avait plus aucune nouvelle? Joseph, l’un de ses voisins qui l’a peu connu, fait savoir que « le Dr Josué Mofo était au 2ème niveau et avait une entrée à lui tout seul.
Lorsque j’ai constaté que la voiture de l’hôpital de district de Mbouda qu’il utilisait ne se garait plus au rez-de chaussée, je me suis renseigné et j’ai entendu dire qu’il avait été affecté à Yaoundé ». Les autres voisins évoquent le souvenir d’un homme qui aimait vivre en autarcie. « Avec les odeurs des produits de provenderie de la Spc, de drèche et les déchets de poules que le bailleur élève ici, nous n’arrivions pas à distinguer l’odeur particulière d’un mort des odeurs qui empestent sans cesse cet immeuble».
Ses anciens collègues de l’hôpital de district de Mbouda se souviennent qu’il venait d’obtenir son affectation pour Yaoundé et une bourse lui permettant d’aller en Europe finaliser sa spécialisation. « Comme il n’aimait pas trop être dérangé, lorsque certains parmi nous n’ont pas pu le joindre, on s’est dit que soit il était en train de travailler, soit il était déjà en Europe pour suivre sa formation », affirme une infirmière de l’hôpital de district de Mbouda qui l’a côtoyé pendant plusieurs années.
Né en 1962, le Dr Josué Mofo, venait de divorcer. Il avait laissé la garde de ses trois enfants à son ex-épouse à qui il versait une allocation familiale à temps. Par ailleurs, il n’avait pas de rapport particulier avec les membres de sa famille. Marie Kayo, la maman du Dr Josué Mofo, croyait alors que son fils était à l’étranger. Tout ce flou a fait en sorte que le défunt passe de mort à squelette sur un fauteuil, dans sa maison d’habitation.
© Le Jour : Honoré Feukouo