Depuis le mois de juillet 2020, au moins trois réunions multisectorielles ont déjà eu lieu dans les services du Premier ministre, Joseph Dion Ngute, à l’effet de peaufiner le plan de restructuration de Camair-Co, la compagnie aérienne publique camerounaise. Ces travaux, selon une source autorisée, sont suivis de très près par le chef de l’État, Paul Biya, qui a instruit le gouvernement d’envisager la reprise des activités de la compagnie aérienne dans les délais les plus brefs.
Cette exigence du président Biya pourrait induire la reprise des activités du transporteur aérien public camerounais, au cours du mois de septembre courant. Au lieu du mois d’octobre 2020, comme le prévoyait le plan de restructuration en cours de finalisation, apprend-on.
Par ailleurs, laisse échapper une source proche du dossier, le chef de l’État a également ordonné que l’activité de Camair-Co soit recentrée uniquement sur les vols domestiques, à l’effet de faciliter la mobilité dans le pays.
Cette instruction présidentielle rejoint la stratégie mise en œuvre par l’un des anciens DG de Camair-Co, Ernest Dikoum en l’occurrence. Ce dernier avait, dès l’année 2017, entrepris de recentrer la compagnie sur les dessertes domestiques, en complétant la carte des destinations locales
De sorte qu’à son départ de la tête de Camair-Co, la compagnie desservait sept capitales régionales sur les 10 que compte le Cameroun. Exception faite de Bertoua (Est), Ebolowa (Sud) et Buea (Sud-Ouest).
Cette liste des dessertes domestiques ne devrait pas être difficile à compléter, au regard des mesures déjà prises par le gouvernement, à l’effet de réhabiliter la flotte de la compagnie.
En effet, dans sa lettre adressée au Premier ministre le 14 juillet 2020, le secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh, révèle qu’en prélude à la restructuration, qui ouvrira la voie à la privatisation de la compagnie, selon le vœu du chef de l’État, une enveloppe de 15 milliards de FCFA a été mise à la disposition du top management de Camair-Co.
Nouveau DG
Cette perfusion financière devait servir, détaille Ferdinand Ngoh Ngoh dans sa correspondance, à « l’envoi en maintenance de l’un des Boeing 737-700 NG ; l’acquisition de deux aéronefs Dash Bombardier Q400, mieux adaptés aux lignes de courte distance ; et la location de deux moteurs susceptibles de permettre la remise en vol du deuxième Boeing 737-700 NG » de Camair-Co. À cela, il convient d’ajouter les deux MA60 chinois et le premier Bombardier Q400 exploité par la compagnie.
Pareille flotte offre à la compagnie publique camerounaise des arguments pour redécoller dans les prochaines semaines, avec le même directeur général (DG), dans un premier temps. Car, apprend-on, les autorités publiques continuent à rechercher activement un remplaçant pour Georges Njipendji Kouotou, après la fin de non-recevoir que leur a opposé Charles Tawamba, douanier retraité réputé très rigoureux, qui a notamment participé à la restructuration de Campost, l’entreprise postale publique.
À en croire nos sources, au moins deux autres personnalités ont été consultées pour le poste, mais ont également décliné l’offre considérée comme un cadeau empoisonné.
Ceci, au regard de la situation financière catastrophique de Camair-Co (110 milliards de FCFA de dettes à fin 2018, une perte prévisionnelle de 15 milliards de FCFA en 2019 et 12 milliards de FCFA au premier semestre 2020…), qui a toujours évolué en zone de turbulences depuis le lancement de ses activités en 2011.