Ils viennent de publier aux éditions Afredit un ouvrage au titre évocateur : « Document de stratégie pour la croissance et l’emploi, comment atteindre la croissance à deux chiffres ? ». La cérémonie de dédicace de cet ouvrage a eu lieu ce 10 mai 2017 à Yaoundé.
« Document de stratégie pour la croissance et l’emploi, comment atteindre la croissance à deux chiffres ? » Cette grande question a été au cœur de la cérémonie de dédicace. L’ouvrage de 231 pages publié aux éditions Afrédit est une recherche institutionnelle de l’Université de Yaoundé II, rédigé par un groupe d’universitaires sous la direction du Pr. Henri Ngoa Tabi. L’ouvrage subdivisé en quatre chapitres fait ressortir les forces et faiblesses du Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (DSCE), élaboré par le gouvernement camerounais en 2009.
De la « grande poussée à la transformation structurelle »
L’équipe de travail de recherche (ETR) coordonnée par le Pr Ngoa Tabi a travaillé uniquement sur le chapitre croissance, « en économie, la croissance regroupe tout : l’éducation, la formation, l’électricité les routes, l’innovation etc ». Sauf que la croissance du Cameroun n’atteint pas encore les deux chiffres. L’ETR s’est rendue compte que le DSCE repose sur la théorie de la « grande poussée », qui consiste à implémenter le développement dans tous les secteurs (primaire, secondaire, tertiaire) au même moment, à la même cadence. Les auteurs soulignent également que cette théorie pose trois grands problèmes : celui de la coordination, avec la duplication de certains programmes entre les ministères ; le problème de financement puisqu’il faut beaucoup d’argent pour tout faire en même temps et le problème de visibilité. Au lieu de faire la « grande poussée », sans cesse pertubé par des chocs (sécuritaire, pétrolier, APE et les questions du Nord-ouest et du Sud-ouest) et courrir le risque d’être détournée des objectifs, il faut recentrer. La « transformation structurelle », le nouveau paradigme proposé par l’ETR, qui consiste à mettre les moyens d’abord vers les secteurs qui peuvent tirer la croissance très rapidement, ou tout au moins, rapporter des devises. D’après le Pr Ngoa Tabi Henri, le nouveau modèle proposé repose sur cinq éléments à savoir la diversification de l’économie, les exportations compétitives, la productivité, la mise à niveau technologique et le développement du bien-être humain.
La réaction du ministre de l’économie
Le ministre de l’économie, de la planification et de l’aménagement du territoire a brillé par sa présence à cette cérémonie de dédicace de l’ouvrage. Pour le Minepat sa présence est un signe important du fait que le gouvernement est ouvert à toute les critiques. Louis Paul Motazé est tout de même d’accord avec les auteurs du document qu’il faut travailler sur la croissance à deux chiffres. Toutefois, il est venu avec une critique. « Dans le livre, il n’y a pas beaucoup de critique sur les choix fondamentaux, c’est-à-dire quels sont les secteurs quels sont les secteurs qui devraient impulser la croissance », a déclaré Louis Paul Motazé.
« Il y a eu un changement de paradigme, c’est-à-dire le DSCE a remplacé le document de stratégie pour la réduction de la pauvreté (DSRP) qui donnait la priorité aux secteurs sociaux, l’éducation et la santé. Beaucoup d’argent ont été déversé dans ces secteurs mais la croissance n’a pas été franchie. Donc le DSCE est arrivé pour changer d’approche, au lieu de commencer par les secteurs sociaux, il faut commencer par les secteurs producteurs, il faut produire pour distribuer et vendre », a dit le ministre.
Le ministre pense également qu’il ne faut pas réviser le DSCE, plutôt il faut critiquer les indicateurs, c’est-à-dire comment on mesure les informations qui ont été choisies. Il a profité de l’occasion pour invités les auteurs à les rejoindre pour réfléchir sur l’après Dsce qui doit être révisé en 2020.