Le corps de Jean Awono Bikélé, sauvagement décapité avait été retrouvé dans un buisson au bord d’un ruisseau. Depuis dix ans déjà, les coupables du forfait vicieux sont toujours recherchés. La Cour d’appel du Centre réexamine la décision d’instance qui avait libéré les présumés assassins.
Dans les colonnes du journal d’informations juridico-judiciaires en kiosque cette semaine lebledparle.com apprend que les membres de la famille du défunt sont toujours à la recherche des meurtriers et des circonstances du décès de celui qui constituait un espoir pour eux.
Dès la survenue du forfait, une enquête a permis d’interpeller de nombreux suspects, parmi lesquels les parents du défunt. Mais, ces derniers ont été libérés par le juge d’instruction du Tribunal de grande (TGI)de Monatélé alors que d’autres sur qui de forts soupçons pesaient, notamment un certain Sékou Sebeti, marabout malien et Marie Suzanne Bikié Fouda, amante de Jean Awono Bikélé avec qui il vivait maritalement.
« Au terme du procès, le TGI de Monatélé a déclaré les deux personnes non coupables des faits d’assassinat qui leur étaient imputés et les a relaxés purement et simplement pour faits non établis. Cette décision a provoqué l’indignation de la famille de Jean Awono Bikélé et du parquet. Ils ont tous estimé que la décision du TGI est injuste et mérite d’être réexaminée devant la Cour d’appel du Centre. Le 22 octobre 2019, Mme Ngah Bidzedi, la fille du disparu issue d’un autre lit, accompagnée de François Bikélé, son oncle paternel était devant la Cour. Elle a été la seule à prendre la parole pour donner sa version des faits sur la rocambolesque affaire qui a brutalement ôté la vie à son géniteur. Elle a expliqué avoir vu son père pour la dernière fois, le 7 janvier 2009, lorsqu’il a quitté en mi-journée, le domicile familial situé au quartier Emana à Yaoundé, et n’y est plus jamais revenu. Ce même jour, Mme Ngah raconte que la compagne de son père s’était rendue, à la chorale au quartier Nkol—Eton à Yaoundé et n’est revenue à leur domicile qu’à 5 heures du matin », relate le journal Kalara.
Répondant aux questions du parquet, Mme Ngah Bidzedi a attiré l’attention de la Cour sur certaines attitudes inhabituelles qu’elle avait relevé dans le comportement de sa marâtre, ce jour-là. Notamment le fait pour Marie Suzanne Bikié Fouda, d’avoir engagé très tôt le matin du 8 janvier 2009, une lessive. Elle a ensuite demandé à son neveu de passer la nuit dans l’appartement conjugal comme si elle savait d’avance que son homme dont elle avait annoncé la première la nouvelle de son assassinat, n’allait plus revenir à la maison. « Ce qui nous a surpris c’est que la nouvelle de l’assassinat de notre père qui nous a été annoncée comme une rumeur s’est confirmée quelques heures plus tard avec la découverte de la dépouille du défunt dans un buisson au bord d’un ruisseau au lieudit Emana dans l’arrondissement d’Ebebda, département de la Lékié », note-t-elle dans les colonnes de l’hebdomadaire Kalara.
Le journal renseigne que « Mme Ngah Bidzedi qui a fondu en larmes devant la barre a informé la Cour du traitement inhumain dont elle a fait l’objet quelques jours seulement après la disparition de son père. Elle a par ailleurs, indiqué que sa belle-mère avait mis son père en contact avec un certain Sekou Sebeti, marabout malien chez qui la famille allait souvent faire des rites de purification et autres pratiques magiques ».
Selon certaines indiscrétions glanées par Kalara autour de cette affaire, il ressort que M. Awono Bikélé Jean était, à l’époque des faits, le percepteur des Finances de Edzendoua, département de la Mefou et Afamba, région du Centre. Il vivait en concubinage avec Suzanne Bikié Fouda ; le couple n’avait pas eu de progéniture, mais élevait des enfants issus d’autres lits. Pendant de nombreuses années, les choses allaient bien jusqu’à ce que le marabout entre dans la vie du couple. L’erreur fatale de Jean Awono Bikélé avait été d’informer son amante qu’il avait gagné un important marché public estimé à plusieurs dizaines de millions de francs. Ce qui aurait, d’après les mêmes indiscrétions, attisé la convoitise de son épouse et de M. Sekou Sebeti, le marabout malien.
Un membre de la famille qui a requis l’anonymat, indique dans le journal que le marabout est la dernière personne qui a eu de nombreux appels téléphoniques avec le défunt. C’est cette raison et bien d’autres qui ont poussé les enquêteurs à porter des soupçons sur Sekou Sebeti et Suzanne Bikié Fouda qui semblaient être de connivence.
« Les deux présumés meurtriers ou commanditaires du crime auraient alors, aux dires du même membre de la famille du disparu, monté toutes sortes de manigances pour éliminer Fin fortunée et récupérer d’importants fonds qu’il a gagnes. Avant son décès, le marabout lui a demandé la somme de 500 mille francs dans le but d’exorciser le chèque de paiement qui lui avait été remis. M. Sekou Sebeti aurait également demandé à ce dernier de retirer de la banque tout le montant contenu dans le chèque querellé afin que ces fonds soient exorcisés et multipliés. Le percepteur des finances qui était déjà dans la nasse du marabout et traumatisé par les révélations troublantes de celui-ci, aurait exécuté à la lettre et sans se douter de rien, tous les conseils de M. Sekou Sebeti. Il ignorait qu’il ouvrait largement la porte de sa mort mystérieuse dans la nuit du 7 au 8 janvier 2009. L’affaire a été renvoyée au 26 novembre 2019, pour les réquisitions du parquet », peut-on lire.