Le limogeage de la ministre sortante de la culture Ama Tutu Muna, vient mettre fin au bras de fer avec le premier ministre chef du gouvernement. Le président Paul Biya à travers ce décret répond aux cris d’un grand nombre d’artistes.
Vendredi 02 octobre 2015, le président de la république Paul Biya a signé d’importants décrets nommant, mutant et limogeant certains ministres. Tous les ministres frondeurs du premier ministre qui restent en poste ont été virés. Le président a donné ainsi raison au premier ministre ou du moins a choisi son camp. Ces ministres frondeurs sont entre autres le ministre sortant en charge de l’agriculture et du développement rural Lazare Essimi Menye, Patrice Amba Salla, ministre sortant en charge des travaux publics et la ministre sortante des Arts et de la culture Ama Tutu Muna.
03 sociétés de gestion des droits d’auteurs en 8ans
Parlant de la ministre des arts et de la culture Ama Tutu Muna, il faut dire que c’est depuis 2007 qu’elle a trônée à la tête de ce département ministériel. En huit années, sa gestion de ce ministère a connu beaucoup de soubresauts et d’atermoiement. Nous sommes en mai 2008 : douze mois après sa nomination, Tutu Muna marque les esprits en retirant l’agrément à la Cameroon Musique Cooperation (CMC) sous le prétexte que :« l’Assemblée générale ordinaire de la Cameroon music corporation (Cmc), prévue le 10 mai 2008 au Palais des congrès de Yaoundé, n’a pu se tenir régulièrement en raison de la violation flagrante des dispositions relatives et réglementaires et, des textes fondamentaux de la Cmc ». Une nouvelle société de gestion des droits d’auteurs, la Société Camerounaise de l’Art Musicale (SOCAM) est donc crée. La CMC saisi la cour suprême qui tranche en sa faveur. Mais Ama Tutu Muna botte en touche les décisions de la plus grande instance de juridiction du Cameroun qui en principe sont irrévocables et applicables une fois la décision rendue publique. La SOCAM crée par la ministre, ne connait également pas une gestion saine avec à sa tête l’artiste musicienne de gospel, Odile Ngaska comme PCA. Après le feuilleton Odile Ngaska, arrive le prince des montagnes Ndedi Eyango comme nouveau Président du Conseil d’Administration (PCA), à l’issue d’une élection légale et transparente. Quelques jours après son élection voir quelques heures, il est débarqué sous le fallacieux prétexte de sa nationalité américaine. C’est le début d’une autre crise dans la gestion des droits d’auteurs et du droit voisin qui voit le premier ministre se saisir de la situation en mettant sur pieds un comité de réflexion et de redressement du secteur de l’art musical. Le 28 avril 2015 lors d’une cérémonie de remise de guitare organisée à Mbengwi (village d’Ama Tutu Muna) dans la région du Nord-Ouest du Cameroun, la Société Camerounaise Civile de Musique (SOCACIM) est créée par une faction d’artiste conduit par Roméo Dika, président du Syndicat Camerounais de la Musique (SYCAMU). Le 15 mai 2015 l’agrément est accordé à la nouvelle société et ce sera donc la 3eme société de droits musicaux qui va voir le jour en 8ans de gestion du ministère.
Bras de fer avec Philémon Yang
«Le Premier ministre, chef du gouvernement, vient d’apprendre par les termes du communiqué visé en marge dûment signé de vous (Ama Tutu muna, ndlr), l’octroi d’un agrément aux fins de la gestion collective du droit d’auteur et des droits voisins de la catégorie B, art musical, à une société dénommée : « Société camerounaise civile de la musique». Le chef du gouvernement me charge de vous demander de bien vouloir rapporter dans les quarante-huit (48) heures, les termes dudit communiqué, ainsi que la décision datée du 15 mai 2015 visée dans ledit communiqué comme ayant accordé ledit agrément»,écrit Louis-Paul Motaze, le secrétaire général des services du Premier ministre de l’époque. La ministre boude, et le 22 mai 2015, Philémon Yang annule l’agrément de la SOCACIM et reprend le bâton de commandement en créant un comité provisoire de gestion de suivi et de gestion de l’art musical. Sauf que la ministre Ama Tutu Muna tente un coup de force et entre dans une vraie guéguerre avec son supérieur. C’est la grande famille de l’art musical qui se divise une fois de plus : une faction acquise à la cause de Roméo Dika proche d’Ama Tutu Muna et une autre faction favorable à la décision du premier ministre.
Quid de Roméo Dika et son camp ?
Le décret réaménageant le gouvernement vient ainsi sonner la fin de ce conflit et l’insubordination de la ministre avec la nomination du Pr Mouelle Kombi Narcisse. C’est un juriste internationaliste, poète, ancien directeur de l’ l’Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC) précédemment conseiller spécial à la présidence de la république. Est-ce que le nouveau ministre des arts et de la culture saura-t-il réconcilier les artistes camerounais musiciens après la division orchestrée par la ministre sortante ? Est-ce que le professeur pourra assainir définitivement le secteur de l’art musical ? On attend le maçon au pied du mur. Ama Tutu Muna n’étant plus aux affaires que deviendra son homme fort, son homme de main Roméo Dika ? Il convient de rappeler à juste titre que ce dernier avait porté atteinte à l’honorabilité, à la dignité, et à la vie privée de tout un premier ministre en parlant d’une supposée relation qu’entretenait Philémon Yang avec son ex épouse, la pretty diva de la chanson camerounaise Chantal Ayissi. Wait and see !
© Chancelin WABO, Lebledparle.com
LeBledParle.comvous propose quelques avis d’internautes au sujet du limogeage de la ministre.