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Cameroun : Reporters sans frontières demande la remise en liberté immédiate d’Amadou Vamoulké

Amadou Vamoulke

L’ancien dirigeant de la CRTV, la télévision publique camerounaise, est appelé à comparaître pour une nouvelle audience, après 14 renvois consécutifs, le 4 décembre prochain. Reporters sans frontières (RSF) demande la remise en liberté immédiate de ce journaliste dont la détention provisoire s’éternise depuis le 29 juillet 2016.


Amadou Vamoulke
Amadou Vamoulké dans sa prison à Kodengui, (crédit photo-DR)

Le 4 décembre, le tribunal criminel spécial (TCS) devrait avoir l’occasion de décider si le procès du journaliste Amadou Vamoulké doit ou non se poursuivre. Les juges prendront leur décision en fonction des éléments à charge fournis par l’accusation dont les réquisitions intermédiaires sont attendues à cette occasion. Or, deux ans et quatre mois après l’arrestation de l’ancien dirigeant de la Cameroon Radio Television (CRTV), aucun élément probant n’a été fourni par l’avocat général pour justifier les poursuites et le maintien en détention provisoire de ce journaliste.

Officiellement, Amadou Vamoulké est poursuivi pour détournement de fonds publics, près de 6 millions d’euros, non pas à des fins personnels, mais au profit de la chaîne de télévision publique qu’il a dirigée entre 2005 et 2016. Aucun rapport d’audit et aucun témoin n’ont appuyé ces accusations depuis le début du procès dont la plupart des 14 audiences qui se sont tenues à ce jour n’ont duré qu’une poignée de minutes. Dans un communiqué publié en 2017, l’Union de la presse francophone (UPF) rappelait au contraire que de nombreuses personnalités avaient attesté de son intégrité, soulignant que le journaliste avait pu “établir sa bonne foi et la qualité de la gestion de la CRTV pendant la durée de son mandat”. Le comité international pour la réhabilitation et la libération d’Amadou Vamoulké, présidé par Alain Massé, ex-directeur général de Radio France, estime que le journaliste a été “puni pour avoir tenté de faire valoir des principes éthiques”, notamment en baissant son salaire qu’il jugeait indécent et en mettant en place des appels à candidature transparents au sein de la chaîne publique. Des mesures peu communes qui sont allées à l’encontre de pratiques et intérêts habituels. “Le gestionnaire est attaqué mais c’est le journaliste que l’on veut neutraliser”, souligne le comité.

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Les ex-collaborateurs d’Amadou Vamoulké joints par RSF, insistent sur la “liberté de ton et l’audace éditoriale” qui prévalaient sous sa direction. “Il avait commencé à faire de la CRTV un média de service public qui couvrait tous les sujets, même les plus sensibles comme la lutte contre le terrorisme dans le nord du pays”, se remémore l’un d’entre eux.

“Ce journaliste est unanimement salué par ses pairs camerounais et étrangers comme un modèle de professionnalisme et d’intégrité mais au lieu de faire partie des personnalités érigées en exemple par le Cameroun, il croupit en prison depuis plus de deux ans, dénonce Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de RSF. En l’absence de preuves et d’éléments à charge, nous comptons sur le Tribunal criminel spécial pour laver la justice camerounaise de cette tâche en abandonnant toutes les charges contre cet ex-dirigeant de la télévision publique afin qu’il puisse recouvrer la liberté. Le Cameroun ne peut plus être le seul pays de la région connu pour les placements arbitraires et à répétition de journalistes en détention”.

La détention de ce journaliste s’inscrit également en violation de la loi camerounaise portant création du Tribunal criminel spécial qui précise dans son article 10 que les magistrats ont au maximum neuf mois pour rendre leur décision. La première audience de son procès s’est tenue il y a plus de quinze mois.

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Ardent défenseur de la liberté de la presse

Amadou Vamoulké est l’une des grandes figures de la presse camerounaise. Major de la promotion de l’école supérieure de journalisme de Yaoundé fondée par Hervé Bourges, ancien président de plusieurs chaînes françaises (TF1, France Télévisions, RFI) et du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) qui a lui aussi apporté son soutien, il fut le premier président de l’Union des journalistes du Cameroun. Il milita activement pour l’ouverture du marché audiovisuel camerounais pour mettre fin au monopole d’information détenu par la chaîne publique. Il est également connu pour être un fervent défenseur de la dépénalisation des délits de presse. A l’instar de RSF, il s’était engagé pour obtenir la libération de Pius Njawé, icône de la presse indépendante camerounaise, détenu pendant 10 mois pour avoir évoqué la santé de Paul Biya dans un article de son journal. 

RSF ne cesse de demander la fin des détentions arbitraires de journalistes au Cameroun. Notre organisation avait dénoncé les 29 mois d’emprisonnement du correspondant de RFI Ahmed Abba, finalement libéré le 22 décembre 2017. Plus récemment, au début du mois, le président Paul Biya a ordonné la remise en liberté de la présentatrice d’Equinoxe TV Mimi Mefo, dont RSF avait dénoncé la veille le placement en détention provisoire et les poursuites engagées devant une juridiction militaire.

Le Cameroun occupe la 129e place du Classement mondial de la liberté de la presse 2018 établi par RSF.


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